Un budget tient à des choix politiques. Rien ne le prouve mieux que la comparaison entre les budgets de l’Alberta et de la Saskatchewan.

Le budget albertain investit dans l’infrastructure et les services publics. Celui de la Saskatchewan opte pour des coupures et des hausses d’impôt pour tout le monde - sauf les entreprises.

La dépendance de l’Alberta aux redevances pétrolières et gazières a fait vivre à l’État des périodes de prospérité et de débâcle au cours des ans. Quand le prix du pétrole et du gaz était élevé, la province encaissait d’énormes surplus ; dès qu’il baissait, bonjour les déficits. Pendant leurs 44 ans de règne, les conservateurs albertains ont coupé dans les services publics et augmenté les taxes et les impôts en réaction à la faiblesse des prix. Le gouvernement de Ralph Klein a réduit les salaires du secteur public de cinq pour cent, licencié du personnel et
privatisé, en plus de couper dans la santé et l’éducation. Il a même fait démolir l’hôpital général de Calgary. Les primes d’assurance-maladie ont explosé, les taxes sur l’alcool ont grimpé et les Albertains ont eu droit à toutes sortes de nouveaux frais d’utilisation.

Après l’effondrement du prix du pétrole en 2015, les conservateurs de tout acabit se sont mis, à nouveau, à réclamer une réduction des salaires et des dépenses dans le secteur public, ainsi que l’abandon de programmes dont la population a besoin.

Pourtant, dans ses trois budgets à ce jour, le NPD albertain a adopté l’approche inverse, maintenant les dépenses de l’État et protégeant les travailleurs du secteur public. Le NPD a augmenté le financement à l’infrastructure pour bâtir entre autres des écoles, des hôpitaux et des routes. Selon la première ministre Rachel Notley, la province a un sérieux rattrapage à faire en raison de la réduction des dépenses au cours de la dernière décennie de croissance démographique effrénée.

Le NPD croit que la voie prônée par les partis d’opposition (le Wildrose et les Conservateurs) mettrait des milliers d’Albertains au chômage, qu’elle allongerait les listes d’attente à l’hôpital, qu’elle surpeuplerait les écoles et qu’elle nuirait aux citoyens les plus vulnérables.

Le budget 2017 de la Saskatchewan renforce la thèse de Rachel Notley.

Le premier ministre Brad Wall a fait le contraire de l’Alberta en optant pour un budget très austère qui coupe partout : hausse de la taxe de vente de cinq à six pour cent, qui s’applique maintenant aussi à la nourriture et aux vêtements pour enfants ; réduction des subventions municipales ; et abandon d’un service d’autobus rural qui existait depuis des décennies. On a diminué les enveloppes de l’éducation et de la santé, ce qui allonge les listes d’attente dans des hôpitaux toujours plus surchargés. Les frais des soins de longue durée ont augmenté, les agriculteurs paient leur essence plus cher et les taxes sur l’alcool ont augmenté.

« Nous maintenons le cap, a expliqué la première ministre Notley à postmedia, parce que nous croyons que, pour sortir de la récession, vaut mieux laisser de l’argent dans l’économie. Notre plan est mieux équilibré. »

Et le plan albertain fonctionne. Alors que les Saskatchewanais subissent des compressions et des hausses d’impôt, l’économie albertaine prend du mieux. L’Alberta s’attend à afficher la plus forte croissance économique au pays en 2017 et en 2018, alors que la Saskatchewan traîne de la patte. Le nombre d’emplois augmente constamment depuis six mois. Des dizaines de milliers d’emplois à temps partiel ont été transformés en bons emplois à plein temps. La Banque TD accorde le mérite de ce revirement au gouvernement Notley et à ses dépenses qui stimulent l’économie de la province.

L’Alberta et la Saskatchewan dépendent toutes deux des ressources énergétiques. Leurs gouvernements conservateurs, qui n’ont pas mis d’argent de côté en période prospère, y prônent l’austérité en période de vaches maigres.

En Alberta, on protège les services et les gens qui les fournissent. En Saskatchewan, les services publics s’effritent et leurs employés réclament du chômage.

Les budgets tiennent à des choix politiques. L’Alberta aide son économie en choisissant de soutenir les services publics et d’investir dans l’infrastructure. La Saskatchewan y va avec des compressions aux services et des hausses d’impôts pour tous, sauf les sociétés. Ils n’avaient pas besoin d’infliger tant de maux aux gens de la Saskatchewan en réduisant les services publics et en donnant aux entreprises une grande baisse des impôts – mais ils ont choisi de le faire.