Nos consœurs du SCFP Minerva Porelle et Andréane Chénier reviennent au Canada le 31 mai, après avoir participé à l’édition 2016 de la Tournée de solidarité avec les maquilas de CoDevelopment Canada au Nicaragua et au Honduras. Une délégation de dix consœurs syndicalistes s’est rendue en Amérique centrale pour témoigner sa solidarité aux employés des maquilas et aux organisateurs syndicaux de l’industrie du textile, où de nombreuses multinationales sont présentes et exploitent les travailleurs. La tournée de cette année s’intéressait principalement à la santé-sécurité au travail et aux droits fondés sur le genre.

Group of women with raised fists holding a pink CUPE flag

Le SCFP entretient des relations solidaires de longue date avec le Mouvement María Elena Cuadra des travailleuses et des chômeuses (MEC) au Nicaragua et le Collectif des femmes honduranes (CODEMUH). Ces organismes ont reçu nos émissaires et leur ont permis de rencontrer de courageuses travailleuses « dont les histoires nous ont touchées, raconte Mme Porelle. Il faut travailler ensemble pour renforcer la solidarité internationale. »

Le MEC est un organisme remarquable qui profite d’une belle visibilité nationale et régionale au Nicaragua et en Amérique centrale. Issu d’un petit groupe de femmes qui œuvraient clandestinement et dont les efforts en vue d’améliorer les conditions de travail dans les maquilas étaient réprimés violemment, le MEC est devenu un organisme national respecté.

En janvier 2016, le gouvernement du Nicaragua a haussé le salaire minimum de huit pour cent dans la zone franche. Cette hausse attendue depuis longtemps était nécessaire, le taux d’inflation se situant à 5,85 pour cent. Le secteur des maquilas avait subi un gel salarial en 2015, alors que les salaires avaient augmenté dans d’autres secteurs. Les femmes constituant 75 pour cent de la main-d’œuvre des maquilas, on peut y voir un cas classique du genre de discrimination systémique envers les femmes que combat le MEC.

Le CODEMUH organise les travailleuses pour répondre à leurs besoins immédiats, comme les cas d’accident et de maladie du travail, en plus de défendre les droits des travailleuses et de réclamer une transformation en profondeur des lois du travail au Honduras. À San Pedro Sula, la délégation a assisté à une manifestation au ministère du Travail. Des femmes ont exigé que le ministre respecte l’ordonnance de la Cour suprême qui impose des évaluations ergonomiques au secteur des maquilas, ainsi qu’un réexamen de la durée des quarts de travail, actuellement de douze heures. Les travailleuses se sont tenues debout devant un gouvernement qui ne les protège pas contre la violence et les autres infractions à la santé et à la sécurité au travail. Elles ont réclamé « des emplois dignes ».

Le Honduras continue d’afficher des taux de violence extrêmes. En 2014, ce pays était à nouveau la capitale mondiale du meurtre. La violence envers les femmes est en hausse, tout comme l’intimidation et la violence envers les militants, particulièrement dans les revendications territoriales. En raison de la corruption et des faiblesses du système de justice pénale, l’impunité atteint un degré élevé : 95 % des crimes restent impunis. Bien que le congrès hondurien ait adopté une « loi sur la protection des défenseurs des droits de la personne » en avril 2015, les organismes de défense s’inquiètent d’un manque de précision, de transparence et de mise en œuvre de la loi. Les attaques contre les défenseurs des droits de la personne se poursuivent.

La délégation canadienne dont font partie Minerva et Andréane s’affaire à formuler un plan d’action afin de consolider la solidarité avec les travailleuses qui réclament des normes plus élevées et le respect de leurs droits dans le secteur des maquilas. Les membres de la délégation ont pu constater par elles-mêmes tout le courage et la résilience des femmes du CODEMUH et du MEC, des femmes qui se battent pour la justice économique et sociale au Nicaragua et au Honduras. Des femmes dont les efforts élèvent les normes de travail partout dans le monde.