Le SCFP s’inquiète de l’incapacité du chef libéral Mark Carney à défendre la Loi canadienne sur la santé. Selon une analyse, sa promesse d’équilibrer le budget pourrait se traduire par un gel des transferts aux provinces en matière de santé.
Lors d’une conférence de presse plus tôt cette semaine à Calgary, on a demandé à M. Carney comment il entend faire respecter la Loi canadienne sur la santé alors que certains gouvernements provinciaux font la promotion de la privatisation des soins, en contravention de la loi fédérale. M. Carney a simplement répondu qu’il « croit à la collaboration avec les provinces » et qu’il « travaillera pour faire respecter les droits de la population de l’Alberta et de tout le Canada ».
Les Canadiens et Canadiennes ont besoin d’un gouvernement fédéral qui défend avec vigueur la Loi canadienne sur la santé et qui augmente le financement des soins de santé pour en assurer la qualité. Les provinces choisissent de fermer les yeux sur des services de santé vendus illégalement, en plus d’octroyer des fonds publics à des établissements à but lucratif, à des agences de placement privées et à des entreprises qui fournissent des soins virtuels.
Jeudi, le NPD a publié une analyse de la promesse libérale « d’équilibrer le budget de fonctionnement » d’ici trois ans. En entrevue avec Rosie Barton, M. Carney a expliqué qu’il réduirait les dépenses pour les « programmes gouvernementaux, les transferts aux provinces (santé et éducation), les transferts aux particuliers et le service de la dette ».
L’analyse du NPD révèle que pour tenir cette promesse, le gouvernement fédéral devrait couper 43 milliards de dollars dans son budget d’ici 2027-2028, ce qui ne comprend pas les coûts associés aux nouvelles promesses. Il s’agit presque de la totalité des nouvelles dépenses prévues dans toutes les catégories de fonctionnement, en excluant le service de la dette (sur lequel le gouvernement a peu de contrôle).
Dépenses de fonctionnement prévues par le gouvernement fédéral, par catégorie (en milliards de dollars)
Catégories du budget de fonctionnement |
2024-2025 |
2027-2028 |
Écart |
Transferts majeurs aux provinces, aux territoires et aux municipalités |
105,5 $ |
117,7 $ |
12,2 $ |
Autres transferts majeurs[1] |
101,7 $ |
109,7 $ |
8,0 $ |
Dépenses de fonctionnement directes (fonction publique fédérale) |
123,1 $ |
124,5 $ |
1,4 $ |
Transferts majeurs aux personnes (ex. Sécurité de la vieillesse, Allocation canadienne pour enfants) |
135,3 $ |
155,3 $ |
20,0 $ |
Total |
465,6 $ |
507,2 $ |
41,6 $ |
Source : Tableau A1.7, Perspectives concernant les charges, Budget de 2024, disponible en ligne : https://www.budget.canada.ca/2024/home-accueil-fr.html#pdf
M. Carney a répondu à l’analyse du NPD en affirmant qu’il allait « maintenir » les transferts. Cependant, maintenir les transferts à leur niveau actuel se traduirait en fait par des coupures. Le budget fédéral précédent promettait une hausse des transferts en santé de 5 % par année, le minimum requis pour tenir compte de l’inflation et répondre aux besoins d’une population croissante et vieillissante.
Le gel des transferts fédéraux mènera à la privatisation et se traduira par la pérennité de la « médecine de couloir », des temps d’attente plus longs, une pénurie de travailleuses et de travailleurs de la santé et, enfin, une détérioration des soins. Il se traduira également par un taux d’épuisement accru chez le personnel de la santé, et de plus en plus de personnes quitteront le système.
Le prochain gouvernement fédéral doit avoir à cœur la défense de la Loi canadienne sur la santé et mettre un frein à la privatisation. Il doit s’assurer que les fonds publics soient seulement investis dans les services publics, et il doit accroître sa part de financement afin que les provinces ne se tournent pas vers le secteur privé pour compenser les lacunes du système public.
[1] Comprend les prestations du Régime canadien de soins dentaires, le soutien à la fabrication de batteries pour les véhicules électriques et le remboursement des crédits d’impôt à l’investissement dans l’économie propre.