En Ontario, on se considère souvent comme de simples spectatrices et spectateurs des actes antidémocratiques perpétrés à outrance par le président Trump du côté des États-Unis. Or, la droite autoritariste de l’Ontario nous offre un spectacle similaire dans notre propre province, un spectacle dont on subit directement les conséquences. Les travailleuses, travailleurs et citoyen(ne)s que nous sommes voient actuellement Doug Ford attaquer notre démocratie à grands coups de masse.
En tant que syndicat représentant 310 000 travailleuses et travailleurs dans la province, le SCFP-Ontario est très inquiet des comportements de plus en plus autoritaristes et antidémocratiques du gouvernement conservateur de Doug Ford. Nous sommes un syndicat et, à ce titre, nous appliquons des principes, protocoles et procédures démocratiques stricts dans tout ce que nous faisons. Nous nous attendons à la même chose de la part de nos élu(e)s. Or, les récents agissements du premier ministre Ford et de ses ministres font planer une menace croissante sur nos institutions et sabrent la confiance populaire pourtant essentielle à une saine démocratie.
L’annonce d’hier comme quoi l’Assemblée législative de l’Ontario ne reprendrait ses activités qu’à la fin mars – prolongeant de quatre semaines le congé d’hiver prévu – est la dernière d’une longue liste d’actions mettant en péril notre démocratie.
Dans toute l’année 2025, notre Assemblée législative n’aura en fait siégé que moins de huit semaines, pour un total de 51 jours. Le congé d’hiver sera à lui seul deux fois plus long que le temps que les député(e)s de la province auront passé à siéger à Queen’s Park dans la dernière année!
Cette dernière décision montre une fois de plus le mépris profond que les conservateurs ont pour la démocratie. Depuis sa réélection il y a moins d’un an, le Parti conservateur de Doug Ford n’a pas cessé de bafouer les principes de la démocratie.
En démocratie parlementaire, les représentant(e)s élu(e)s doivent être prêt(e)s à s’acquitter de leurs fonctions. Les membres de l’opposition doivent demander au gouvernement de rendre des comptes, et le gouvernement doit répondre de ses actes devant l’opposition – et devant la population. La suspension prolongée des travaux législatifs par le gouvernement est une tactique inacceptable visant à se retirer du regard critique et à échapper aux questions difficiles.
Le grand nombre de projets de loi omnibus (33, 46, 60 et 68, notamment) ayant été mis sur la voie rapide et adoptés sans aucun débat public ni consultation de comités est particulièrement révélateur du peu de souci que les conservateurs ont pour la démocratie. Les processus législatifs sont là pour une raison, ils permettent un examen rigoureux des projets de loi et l’expression d’une diversité de points de vue. En tenant compte des opinions des autres parties concernées et des député(e)s, on peut apporter des amendements et régler en amont les problèmes relevés.
L’emploi de tactiques autoritaristes pour contourner ces processus mine les bases mêmes de la démocratie représentative et revient à museler la population de la province.
À ces pratiques déjà douteuses s’ajoutent les graves allégations de corruption qui pèsent sur le ministre du Travail David Piccini concernant sa mauvaise utilisation des 2,5 milliards de dollars du Fonds pour le développement des compétences; la section anticorruption de la Police provinciale de l’Ontario tente actuellement de faire la lumière sur cette situation. On peut aussi penser à la dépense record de 112 millions de dollars pour l’autopromotion du gouvernement conservateur, une somme pigée directement dans l’argent des contribuables, et aux mécanismes qui ont été intégrés subrepticement dans le projet de loi 60 pour vendre notre eau, une ressource publique.
Quand des fonctionnaires sont impliqué(e)s dans des tractations faisant l’objet d’enquêtes policières, et quand les fonds publics sont mal utilisés, la confiance du public envers les institutions et les gens qui les dirigent s’en trouve grandement diminuée, et pour longtemps. L’intégrité de nos processus démocratiques repose sur la transparence, la reddition de comptes et le comportement éthique des personnes en position de pouvoir.
Les conservateurs de Ford ne cochent aucune de ces cases. Au contraire, leurs actions sapent la confiance qu’ont les Ontarien(ne)s envers les structures et institutions démocratiques. Les travailleuses et travailleurs méritent un gouvernement qui respecte les principes de la démocratie, qui mène des consultations sur les questions importantes, et qui agit de manière transparente et responsable.
Le gouvernement actuel est à l’autre bout du spectre : il concentre les pouvoirs, limite les consultations publiques et fait constamment passer les intérêts partisans avant le bien commun. Ces façons de faire font cruellement penser aux attaques à la démocratie qu’on observe chez nos voisins du Sud. C’est pourquoi nous devons nous préparer à défendre les principes démocratiques sur nos terres.
Nous exigeons que les conservateurs de Doug Ford restaurent les normes démocratiques, mettent fin aux tactiques visant à couper court aux procédures d’examen, cessent de recourir aux projets de loi omnibus qui transforment d’un coup le fonctionnement de la province, et veillent à ce que les agent(e)s de la fonction publique respectent des normes éthiques strictes.
C’est la foi de la population ontarienne en la démocratie même qui est en jeu.