Edward Avinesh Parsotam s’implique activement dans notre syndicat, mais il n’en a pas toujours été ainsi. Découvrez comment il a persisté face au racisme pour finalement devenir un militant et leader syndical. Ce profil fait partie d’une série d’articles présentant les membres du Comité national pour la justice raciale et du Conseil national des Autochtones du SCFP.
Dans le cadre de l’engagement du SCFP de tirer profit des expériences des personnes autochtones, noires et racisées, et de célébrer leurs réussites, nous vous présentons des membres du Comité national pour la justice raciale et du Conseil national des Autochtones. Ce mois-ci, laissez-nous vous présenter Edward Avinesh Parsotam, membre du Comité national pour la justice raciale.
Lorsqu’on lui demande ce que signifie pour lui l’implication syndicale, Edward Avinesh Parsotam répond : « À vrai dire, les affaires syndicales ne m’avaient jamais attiré. Je n’y avais même jamais pensé. Pourtant, les gens venaient constamment me voir pour me demander de l’aide. Je pense que c’est parce que je leur donnais toujours de bons conseils. »
Comme bien d’autres personnes qui ont consacré leur carrière à défendre les droits de leurs collègues, Edward, qui est concierge depuis maintenant 20 ans à l’école secondaire Tamanawis à Surrey, en Colombie-Britannique, n’a pas choisi la vie syndicale : c’est elle qui l’a choisi.
Edward a été approché en début de carrière par le président de sa section locale, qui pensait qu’il ferait un bon délégué. Il a alors commencé à assister aux congrès du SCFP national et de sa division provinciale ainsi qu’à des réunions de son conseil régional.
Aujourd’hui, en plus d’être délégué du SCFP 728, Edward est vice-président à la diversité représentant les membres racisé(e)s du SCFP–C.-B. et siège au Comité des membres racisé(e)s de sa division provinciale ainsi qu’au Comité national pour la justice raciale, où il effectue son deuxième mandat.
Persister face au racisme
Malgré l’appui du président de sa section locale, Edward s’est heurté à de nombreux obstacles à ses débuts dans le monde syndical. « Il y avait un vieux bougon qui ne voulait rien savoir que je devienne délégué, se remémore-t-il. Quand j’ai finalement été élu au poste, il est venu me voir et m’a dit : “Sans rancune, hein, mais je ne pense pas que tu sois à ta place ici.” »
Avant cet incident, Edward dit qu’il n’avait encore jamais vécu de racisme de la part de ses collègues. Ayant commencé sa carrière à l’âge de 21 ans comme concierge de nuit, il avait peu de collègues avec qui échanger à cette époque. Puis il a commencé à s’impliquer dans son milieu de travail et à interagir avec d’autres personnes. Certaines d’entre elles ont alors attiré son attention sur la façon dont on le traitait.
« Ceux et celles qui étaient là avant moi m’ont dit qu’il y avait du racisme [dans notre équipe], mais je ne m’en souciais pas parce que je ne le voyais pas », explique-t-il.
« C’est quand une personne de la direction m’a pris à part pour me dire : “Hé, le monde est vraiment raciste avec toi” que j’ai eu un déclic. Avant ça, je me disais que c’étaient juste des plaisanteries entre collègues. »
Malgré l’hostilité de membres de sa section locale, Edward a persisté. Il a acquis des connaissances et des compétences précieuses lors des formations données par le conseil régional du Grand Vancouver. Et il s’est fait un devoir de faire un compte-rendu aux réunions de sa section locale et de diffuser ce qu’il apprenait afin d’aider ses membres.
Edward affirme que le mentorat qu’il a trouvé au conseil régional a été essentiel pour son développement et qu’il n’aurait jamais pu l’obtenir dans sa propre section locale en raison des barrières auxquelles il avait été confronté au début.
Lorsque le président qui l’avait recruté est parti, Edward avait eu le temps d’acquérir beaucoup de connaissances en tant que délégué. Le nouveau président a reconnu ses compétences et a veillé à ce qu’il ait tout le nécessaire pour représenter les membres, notamment en favorisant la communication ouverte et en l’orientant vers une formation sur les politiques et les pratiques de la section locale.
« Les choses se mettaient en place, je pouvais voler de mes propres ailes », dit-il.
Voir ce qui se passe dans notre propre cour
À un moment donné, Edward a commencé à s’intéresser aux campagnes provinciales du SCFP pour la justice raciale. Il a alors remarqué que certains enjeux qu’elles abordaient touchaient également son milieu de travail et sa section locale.
« On a commencé à prendre progressivement conscience de certaines choses, par exemple : “pourquoi le service de la conciergerie est-il le seul à employer des personnes racisées et qu’il y a seulement des personnes blanches à la direction?” Puis on a regardé de plus près notre syndicat et on a réalisé que tout n’était pas parfait. »
C’est là, estime Edward, que la Stratégie du SCFP de lutte contre le racisme intervient, en mettant en lumière les problèmes qui persistent dans nos structures. « Quand on veut construire une communauté plus forte, il faut regarder ce qui se passe dans notre propre cour. On a constaté que, dans notre cours, les gens comme nous brillaient par leur absence. »
Edward espère que grâce à la Stratégie du SCFP de lutte contre le racisme, les jeunes comme lui n’auront pas besoin d’aller chercher du soutien à l’extérieur de leur section locale pour pouvoir s’investir pleinement dans leur syndicat. Les membres devraient recevoir tout ce qu’il leur faut et être accepté(e)s dans leur propre section locale sans avoir, comme lui, à affronter d’hostilité.
« Sans les réunions du conseil régional du Grand Vancouver, je n’aurais pas rencontré les gens qui m’ont enseigné toutes ces choses dont je n’aurais jamais entendu parler dans ma section locale. »
Œuvrer pour l’équité et la sécurité
Edward explique que le racisme au travail se manifeste de bien des façons : dans les blagues, les conversations de tous les jours et les commentaires des collègues. Il l’a lui-même vécu, et dénoncé.
« À leurs yeux, ça peut paraître tellement insignifiant, jusqu’à ce qu’on leur dise que ce n’est pas correct, que c’est même inacceptable, et qu’on leur rappelle que les temps ont changé. »
Edward soutient que les syndicats jouent un rôle clé dans la lutte contre le racisme. « Ce qu’on veut, c’est l’équité et la sécurité au travail. On veut retourner à la maison comme on y est venu : en un seul morceau, et l’esprit tranquille. Dans un milieu de travail syndiqué, on peut obtenir du soutien et dénoncer les mauvais traitements pour y mettre fin. »
La Stratégie de lutte contre le racisme a justement pour objet de construire un syndicat plus fort et plus engagé où toutes et tous se sentent acceptés et peuvent avoir confiance en les autres membres.
« Pour amener les gens à s’impliquer, il faut d’abord avoir leur confiance. Et pour gagner leur confiance, il faut leur montrer que le changement est possible. »
Pour en savoir davantage sur la Stratégie du SCFP de lutte contre le racisme, notamment sur l’objectif 4 — « Apprendre de l’expérience des membres noirs, autochtones et racisés et célébrer leurs réussites » —, rendez-vous au scfp.ca/stratégie_contre_le_racisme. Voyez également les conseils pour mettre en œuvre la Stratégie dans votre section locale.