Les travailleurs migrants

Le Fonds pour la justice mondiale du SCFP soutient le projet de justice pour les migrants de KAIROS, un mouvement œcuménique pour la justice écologique et les droits de la personne. Ce projet vise à rapprocher les travailleurs migrants, les syndicats, les groupes communautaires, les églises et les organismes offrant les services. Par le dialogue et l’action, le projet cherche à renforcer les droits des travailleurs migrants, à accroître leur capacité d’action et à réduire la pauvreté et l’exploitation au travail. Pour Kairos, les Canadiens et les travailleurs migrants doivent bénéficier du même traitement en matière de justice et d’égalité.

Comme la politique d’immigration du Canada évolue rapidement, le projet permet aux travailleurs migrants de tisser des liens de secours mutuel et de solidarité. Au cours de la dernière année, plusieurs ateliers ont été organisés à travers le pays pour évaluer les besoins des migrants en matière de justice et pour mieux les outiller à y faire face. Des Autochtones, des membres des diasporas, des migrants et des militants ont participé à ces ateliers.

Comme bien d’autres nouveaux arrivants au Canada, les travailleurs migrants manquent souvent d’information, sans parler de l’obstacle linguistique, de l’exploitation et des cas de maltraitance et de violence fondée sur le sexe. Les migrants occupant des emplois peu spécialisés sont particulièrement vulnérables en raison de leur statut temporaire, de leur dépendance à un seul employeur imposée par leur permis de travail, du non-respect des contrats et des règles imparfaites du programme de travailleurs étrangers temporaires (PTET).

Les récentes transformations apportées au PTET confirment que le Canada s’éloigne du modèle d’immigration fondé sur l’accès à la résidence permanente pour favoriser un modèle où on accorde uniquement un statut temporaire aux travailleurs migrants.

En vertu du programme actuel, le travailleur est séparé de sa famille pendant de longues périodes, ce qui va à l’encontre des valeurs canadiennes qui mettent l’accent sur la famille et sa réunification. De plus, le statut temporaire des travailleurs favorise la maltraitance et l’exploitation à leur endroit. Malheureusement, cette situation est bien documentée. Il est donc urgent de revoir le PTET pour que les droits des travailleurs migrants soient respectés et leur bien-être assuré.

Au Canada, la santé des travailleurs étrangers temporaires est vitale. Ils contribuent à la croissance et au développement de la société. Nous avons donc besoin de politiques qui protègent mieux ces travailleurs et leurs droits, afin d’éviter qu’ils soient maltraités et qu’ils puissent vivre une vie normale. Le projet de justice pour les migrants de KAIROS permettra de constituer un réseau qui aidera les travailleurs migrants à atteindre ces buts.

HAÏTI

Les conditions de vie sont extrêmement difficiles pour la plupart des Haïtiens. La syndicalisation des travailleurs est également compliquée par de nombreux obstacles. Les travailleurs et les syndicats sont notamment aux prises avec des décisions politiques et économiques inspirées par les gouvernements étrangers, le secteur privé et les ONG internationales qui font la promotion de la privatisation des services publics, du libre marché et de la déréglementation.

En juillet 2017, des représentants du SCFP ont participé à une délégation syndicale qui s’est rendue à Haïti à l’invitation de la Confédération des travailleurs et travailleuses des secteurs public et privé (CTSP). Les membres de la délégation ont rencontré des travailleurs des secteurs de l’énergie, de la santé et de l’éducation qui ont fait état des pertes d’emplois massives, de la privatisation en cours et du sous-financement des services publics. La répression et le harcèlement antisyndical ne font rien pour améliorer la situation. Plusieurs syndicalistes subissent du harcèlement de la part de milices privées soupçonnées d’être à la solde des employeurs.

Malgré tout, le mouvement syndical connaît un renouveau. Les nouveaux efforts de syndicalisation commencent à attirer l’attention du gouvernement et des employeurs du pays. Les dirigeants syndicaux du secteur du textile réclament une hausse du salaire minimum, en plus d’une aide alimentaire, d’améliorations aux transports en commun et de la construction de logements sociaux. Ces appels ont des échos à l’étranger, ce qui met de la pression sur les propriétaires et les employeurs.

