La hausse des prix des médicaments d’ordonnance exerce une pression sur le budget des familles, les assurances collectives au travail et les régimes publics d’assurance médicaments. Heureusement, il existe une solution publique : un régime universel d’assurance médicaments.

La plupart des Canadiens bénéficient d’une assurance pour les médicaments, que ce soit une assurance au travail ou un régime gouvernemental, mais la couverture varie considérablement. Pire, certains Canadiens ne bénéficient d’aucune protection.

Même avec une certaine couverture, les coûts assumés par les individus font en sorte qu’un membre d’une famille canadienne sur quatre n’a pas les moyens de s’acheter les médicaments qui lui sont prescrits. En moyenne, une famille canadienne dépense 450 dollars par année en médicaments d’ordonnance et 550 dollars en primes d’assurance maladie privée, soit plus de 1000 dollars au total. Les primes des régimes privés ont augmenté rapidement au cours des dernières années, en grande partie à cause de l’escalade des prix des médicaments. Par conséquent, ces primes accaparent une part croissante du salaire net des travailleurs.

Le système canadien où cohabitent des régimes d’assurance publics et privés est inefficace, coûteux et injuste. Les travailleurs à faible revenu sont beaucoup moins nombreux à avoir une assurance maladie au travail et, s’ils en ont une, ils sont moins bien assurés que les travailleurs à revenu élevé. Du coup, ils puisent davantage dans leurs poches pour leurs médicaments et ce montant représente une part beaucoup plus importante de leur revenu. Les membres de ces familles sont beaucoup plus susceptibles de se priver des médicaments dont ils ont besoin, ce qui cause d’autres maladies et exerce une pression supplémentaire sur notre système de santé. On estime qu’on pourrait éviter une hospitalisation sur six et des centaines de décès prématurés avec des médicaments d’ordonnance abordables.

Le Canada est le seul pays développé au monde dont l’assurance maladie universelle ne couvre pas les médicaments d’ordonnance. Le Canada se classe deuxième au monde pour le coût des médicaments le plus élevé par personne (derrière les États-Unis). Il affiche aussi l’un des taux les plus élevés de personnes incapables de se payer les médicaments qu’on leur prescrit.

Le gouvernement fédéral peut offrir à la population un accès universel aux médicaments d’ordonnance nécessaires et économiser cinq milliards de dollars ou plus chaque année. Il suffit d’instaurer un régime public d’assurance médicaments. C’est une solution que proposent depuis longtemps le SCFP, d’autres syndicats, de nombreux experts et le Nouveau Parti démocratique fédéral.

L’assurance médicaments permettrait aux familles et aux employeurs de faire d’importantes économies. Les familles dépensent environ cinq milliards de dollars en médicaments d’ordonnance chaque année. Les régimes privés d’assurances collectives en dépensent 11 milliards, la moitié de cette somme provenant des primes d’assurance payées par les travailleurs. On estime qu’un régime public national réduirait ces coûts pour les familles et les employeurs de plus de 10 milliards de dollars chaque année. Les employeurs pourraient réinvestir cet argent dans les salaires et les avantages sociaux.

Les gouvernements fédéral et provinciaux devront trouver cinq à sept milliards de dollars par année pour financer ce régime. Ces fonds pourraient provenir de l’impôt des particuliers, de l’impôt des entreprises ou d’une modeste taxe sur la masse salariale. Ces faibles hausses seraient compensées par une diminution du coût des médicaments pour les employeurs et les travailleurs, particulièrement les travailleurs à faible revenu, en plus d’offrir une bien meilleure couverture.

L’assurance médicaments universelle offre plusieurs avantages, dont d’importantes économies sur les coûts administratifs, la réduction du coût des médicaments en raison de l’achat groupé et des économies d’échelle générées et un recours accru aux médicaments génériques. Ces économies compenseront les coûts d’une couverture élargie.

Cependant, pour réaliser ces économies, le nouveau régime doit être universel, national et administré par le gouvernement fédéral avec l’aide des provinces. On ne peut pas se contenter d’un régime qui comblerait seulement les lacunes du système privé actuel.

Les pays qui ont un régime universel obtiennent de bien meilleurs prix des compagnies pharmaceutiques. Le Canada a besoin d’une liste nationale détaillée des médicaments d’ordonnance assurés et d’un organisme central qui aura un plus grand pouvoir de négociation face aux fabricants. La Suède a réduit ses coûts encore plus en créant une entreprise de fabrication de médicaments génériques détenue par l’État. Cette société développe des traitements abordables pour les maladies rares jugées non rentables par les fabricants privés.

Dans leur budget de 2018, les libéraux fédéraux ont annoncé la création d’un conseil consultatif chargé de mettre en œuvre le régime pancanadien d’assurance médicaments. Il est présidé par Eric Hoskins, un médecin, un ancien ministre ontarien de la Santé et un défenseur de l’assurance médicaments. On craint toutefois que les libéraux plient sous les pressions des assureurs privés et des compagnies pharmaceutiques, et qu’ils adoptent un système hétéroclite plus coûteux et moins généreux qu’un régime public et universel.  

Le régime d’assurance médicaments public est un élément crucial qui permettra d’améliorer l’offre de soins de santé publics et de renforcer notre régime d’assurance maladie. Rappelons qu’il y a plus de 50 ans, la Commission royale d’enquête sur les services de santé recommandait au Canada de mettre en place un régime universel d’assurance médicaments après l’établissement de son régime d’assurance maladie. Cinquante ans, c’est une trop longue attente. Il est temps de remplacer notre système coûteux et injuste par un régime public et universel d’assurance médicaments. Pour plus de renseignements, consultez le scfp.ca/soins-de-sante/solutions-publiques