Le 18 avril, l’autorité sanitaire de la Saskatchewan (SHA) a annoncé un examen des services de sécurité à l’échelle de la province, qui a été confié à un consultant externe, Tony Weeks. En annonçant l’examen, Andrew Will, vice-président de l’autorité sanitaire de la Saskatchewan, a déclaré aux médias : « Nous constatons qu’il y a certainement plus d’événements où la sécurité du personnel et des patients est menacée ». 

« En Saskatchewan, il y a des milliers de travailleurs de première ligne en santé qui peuvent confirmer que les incidents de violence sont à la hausse dans les établissements », a souligné Tom Graham, président du SCFP-Saskatchewan.

Les statistiques le confirment. En août 2017, l’ancienne région sanitaire de Regina Qu’Appelle a affirmé qu’en 2015-2016, il y a eu 254 actes de violence de plus qu’en 2016-2017.

Les menaces de mort sont devenues courantes et sont adressées non seulement au personnel de sécurité, mais aussi aux infirmières, aux préposé(e)s aux soins, et à d’autres travailleurs de la santé. « Aucune personne ne devrait avoir à subir des menaces de mort parce qu’elle travaille dans le domaine de la santé », a ajouté Tom Graham.

« Tout le monde peut convenir avec Andrew Will, vice-président de l’autorité sanitaire de la Saskatchewan, que la violence dans les établissements de santé est un grave problème. Cependant, les préoccupations en matière de sécurité dans certains établissements de santé ont été minimisées par les dirigeants au cours des dernières années. Allez savoir pourquoi cet examen a lieu seulement maintenant, dans le cadre d’un processus de restructuration provenant du haut, qui est justifié par des économies plutôt que par la santé publique? », a demandé Tom Graham.

Dans certains établissements et services, on déconseille aux travailleurs de la santé de remplir des rapports d’incident en milieu de travail. Ceux qui remplissent des rapports disent qu’il y a peu ou pas de suivi, et que rien ne change. Certains se sentent même visés par la direction parce qu’ils ont soulevé des préoccupations en matière de sécurité.

Ces dernières années, les travailleurs de première ligne font face à des obstacles lorsqu’ils tentent d’améliorer la santé et la sécurité. Certains se sont fait dire qu’il n’y a pas d’argent pour former le personnel ou pour réparer le matériel.

« Nous connaissons des cas où des demandes d’évaluation des risques des patients violents dans les soins de longue durée ont été refusées aux représentant en santé- sécurité », a souligné Tom Graham. « Entre-temps, nous constatons une réduction du personnel de sécurité dans certains établissements. »

Ce sont les principaux facteurs contribuant aux préoccupations en matière de sécurité dans les établissements de santé. Si les administrateurs avaient écouté les préoccupations des employés de première ligne, et éliminé les problèmes connus plutôt que de les minimiser constamment, il ne serait pas nécessaire d’embaucher un consultant externe pour cet examen.

« Ils ont embauché un consultant de l’Ontario nommé Tony Weeks pour mener l’examen », a ajouté M. Graham. M. Weeks a une histoire intéressante. Il a été transféré en Alberta pour centraliser les services de sécurité en 2010. Par la suite, 120 postes ont été éliminés, et les services de sécurité ont été partiellement confiés en sous-traitance à Paladin Security, une entreprise de sécurité de la Colombie-Britannique.

La restructuration est entrée en vigueur en avril, et en juin 2010, la United Nurses of Alberta a soulevé de sérieuses préoccupations de sécurité, en raison de la réduction du personnel de sécurité et de la sous-traitance des services à une entreprise privée à but lucratif.

Entre-temps, le Syndicat de la fonction publique de l’Alberta (Alberta Union of Public Employees) a présenté à la Commission des relations du travail une demande d’étendre les droits de la convention collective aux employés contractuels, qui faisaient 10 $ de moins l’heure et qui n’avaient pas d’avantages sociaux ni de protections en milieu de travail.

En 2013, M. Weeks a été nommé PDG de l’Hôpital général de Brockville, en Ontario. Son mandat à titre de PDG a pris fin brusquement en juillet 2016, à la suite de « relations tendues entre le personnel et la direction ». L’administration de l’hôpital a refusé de dire si son départ était un congédiement. M. Weeks a néanmoins obtenu un salaire de plus de 100 000 $ en 2017, ayant gagné 180 079 $ pour son rôle en tant que PDG de l’hôpital, même s’il n’a pas travaillé pour l’hôpital en 2017.

Les infirmières de l’hôpital se sont réjouies de son départ. La présidente de l’Association des infirmières et infirmiers de l’Ontario, Linda Haslam-Stroud, a qualifié le mandat de M. Weeks de « plusieurs années de misère » et a déclaré aux médias : « Nous ne croyons pas que les décisions prises au cours des deux dernières années étaient dans l’intérêt des patients ».  

« Il y a peu de preuves que l’amélioration de la santé et de la sécurité dans les établissements de santé était l’objectif de cet examen de sécurité », a dit Tom Graham. « Tout au long de la restructuration en cours dans le domaine de la santé, les employés de première ligne ont toujours été les derniers à être informés et les moins entendus par ce gouvernement. »

« L’élimination de postes de gardiens de sécurité, le manque de formation et de matériel, l’intimidation des employés de première ligne, le système de déclaration d’incidents médiocre, et la privatisation et la sous-traitance à faible salaire à des entreprises comme Paladin n’amélioreront pas la santé ni la sécurité dans nos établissements. Nous devons aussi nous exprimer clairement à ce sujet », a dit Graham.