La CTSP défend notamment la cause des travailleurs domestiques. Elle les aide à faire face aux difficultés qu’ils rencontrent au travail, dans le syndicat et dans la société.

La dernière visite de représentants du SCFP national auprès de la CTSP remontait à 2011. L’initiative menée par l’Internationale des services publics (ISP) avec l’appui du SCFP et de l’AFPC visait à soutenir la reconstruction des bureaux de la CTSP détruits par le terrible séisme de 2010. Cette nouvelle visite à Haïti a permis de constater que le nouveau bureau du CTSP est grouillant d’activités, en plus de servir de point de rencontre pour les travailleurs de Port-au-Prince et d’ailleurs au pays.

COLOMBIE

À l’automne 2016, des accords de paix ont été conclus en Colombie, mais le calme n’est pas revenu pour autant.

En effet, des forces paramilitaires associées aux grands propriétaires terriens et aux intérêts économiques privés poursuivent leurs activités. Depuis ces accords, plus de 125 assassinats de militants sociaux ont été attribués aux paramilitaires. Cette situation qui perdure malgré le désarmement des Forces armées révolutionnaires de Colombie, un mouvement national de libération, empêche l’établissement d’une véritable paix qui permettrait de s’attaquer aux causes socioéconomiques du conflit armé.

Pour contribuer à l’atteinte de la paix tant espérée, le SCFP et les autres syndicats canadiens participant à l’initiative Frontlines poursuivent leur travail de solidarité auprès des travailleurs colombiens, des peuples autochtones et des communautés afro-colombiennes.

Depuis plus de quinze ans, Frontlines organise des échanges de solidarité en collaboration avec des organismes populaires colombiens. Ces échanges visent à soutenir le processus de paix et à exposer les conséquences négatives des investissements canadiens et des politiques économiques néolibérales comme l’Accord de libre-échange canado-colombien. La solidarité entre les travailleurs du secteur public du Canada et de la Colombie contribue aussi à notre combat commun contre la privatisation des services publics et contre l’expulsion des communautés autochtones de leurs terres ancestrales.

En février 2018, Frontlines a envoyé une délégation syndicale canadienne en Colombie. Elle était composée de représentants du SCFP, du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP), de l’Alliance de la fonction publique du Canada et du Congrès du travail du Canada (CTC). Les membres de la délégation se sont fait dire que les accords d’extraction de ressources et d’approvisionnement militaire avec le Canada menacent le gagne-pain des agriculteurs, des Autochtones et des Afro-Colombiens.

À Buenaventura, les délégués ont rencontré les dirigeants du comité qui a organisé la grève qui a paralysé le plus grand port du pays pendant 22 jours pour réclamer des services publics de base. Plusieurs d’entre eux ont souligné que la situation n’avait pas pour cause le conflit armé, mais bien le modèle injuste de développement économique en place. Les communautés refusent qu’on les déplace pour faire place aux multinationales qui s’installent sur leurs terres ou qui exigent qu’on agrandisse les ports et qu’on prolonge les autoroutes pour faciliter le transport de leurs marchandises.

Les membres de la délégation ont maintenant une meilleure compréhension de la privatisation à tout crin, de l’accaparement massif des terres et de la dislocation des populations rurales en cours en Colombie. Même chose pour les méthodes utilisées pour traduire en justice ou réduire au silence les opposants et les syndicats. Le SCFP et ses partenaires syndicaux canadiens vont continuer d’attirer l’attention sur la situation en Colombie. Les Colombiens ont besoin, plus que jamais, de notre soutien et de notre solidarité.

IRAN

Au cours des 10 dernières années, les membres du Syndicat des travailleurs de la compagnie d’autobus du Grand-Téhéran ont surmonté de nombreux obstacles et vécu l’intimidation, la persécution et l’incarcération en raison de leur militantisme syndical. Malgré les attaques du gouvernement et de lourdes peines d’emprisonnement, le syndicat continue de protéger les droits et les intérêts des employés de la société Vahed.

