En novembre 2019, une délégation du SCFP a rendu visite à notre partenaire syndical de Cuba, le SNTAP (le syndicat national des travailleurs de l’administration publique), afin de planifier les prochaines étapes dans le cadre de notre partenariat permanent et pour se renseigner sur les réalités que vivent les travailleuses et travailleurs et les syndicats, ainsi que les effets de l’aggravation de l’embargo américain.

Cette visite a marqué la fin d’un projet quinquennal financé par le SCFP-Colombie-Britannique et le Fonds pour la justice mondiale du SCFP. Ce projet a permis d’élaborer et de fournir une formation aux personnes déléguées syndicales et de mettre en œuvre et de fournir le matériel nécessaire pour mettre sur pied trois salles de classe pour la formation syndicale.

Le projet s’est déroulé avec succès et notre délégation a planifié la prochaine phase de notre collaboration. En partenariat avec le SCFP, le SNTAP prévoit maintenant des formations en santé et sécurité, en mettant l’accent sur la sensibilisation et l’importance de la sécurité et de la santé, des droits des travailleurs et d’une meilleure protection des travailleuses et travailleurs.

Un système qui accorde la priorité aux travailleurs

La délégation du SCFP a rencontré de nombreux syndiqués et des représentants syndicaux. Il y a 19 syndicats nationaux à Cuba, sous l’égide de la CTC, la Central de Trabajadores de Cuba (l’équivalent cubain du Congrès du travail du Canada). 94 % des employés sont syndiqués et les travailleurs indépendants (comme les artistes de rue et les vendeurs des marchés) sont syndiqués par l’entremise de coopératives.

Il a été intéressant de se familiariser avec la structure des syndicats de Cuba et d’apprendre, par exemple, que des représentants syndicaux participent aux réunions de la direction et ont leur mot à dire concernant l’établissement des objectifs de production et des services. Lors des assemblées mensuelles, les syndicats et les employeurs présentent un bilan aux travailleurs sur les progrès accomplis concernant les objectifs établis conjointement, en plus des réunions régulières sur les relations de travail.

Cuba a une riche histoire en matière de lutte des classes et de réformes socialistes. Ce pays est une source d’inspiration pour l’examen d’autres systèmes économiques et de la résistance des travailleurs au néolibéralisme. En plus des dirigeants du CTC et du SNTAP, la délégation a rencontré des travailleuses et travailleurs de la santé, les dirigeants du syndicat du tourisme public, les représentants syndicaux du système bancaire public cubain et les représentants syndicaux du centre de congrès public de La Havane.

Ces visites nous ont permis d’observer une société socialiste où les besoins de la population sont prioritaires et où le secteur public domine l’économie. Par exemple, le programme de subvention alimentaire de Cuba fournit à tous un panier hebdomadaire de base qui peut comprendre des œufs, du café, du sucre, de la viande et des légumes.

C’était un véritable changement de perspective de constater que les établissements comme les banques, les hôtels et les centres de congrès sont publics. Les banques publiques donnent à la population l’accès à des prêts à faibles taux d’intérêt, y compris en période de catastrophes naturelles, comme lors des tornades qui ont détruit de nombreuses maisons à La Havane, en janvier 2019.

La délégation s’est aussi renseignée sur le système de soins de santé de renommée mondiale de Cuba lors d’une rencontre avec les employés d’un établissement de santé. Le système de santé est gratuit pour tous et comprend les soins dentaires et oculaires, les traitements de physiothérapie et les médicaments. Les cliniques de santé communautaires du pays offrent des soins de santé de type holistique qui comprennent la promotion, la prévention, les soins et la réadaptation.

L’embargo punit le pays pour avoir adopté un système socialiste

L’impact dévastateur de l’embargo américain, qui s’est aggravé depuis l’arrivée au pouvoir du président américain Donald Trump, a souvent été abordé. L’embargo est appliqué depuis plus de 60 ans, à titre de sanction pour l’adoption d’un système économique non capitaliste. Les entreprises américaines qui exportent des marchandises à Cuba subissent des représailles et des sanctions. Les entreprises d’autres pays qui font affaire avec Cuba risquent l’interdiction de faire affaire avec les États-Unis. L’embargo a pour effet de rendre les marchandises importées, comme les pièces nécessaires à la réparation d’équipement, coûteuses et difficiles d’accès.

L’embargo a compliqué la collaboration du SCFP avec le SNTAP. Envoyer de l’argent n’est pas suffisant pour équiper un centre de formation, puisqu’il est difficile de trouver des ordinateurs, des écrans, des projecteurs et même du papier et des cahiers à Cuba. Le SCFP a envoyé des ordinateurs, des imprimantes, des projecteurs et du papier, ainsi que des pièces de rechange indispensables pour les véhicules du syndicat au centre de formation.

Un représentant du CTC nous a dit que les longues années d’embargo ont mené à deux vérités : La lutte n’est pas facile, mais nous pouvons surmonter ce problème.

Ce dicton s’est révélé exact tout au long de la visite de la délégation. Nous avons observé la débrouillardise et l’ingéniosité des Cubains, comme un physiothérapeute qui utilise des bouteilles d’eau vides remplies de sable comme poids pour les exercices de rééducation. Nous avons vu des calèches tirées par des chevaux remises en service et d’anciennes voitures américaines modernisées avec des moteurs de Lada ou de fabrication chinoise, plus petits et plus économes en carburant. De moins en moins de navires sont prêts à transporter du pétrole sous l’embargo des américains de Cuba et du Venezuela.

La délégation a vécu une expérience enrichissante. Cette rencontre a permis une meilleure compréhension de la réalité cubaine et le renforcement de la solidarité avec les travailleurs cubains qui éprouvent des difficultés créées par l’embargo américain. Les prochaines étapes de notre programme de solidarité entre les travailleuses et travailleurs, centré sur la formation en santé et sécurité, seront mises en œuvre à partir de 2020.

Membres de la délégation : Aman Cheema, secrétaire de la section locale 402 du SCFP et membre du comité de solidarité internationale du SCFP-C.-B.; Debra Merrier, vice-présidente de la diversité du conseil exécutif national du SCFP et vice-présidente de la diversité - travailleurs autochtones du SCFP-C.-B.; Rebecca Reynard, membre de la section locale 5430 du SCFP et membre du Comité contre le racisme et la discrimination du SCFP-Saskatchewan; Carmen Sullivan, présidente de la section locale 900 du SCFP et vice-présidente régionale intérimaire du SCFP-C.-B.; Steve Stewart, directeur général du CoDev et membre de la section locale 1004 du SCFP; Monique Ménard-Kilrane, employée du SCFP.