Après plusieurs années de lutte, d’abord pour se syndiquer puis pour obtenir sa première convention collective, un groupe de brigadières et brigadiers syndiqués se voit menacé de transfert de contrat par le conseil municipal de Toronto. Le personnel de la Ville a fait une recommandation concernant la prochaine série de contrats de brigadières et brigadiers scolaires. Résultat, on pourrait ignorer 386 membres de la section locale 5519 du SCFP en faveur de personnes non syndiquées à statut précaire.
« Il est encore temps de sauver ces emplois, il est encore temps pour les conseillères et conseillers municipaux de Toronto de faire ce que doit, de tenir leur promesse d’agir en employeur équitable », rappelle Dave Petten, président du Comité de coordination du secteur municipal au SCFP-Ontario, qui représente 90 000 membres. « Nos membres ont fait preuve d’un courage incroyable en se syndiquant pour avoir leur mot à dire sur leur avenir. Et voilà que la Ville de Toronto veut les priver de ce droit de parole et récompenser plutôt des entreprises qui ne donnent pas voix au chapitre à leur main-d’œuvre en leur accordant des contrats, des deniers publics. »
On néglige les brigadières et brigadiers, on les tient souvent pour acquis, jusqu’à ce que survienne une tragédie. Même avec le soutien des conseillères et conseillers scolaires, la pénurie de main-d’œuvre qualifiée signifie qu’il peut falloir plus d’un an pour affecter une brigadière ou un brigadier aux intersections dangereuses une fois que celles-ci sont identifiées.
« On a vu ce qui s’est passé dans d’autres villes où on a essayé de réduire le salaire de ces personnes essentielles, ajoute M. Petten. Ces municipalités n’arrivent plus à embaucher et à retenir de la main-d’œuvre. Les intersections ne sont pas surveillées. Et les familles en paient le prix. C’est la voie qu’est en train de choisir Toronto. Nous appelons les conseillères et conseillers municipaux à défendre nos membres et les services auxquels la population est en droit de s’attendre. »
La recommandation se rend devant le comité de l’administration générale de la Ville, composé des conseillères Alejandra Bravo et Lily Cheng et des conseillers Stephen Holyday, Josh Matlow, James Pasternak et Gord Perks. Ceux-ci se réuniront le 30 mai.
Le travail des brigadières et des brigadiers est précaire et dangereux. Ceux-ci interagissent avec les conducteurs et les conductrices dans quelques-unes des intersections les plus fréquentées de la ville. Ils se mettent en danger pour protéger les gens les plus vulnérables. Avant de se syndiquer, les membres du SCFP 5519 n’avaient pas de congés de maladie ni d’avantages sociaux adéquats, et ils n’étaient payés que 15,68 $ l’heure, à peine plus que le salaire minimum. Ils ont fait des gains importants dans leur première convention collective, comme une augmentation de salaire de quatorze pour cent, des congés de maladie payés et de meilleurs avantages sociaux couvrant les lunettes et les orthèses. Cette entente avait été entérinée par une écrasante majorité des membres, soit 96,4 %.
« Nous ne sommes pas gourmands », précise Myra Chico, présidente par intérim du SCFP 5519. « Nous voulons travailler; nous voulons assurer la sécurité des enfants et des personnes âgées. Nous voulons un contrat équitable, c’est tout. Avoir investi autant de temps et d’efforts pour se voir retirer nos droits parce que la Ville veut réaliser des économies de bouts de chandelle sur le dos de sa main-d’œuvre, c’est honteux. J’espère que les conseillères et conseillers municipaux prendront la bonne décision. »