Monique Ménard-Kilrane | Solidarité internationale

Partout dans le monde, travailleurs et membres de communautés s’organisent pour protéger les services et les ressources en eau, notamment au Cameroun, où, après 10 années de privatisation, on a rapatrié les services d’eau dans le secteur public.  

Le gouvernement du Cameroun a mis fin à la privatisation en 2018, alors que la Banque mondiale et d’autres acteurs internationaux exerçaient de fortes pressions en faveur d’un nouveau partenariat public-privé (PPP) pour la distribution de l’eau potable.  

Le Syndicat national autonome des travailleurs de l’énergie, de l’eau et des mines du Cameroun (SYNATEEC) et l’International des services publics (ISP) mènent actuellement une campagne nationale pour garder les services d’eau dans le secteur public. Ils ont bâti des alliances avec d’autres syndicats et des groupes communautaires par l’intermédiaire du réseau Eau Publique Cameroun.  

La coordonnatrice de l’ISP pour l’Afrique francophone, Fatou Diouf, explique l’objectif de la campagne : « C’est faire en sorte que tous les Camerounais aient accès à l’eau, en tant que droit universel, en quantité et en qualité. Et pour arriver à ça, la meilleure option est que l’entreprise qui gère l’eau soit publique. Parce que l’État se soucie de l’accès à l’eau et de la qualité de l’eau. À l’inverse, l’entreprise qui vient s’implanter au Cameroun est là pour faire un profit, et ce profit sera fait sur le dos des Camerounais ». 

Par le passé, les Camerounais ont subi les répercussions de la privatisation, dont une eau de mauvaise qualité qui a entraîné des maladies, et l’élimination des fontaines d’eau gratuite dans les quartiers à faible revenu. Les femmes et les enfants devaient aller chercher de l’eau tous les jours au lieu de travailler ou d’aller à l’école.  

Les membres du réseau ont utilisé des moyens créatifs pour mobiliser le public et veiller à ce que leur message soit compris clairement par tous. Le SYNATEEC et ses alliés ont misé sur la collaboration des églises, des chefs traditionnels et des associations municipales pour diffuser leur message. 

Le réseau a également organisé un concours en ligne pour les étudiants, les invitant à publier des discours sur les bienfaits de l’eau publique. Selon Fatou Diouf, cette tactique a permis d’élargir la portée de la campagne. Le président du Syndicat des travailleurs de l’eau, le chef Ewoukem, a aussi attiré l’attention des médias en interpellant les journalistes à titre de travailleurs, par l’intermédiaire de leurs syndicats, pour s’assurer qu’ils soient bien informés sur ces enjeux. 

Le réseau Eau Publique Cameroun prévoit accroître ses efforts, tout en continuant à travailler en étroite collaboration avec les membres de la communauté, pour empêcher tout projet de privatisation de l’eau. 

Le SCFP travaille avec l’ISP pour soutenir cette campagne et renforcer les liens avec les membres de SYNATEEC. Pour en savoir plus les projets de solidarité internationale du SCFP, visitez le site scfp.ca/solidarite-internationale