En juin, les ministres fédéral et provinciaux des Finances ont conclu une entente historique sur la bonification du Régime de pensions du Canada (RPC). Il s’agit d’une excellente nouvelle qu’on attendait depuis très longtemps. En effet, les régimes de retraite se faisant attaquer de toutes parts et l’épargne privée ne donnant pas les résultats escomptés, bien des gens se retrouvent en mauvaise posture financière au moment de la retraite. La bonification du RPC va améliorer leur sort.

Il a fallu travailler fort pour bonifier le RPC. Au chapitre des prestations, la structure de base du régime n’avait pas changé depuis la création du RPC il y a 50 ans. En fait, il est plus facile d’amender la constitution canadienne que de modifier la loi sur le RPC. Or, grâce à sa persévérance, le mouvement syndical a remporté une victoire qui bénéficiera à l’ensemble des travailleurs canadiens. Souvenez-vous-en la prochaine fois qu’un groupe de droite cherchera à diviser les travailleurs en s’attaquant à la générosité des régimes de retraite des syndiqués.

Si l’entente ne répond pas à toutes nos revendications, elle représente un grand pas en avant. Tous les travailleurs auront droit à des prestations plus élevées qui seront financées par une hausse légère des cotisations de l’employeur et de l’employé.

Le RPC actuel a pour but de remplacer 25 pour cent du salaire du travailleur jusqu’à un certain maximum (actuellement le plafond est fixé à 54 900 dollars par année). L’entente bonifie le RPC de deux manières. Premièrement, le taux de remplacement passera de 25 à 33 pour cent. Deuxièmement, on rehaussera le plafond d’environ 14 pour cent. Autrement dit, le RPC couvrira une plus grande part de vos revenus.

À compter de 2019, les cotisations augmenteront graduellement pendant sept ans. La hausse totale est évaluée à un pour cent de la rémunération jusqu’au plafond actuel, puis à quatre pour cent pour les revenus compris entre le plafond actuel et le nouveau plafond. Cela vaut autant pour l’employeur que pour l’employé qui cotisent en ce moment environ cinq pour cent chacun. La plupart des membres du SCFP verront leurs cotisations augmenter d’un pour cent seulement.

Malgré cette victoire, la lutte pour la sécurité financière à la retraite n’est pas terminée.

Nous nous attendons à ce que la hausse des cotisations de l’employeur influence les propositions patronales lors des prochaines rondes de négociation. Plusieurs employeurs tenteront en effet de transférer le coût de cette hausse aux employés. Or, cela viendrait contrecarrer le principe fondamental du RPC, soit son financement à parts égales par l’employeur et l’employé.

Il se pourrait que des employeurs tentent atteindre le même objectif en empruntant une autre voie, notamment par la négociation des salaires. Attendez-vous à ce que des employeurs évoquent la hausse de leurs cotisations au RPC comme argument pour justifier leurs propositions de hausse limitée ou de recul des salaires. D’ailleurs, avant même la conclusion de l’entente sur le RPC, certains employeurs proposaient déjà des réductions automatiques des salaires advenant une hausse de leurs cotisations. C’est inacceptable. Que ce soit directement ou indirectement les employés ne doivent pas payer pour la hausse de cotisation de l’employeur. Cette hausse est modeste et abordable.

Certains employeurs utilisent déjà la bonification du RPC comme argument pour poursuivre ou intensifier leurs attaques contre les régimes de retraite en milieu de travail. Comme le système public est plus généreux, ils disent que la portée du régime de retraite financé par l’employeur peut être réduite ou que le régime n’est plus nécessaire.

Un employeur qui verse actuellement quatre pour cent de sa masse salariale à un régime de retraite à cotisations déterminées pourrait par exemple demander que sa part soit réduite à trois pour cent, puisque qu’il doit désormais cotiser un pour cent de plus au RPC. La volonté de certains employeurs de réduire les cotisations ou les prestations d’une manière proportionnelle à la bonification du RPC pourraient aussi affecter les régimes à prestations cibles. D’autres employeurs pourraient carrément tenter d’éliminer leur régime de retraite en milieu de travail ou de remplacer leur régime à prestations déterminées par un modèle offrant moins de sécurité financière.

Malgré tout ce que prétend la droite à propos des « retraites dorées du secteur public », plusieurs membres du SCFP n’ont pas de régime de retraite en milieu de travail. Ceux qui en ont un ne bénéficient pas nécessairement de la sécurité qu’apporte un bon régime à prestations déterminées. Et même ceux qui bénéficient d’un tel régime accumulent lentement des prestations modestes.

Ainsi, dans le meilleur scénario, soit au terme d’une longue carrière auprès d’un seul employeur, après avoir gagné le salaire moyen du SCFP et cotisé à un régime à prestations déterminées, un membre du SCFP recevra des prestations de retraite avoisinant les 20 000 dollars par année. Ce montant peut être indexé ou non en fonction de l’inflation.

La bonification du RPC est donc importante pour la sécurité financière de nos membres après la retraite. Il ne faut pas laisser les employeurs nous enlever ce gain majeur.

Leur partage entre l’employeur et les employés de la rémunération dont le versement est différé au moment de la retraite doit être négocié.

L’entente historique sur la bonification du RPC constitue une grande victoire pour tous les travailleurs. Malheureusement, certains employeurs tenteront de se servir de cette bonification pour obtenir des concessions relatives aux régimes de retraites ou aux salaires des syndiqués.

Nous avons le devoir de repousser leurs attaques et il faut se préparer en conséquence.