En mars 2018, Reza Shahabi, un membre du conseil du syndicat, a quitté la prison où il était détenu depuis juin 2010 pour activités syndicales. Dans les mois précédant sa libération, les membres du syndicat ont participé à trois grandes manifestations en compagnie d’enseignants, d’étudiants, de femmes et d’autres travailleurs.

Le syndicat lutte contre la privatisation de la société Vahed, les modifications anti-ouvrières aux lois du travail et le report de la construction de logements pour les employés de Vahed. Il a organisé une série d’actions contre les compressions et le non-versement d’avantages sociaux, dont une journée d’action impliquant tous les chauffeurs d’autobus.

En Iran, les travailleurs et les pauvres doivent pouvoir compter sur la solidarité internationale. Les appuis étrangers renforceront les mouvements ouvriers et de justice sociale iraniens et aideront à combattre l’ingérence des États-Unis et de ses alliés.

PHILIPPINES

Depuis l’élection de Rodrigo Duterte au poste de président des Philippines en 2016, l’Alliance of Concerned Teachers (ACT) réclame de profondes réformes dans le secteur scolaire et dans la société philippine en général.

L’ACT était d’abord favorable au président Duterte qui s’était prononcé contre l’embauche de contractuels. Il avait aussi promis de doubler le salaire de base des enseignants des écoles publiques, ainsi qu’une réforme agraire et l’industrialisation des campagnes, tous des dossiers chers à l’ACT.

Après les élections, Rodrigo Duterte a toutefois renié ses promesses. L’ACT a donc organisé des campagnes pour défendre les intérêts des élèves, des enseignants, du personnel non enseignant et du public. L’Alliance continue de s’opposer aux postes contractuels et à la privatisation de l’éducation, tout en réclamant des salaires justes et suffisants.

L’ACT soutient également la campagne de solidarité du réseau Save Our Schools auprès des communautés autochtones lumad de Mindanao. Elle a mobilisé ses réseaux pour favoriser les efforts visant à stopper la militarisation des écoles et des communautés lumad.

Avec sa campagne, L’ACT pour la paix, l’Alliance exhorte le gouvernement philippin et le Front national démocratique des Philippines à reprendre les pourparlers de paix. Ceux-ci sont au point mort depuis que le président Duterte y a mis fin unilatéralement en novembre 2017.

Depuis, les violations des droits de la personne ont augmenté. Roberto Duterte a aussi publié sa soi-disant « liste de terroristes » au début de 2018. Les noms de plusieurs défenseurs des droits de la personne, dont la coordonnatrice régionale de l’ACT, Jeanette Ribaya-Cawiding, y figurent. Le gouvernement compte vraisemblablement utiliser cette liste pour s’en prendre aux dissidents politiques et aux opposants aux politiques gouvernementales.

HONDURAS

Les récentes élections au Honduras ont poussé des milliers de gens, dont des membres du Collectif des femmes du Honduras (CODEMUH), un organisme partenaire du SCFP, à descendre dans la rue en guise de protestation. La population réclame la démission immédiate du président Juan Orlando Hernández, car le candidat de l’opposition, Salvador Nasralla, est sorti vainqueur des élections. L’Organisation des États américains (OÉA) a conclu qu’il y a eu fraude et elle réclame de nouvelles élections.

Malgré la fraude électorale, la volonté du peuple et les violences perpétrées par le gouvernement, le Canada a reconnu la légitimité du gouvernement Hernández. Le 22 janvier, 85 universitaires canadiens ont signé une lettre envoyée au gouvernement Trudeau où on pouvait lire que « le Canada ne doit pas légitimer la réélection frauduleuse et répressive de Juan Orlando Hernández en assistant à son investiture. De plus, le Canada devrait cesser toute forme d’assistance à ce régime discrédité. »

Le Canada et ses entreprises profitent des politiques de ce gouvernement antidémocratique de droite, notamment du renforcement des droits des investisseurs privés dans le secteur des mines, du vêtement, de l’hydroélectricité et du tourisme.

Le CODEMUH affirme que les conditions n’ont jamais été aussi mauvaises au Honduras et qu’il est lui-même menacé. Néanmoins, il poursuit ses efforts de syndicalisation et d’organisation populaire.