Brisant leurs promesses électorales, les libéraux procèdent à toute vapeur pour mettre en place la « banque de la privatisation » des infrastructures publiques imaginée par les financiers de Bay Street et de Wall Street.
La Banque de l’infrastructure du Canada a été conçue en étroite collaboration avec la firme américaine Blackrock, le plus important gestionnaire d’actifs financiers au monde, et d’autres dirigeants du secteur financier à qui la nouvelle banque permettra de réaliser des profits supplémentaires. Les libéraux avaient promis que la banque offrirait du financement à faible coût aux municipalités, mais, dans sa forme actuelle, ce ne sera pas le cas.
Le gouvernement fédéral a injecté une somme initiale de 35 milliards de dollars dans la banque, mais elle comptera surtout sur un financement privé beaucoup plus coûteux. Dans les faits, tous les projets que financera la banque seront privatisés, avec un financement et une propriété publics minoritaires par l’entremise de la banque. Les libéraux soutiennent que la banque financera des « infrastructures qui créeront des revenus », comme des routes et des ponts à péage, des systèmes de transport en commun, des voies ferrées, des systèmes d’eaux potables et usées, ainsi que des réseaux et des services d’électricité.
Avec des projets plus coûteux, les Canadiens en auront moins pour leur argent en matière d’infrastructures. Les projets financés par la banque pourraient coûter jusqu’à deux fois plus cher pendant leur durée de vie que si leur financement était public.
Les entreprises comme Blackrock fournissent peut-être le financement initial, mais c’est au public qu’il incombera d’assumer le coût de ces infrastructures par le biais de paiements gouvernementaux annuels et de frais d’utilisation plus élevés. Les péages et les frais pèseront plus lourds pour les personnes à moyen et faible revenu, restreindront l’accès aux services et nuiront à l’économie.
Les détails des ententes conclues par la banque resteront secrets, même si des fonds publics sont utilisés. La banque ne sera pas soumise aux règles plus strictes de transparence et de reddition de compte qui régissent les projets publics. Ceux qui divulgueront de l’information seront passibles d’amendes et d’emprisonnement. Le contrôle de la banque et de ses projets par le vérificateur général fédéral sera aussi limité.
La banque sera entièrement contrôlée par des financiers privés et par des représentants de Bay Street et aucun siège au conseil d’administration ne sera réservé pour des représentants des gouvernements fédéral, provinciaux et municipaux.
La banque pourra également examiner des « offres non sollicitées ». Autrement dit, les entreprises qui dirigeront la banque choisiront eux-mêmes, derrière des portes closes, les actifs publics et les projets d’infrastructure qu’ils jugeront les plus lucratifs. Cette banque sera un gros lot pour les investisseurs privés et, en plus, elle videra les coffres du secteur public.