Tria Donaldson | Service des communications du SCFP
Les Saskatchewanais subissent les effets de l’austérité depuis plus de dix ans : attaques frontales contre les services publics, pertes d’emplois et mépris des droits des travailleurs. Dans cet article, nous expliquons comment le Parti de la Saskatchewan a rendu la vie plus difficile et plus coûteuse pour les travailleurs et leurs familles.
La Saskatchewan est le berceau de la social-démocratie en Amérique du Nord. La Fédération du Commonwealth coopératif (FCC), l’ancêtre du NPD, y a vu le jour et a mis en place plusieurs innovations sociales que le mouvement syndical doit protéger aujourd’hui : l’assurance-maladie universelle, les sociétés d’État et la législation sur la santé et la sécurité au travail.
Pendant longtemps, la FCC, puis le NPD, ont dominé la politique provinciale, remportant 12 élections sur 19. Cependant, la création du Parti de la Saskatchewan (PS) et l’élection de Brad Wall en 2007 ont modifié le paysage politique de la province.
Depuis, le PS a remporté trois mandats consécutifs avec une forte majorité. Pendant cette période, de nombreux gains réalisés sous les néo-démocrates ont été éliminés.
Pour commencer, le PS a diminué les impôts de ses alliés du secteur privé et augmenté ceux des travailleurs. Il a haussé la taxe de vente provinciale sur les vêtements pour enfants, les primes d’assurance et les repas au restaurant. Ces modifications à une taxe déjà régressive ont particulièrement touché les femmes et les familles à faible revenu.
Le PS a également poursuivi un programme agressif de privatisation : sous-traitance des services de buanderie des hôpitaux, multiplication des projets en PPP et vente d’actifs gouvernementaux. De plus, il a autorisé l’imposition de frais aux patients par les cliniques privées d’imagerie médicale et de tomodensitométrie, et ce, en violation du principe d’universalité enchâssé dans la Loi canadienne sur la santé. En 2017, le gouvernement a démantelé unilatéralement la Saskatchewan Transportation Company, la société de transport qui desservait les régions rurales. Cette mesure a isolé davantage des personnes âgées et forcé les personnes à faible revenu à faire du pouce ou à payer de grosses sommes pour se déplacer, en plus d’entraîner la perte de 250 emplois bien rémunérés.
Finalement, des compressions dévastatrices dans les services publics comme la santé, l’éducation et les services sociaux, ont été annoncées dans le budget provincial 2017-2018. Les budgets des établissements d’enseignement postsecondaire ont été réduits de plus de cinq pour cent, entraînant une hausse importante des frais de scolarité. Plus de 50 millions de dollars ont été retranchés en éducation primaire et secondaire, obligeant les divisions scolaires à mettre à pied du personnel de soutien, à réduire les horaires de travail et à accroître la taille des classes. Le gouvernement a cessé d’assurer d’importants services de santé, notamment les prothèses auditives, les services de podologie, les soins pastoraux, les orthèses, le matériel pour l’apnée du sommeil, le mentorat des parents et les cliniques de vaccination ambulantes. Il a augmenté les frais des soins de longue durée, tout en fermant près de 200 lits en établissement public. Enfin, il a réduit le financement des municipalités, ce qui a entraîné des hausses de taxes, des réductions de services et l’imposition de nouveaux frais d’utilisation.
La majorité des membres du SCFP, ainsi que tous les travailleurs appartenant aux grandes sections locales du secteur public de la province, sont présentement en négociation. Les pourparlers sont longs et difficiles. Plusieurs grandes sections locales du SCFP font même face à des demandes de concessions.
Malgré ce sombre bilan, le PS demeure très populaire auprès de l’électorat. De récents sondages classent Scott Moe au deuxième rang des premiers ministres les plus populaires au pays.
À l’approche des élections provinciales de 2020, les membres du SCFP ont donc de nombreux défis à relever.
Nos membres ne baissent pas les bras
Le SCFP se bat pour empêcher de nouvelles compressions dans les services publics. Notre syndicat conscientise les gens et alimente la résistance. Et ça marche ! Nous avons demandé à deux membres du SCFP de nous faire part de leçons apprises durant les dix ans au pouvoir du Parti de la Saskatchewan.
Scott Barrett est président de la section locale 8443 du SCFP qui représente le personnel de soutien de la division des écoles publiques de Saskatoon. |
Stacey Landin est présidente de la section locale 9 du SCFP qui représente les travailleurs municipaux de la ville de Moose Jaw et des zones rurales environnantes. |
La Réplique : Après dix ans de gouvernement du PS, quel est, selon vous, le plus gros défi que doit relever le mouvement syndical ?
Scott Barrett : C’est l’austérité budgétaire. À mon avis, le principal défi a été l’attaque contre la classe ouvrière et la philosophie consistant à donner de l’argent aux entreprises au détriment des services publics.
Stacey Landin : Dès le début, le PS a affirmé qu’il avait un mandat pour s’attaquer aux syndicats. Le premier ministre de l’époque a déclaré publiquement qu’il était en guerre avec la classe ouvrière. Ce gouvernement de droite a adopté de nombreux changements désastreux pour les travailleurs, tout en simplifiant la vie du patronat.
La Réplique : Qu’est-ce qui vous permet de garder espoir ?
Scott : Quand je vais dans nos écoles pour parler aux gens, j’ai bon espoir. Aujourd’hui, ils réalisent qu’on leur a menti. Les gens commencent à en avoir assez et ils sont prêts à agir. Ils attendent que leur syndicat les interpelle, qu’il lance un appel à l’action. Les compressions budgétaires en éducation et en santé ont un impact concret sur les familles, mais les gens ont mis du temps à le comprendre. Il faut beaucoup de travail pour leur faire réaliser les mensonges du gouvernement.
Stacey : C’est le militantisme qui me fait garder espoir. Il se manifeste parfois dans des endroits inattendus. Le fait que les gens soient prêts à tenir tête aux employeurs, aux gouvernements et aux idées de droite m’encourage à continuer. Lorsque des milliers de Saskatchewanais arrivent à faire reculer le gouvernement sur les compressions annoncées dans les bibliothèques en assiégeant des bureaux de circonscription, il y a de quoi rester optimiste !
Ces entretiens ont été édités et condensés.