Pendant 19 ans, le Centre canadien pour la diversité des genres et de la sexualité (CCDGS) a offert aux jeunes queers et trans un endroit pour se retrouver, avoir une communauté et se sentir en sécurité. Avec l’annonce soudaine de la faillite de l’organisation, ce soutien a disparu, du personnel passionné a été licencié et les jeunes queers et trans ont maintenant un porte-parole et un allié de moins.
Le CCDGS proposait une vaste gamme de programmes, tout en animant des ateliers dans les écoles, en aidant les éducateurs à créer des milieux accueillants et en élaborant des ressources comme des histoires queers et des guides de santé sexuelle. La grande majorité des employés du centre étant des personnes queers et trans racisées, une grande part de leurs efforts visaient particulièrement à soutenir les jeunes queers et trans racisés.
Ces employés – membres du SCFP 2722 – ont été prévenus à peine quelques heures avant la fermeture du centre, et les jeunes associés aux programmes ont simplement été informés par une lettre publiée sur le site web du CCDGS.
« Pour nous, c’était plus qu’un emploi. Travailler ici, bâtir une communauté et épauler les jeunes dans un parcours que plusieurs d’entre nous ont aussi emprunté, ça donnait du sens à nos efforts. On partageait nos propres histoires et expériences avec les jeunes qu’on aidait », a confié un employé de longue date du CCDGS, qui a souhaité garder l’anonymat afin de protéger ses perspectives d’emploi. « J’ai eu quelques heures pour me rendre à l’évidence de cette faillite. Je n’ai pas pu dire au revoir à personne avec qui on travaillait. Ces relations, qui comptaient beaucoup pour nous, sont maintenant terminées. »
En se joignant au SCFP en 2023, le personnel du centre était très enthousiaste à l’idée d’intégrer la solidarité ouvrière à cette organisation ouvertement progressiste. Le personnel et la direction du CCDGS venaient de ratifier leur première convention collective en juillet. Lors des négociations qui ont duré un an, la direction n’a à aucun moment signalé des difficultés financières aussi graves.
« Cette fermeture n’est pas anodine. Ils viennent tout juste de signer leur première convention collective. Ces membres se sont courageusement battus pour se syndiquer, parce qu’ils voulaient prendre leur avenir en main. Ces services sont plus que jamais nécessaires, alors qu’on assiste à des attaques concertées contre les droits des personnes queers et trans partout au pays », a déclaré le président du SCFP-Ontario, Fred Hahn. « C’est désolant que le CCDGS n’ait même pas tenté de nous contacter pour qu’on puisse l’aider à résoudre ce problème et à militer ensemble pour le maintien de ces programmes essentiels. Le SCFP se battra pour que ces membres obtiennent tout ce que prévoit leur convention collective, et pour exiger une hausse des services offerts aux jeunes queers et trans, parce que notre syndicat est progressiste. »
Ces dernières années, le CCDGS a créé des ressources en ligne qui ont eu une grande portée, comme Not Just the Tip, une boîte à outils révolutionnaire sur la santé sexuelle qui a coûté plusieurs millions de dollars et dont la production a pris des années, destinée au milieu de l’éducation et utilisée dans des écoles de tout le pays. Les modules ne sont plus disponibles, puisque le site web du CCDGS et les ressources essentielles qu’il proposait ont été désactivés.
« C’est choquant qu’une organisation qui œuvrait à défendre et à aider les jeunes queers et trans disparaisse du jour au lendemain. C’est un affront de traiter le personnel aussi mal et d’abandonner la communauté. Ils ont réduit leurs ressources et abandonné des salarié(e)s qui vivaient déjà d’une paie à l’autre, en pleine crise du coût de la vie, a déploré M. Hahn. Pendant 19 ans, ce centre a créé une communauté. Cette décision va à l’encontre de l’ADN même de l’organisation. Aujourd’hui, elle n’a plus d’héritage et les jeunes queers et trans n’ont plus de maison où aller ».