Monique Ménard-Kilrane | Solidarité internationale

La pandémie de COVID-19 nous montre l’importance des services publics partout dans le monde, notamment l’accès à des soins de santé publics et à un solide filet de sécurité sociale. La plupart des pays, dont le Canada, ressentent les effets de décennies de politiques qui ont affaibli ou éliminé des services publics, dont l’augmentation des inégalités.

La pandémie met également en évidence l’importance de la solidarité entre les travailleurs et les militants du monde entier. Au fil de cette crise, certains de nos partenaires et le travail qu’ils accomplissent ont été grandement affectés par les effets de la COVID-19.

Nous nous inquiétons particulièrement des effets dévastateurs de la perte de revenus dans des pays où la législation du travail est plus faible et où le filet social est limité ou inexistant. Dans la plupart des pays où le SCFP a établi des partenariats, les travailleurs ont du mal à payer la nourriture et le loyer après avoir perdu leur emploi en raison de la pandémie. Pour certains, il n’y a aucun soutien gouvernemental. Pour d’autres, il est loin d’être suffisant.

Philippines

Le gouvernement a imposé des mises en quarantaine communautaires, qui ont inclus des mesures de confinement strictes dans certaines régions avec couvre-feu et postes de contrôle militaires. Des arrestations massives pour violation du couvre-feu ont conduit de nombreuses personnes en prison, ce qui contribue au surpeuplement et facilite la contagion. La Confédération pour l’unité, la reconnaissance et l’avancement des fonctionnaires (COURAGE) et l’Alliance des enseignants préoccupés (ACT) se battent pour obtenir de l’équipement de protection approprié. Elles poursuivent leurs efforts pour protéger les droits des travailleurs et organisent des opérations de secours, malgré le harcèlement et les arrestations.

Bangladesh

La confection de vêtements est l’un des grands secteurs économiques du Bangladesh. En raison de l’annulation des commandes par les entreprises de vêtements, les propriétaires d’usines sont incapables de payer le salaire des travailleurs, même pour les heures déjà travaillées. Cela affecte des millions de travailleurs, très majoritairement des femmes. Dans la plupart des usines encore en activité, les mesures de protection contre le virus sont insuffisantes.

Israël-Palestine

De nombreux Palestiniens ont perdu leurs revenus à cause des restrictions de voyage entre la Palestine et Israël qui les ont empêchés d’aller travailler. D’autres ne peuvent pas aller travailler en raison des restrictions de déplacement entre la Palestine et Israël. Le Workers› Advice Centre, un syndicat indépendant, s’emploie à soutenir ces travailleurs et demande une indemnisation appropriée au gouvernement israélien. Le Centre pour la démocratie et les droits des travailleurs, basé en Palestine, fait de la sensibilisation afin de mieux protéger les lieux de travail. Il fournit aussi des conseils juridiques aux travailleurs et aux syndicats, ainsi que de l’aide humanitaire.

Colombie

Les menaces, les attaques et les assassinats contre les défenseurs des droits de la personne et les dirigeants des mouvements sociaux se poursuivent pendant le confinement du pays. Modifier constamment les façons de se déplacer a toujours été une mesure importante pour assurer la sécurité de ces personnes. Or, en ce moment, les groupes armés savent que les militants seront isolés chez eux, ce qui facilite leur harcèlement. Simultanément, les membres de SINTRACUAVALLE, le syndicat représentant les travailleurs du seul fournisseur public d’eau du pays, travaillent sans relâche pour fournir de l’eau pour l’assainissement et le lavage des mains.

Honduras

Le Collectif des femmes honduriennes, CODEMUH, s’organise dans le but d’obtenir une indemnisation appropriée pour les travailleuses du vêtement dans les maquilas (les ateliers textiles de misère dans les zones franches). Le collectif s’efforce également de lutter contre les récentes hausses de violence domestique causées par le strict confinement du pays. 

Nicaragua

De nombreux travailleurs des maquilas ont été licenciés sans aucune garantie de retour au travail. La plupart sont des femmes. Le Mouvement des femmes employées et chômeuses Maria-Elena-Cuadra (MEC) fournit des vivres de base à ces personnes. Il effectue des démarches pour leur permettre de recevoir une indemnité de licenciement complète et d’éventuellement retourner au travail.

Alors que certains gouvernements repensent les services publics et y réinvestissent, d’autres ont profité de la crise pour accroître la militarisation et la surveillance, empiéter sur les terres et les droits et affaiblir les mouvements sociaux. Nous sommes à un point critique où les syndicats, les défenseurs des droits de la personne et les mouvements sociaux du monde entier doivent agir de manière solidaire pour exiger que nos gouvernements s’engagent à défendre le bien collectif, l’égalité, la justice, les investissements publics et les services de qualité. C’est sur ces bases que nous pourrons affronter la crise et nous en remettre.