En 2024, la crise des soins de santé en Ontario a atteint une ampleur sans précédent : le nombre de patient(e)s parqué(e)s dans les couloirs des hôpitaux a fracassé des records, le nombre de fermetures de salles d’urgence a atteint de nouveaux sommets, la liste d’attente en soins de longue durée cumulait 48 000 noms, 250 000 personnes poireautaient sur la liste d’attente en chirurgie et 2,5 millions de personnes n’avaient pas de médecin de famille. Pourtant, dénoncent les acteurs du milieu, le gouvernement perd son temps dans une campagne électorale anticipée au lieu de s’attaquer à la crise.

Le jeudi 9 janvier, des militant(e)s communautaires d’Ottawa et des membres du personnel d’hôpitaux et d’établissements de soins de longue durée ont bravé le froid glacial devant l’édifice où se tenaient les consultations sur le budget provincial afin d’exiger un financement adéquat des soins de santé. Autrement, préviennent-ils, 2025 pourrait être la pire année jamais enregistrée. Il faut dire que les propres projections du gouvernement font état d’une pénurie imminente de personnel dans le secteur de la santé, de l’ordre de 70 000 préposé(e)s aux services de soutien à la personne, infirmières et infirmiers d’ici 2027.

Selon Natalie Mehra, directrice générale de la Coalition ontarienne de la santé, les soins de santé de l’Ontario sont les moins financés de tout le Canada, les dépenses publiques en santé par personne y étant inférieures de 821 $ à la moyenne des autres provinces, ce qui équivaut à un manque à gagner de 12,3 milliards de dollars pour l’ensemble de la population ontarienne.

« Si le gouvernement Ford finançait les soins publics ne serait-ce qu’à hauteur de la moyenne canadienne, nous accomplirions des progrès considérables pour atténuer la crise, soutient Mme Mehra. Ce gouvernement a fait des choix politiques sans jamais consulter le public et ce sont ces choix qui ont conduit les services de santé publics et à but non lucratif à la crise. Au lieu de stabiliser et de revitaliser le secteur hospitalier et les services de soins publics, il injecte en une seule année plus d’un milliard de dollars en fonds publics pour privatiser les services de santé. »

Pour sa part, Michael Hurley, président du Conseil des syndicats d’hôpitaux de l’Ontario du SCFP (CSHO-SCFP) craint que les déficits financiers n’amènent plusieurs hôpitaux à procéder à des compressions, leurs coûts opérationnels dépassant le financement public reçu. Dans l’ensemble, les hôpitaux sont confrontés à un déficit de deux milliards de dollars pour l’exercice en cours.

« À l’heure même où les fermetures de salles d’urgence se multiplient, où la médecine de couloir bat des records et où un quart de million de personnes languissent en attendant de se faire opérer, les conservateurs laissent les hôpitaux aux prises avec des déficits de financement tout en finançant généreusement les cliniques privées et les agences de soins infirmiers », affirme-t-il.

Dans une province où les dépenses hospitalières par personne sont les plus faibles du Canada, où les effectifs hospitaliers sont les plus bas au pays et où le nombre de lits d’hôpitaux dotés en personnel par personne est le plus faible, de nouvelles compressions auraient des effets dévastateurs, selon M. Hurley.

La grande assemblée organisée à Ottawa par la Coalition de la santé et ses partenaires sera suivie d’autres manifestations lors des audiences sur le budget provincial prévues à Peterborough, Hamilton et Toronto.