Depuis de nombreuses années, les universités favorisent l’embauche de chargés de cours au lieu de créer des postes permanents de professeur à temps plein. Cette stratégie a des effets négatifs bien documentés sur le corps enseignant, les étudiants et la communauté universitaire.

Or, jusqu’à présent, nous disposions de très peu d’informations sur l’ampleur de cette précarité et de ses conséquences sur la négociation. Évidemment, les universités sont réticentes à divulguer des informations qui pourraient les faire mal paraître. En outre, Statistique Canada ne compile pas de données sur les chargés de cours.

Pour en savoir plus, le SCFP a donc soumis des demandes d’accès à l’information à l’ensemble des 78 universités canadiennes bénéficiant d’un financement public. Nous avons réclamé 10 ans de données sur les nominations aux postes d’enseignement. À ce jour, nous avons reçu des informations utilisables de 70 universités.

Grâce à cette opération, nous savons maintenant qu’au cours de la dernière décennie, les chargés de cours ont constitué plus de la moitié du corps enseignant universitaire canadien. Nous savons également que la majorité de ceux-ci travaillent à temps partiel. Le pourcentage a même frôlé les 80 pour cent en 2016-2017.

Notre recherche révèle également que le Québec a beaucoup plus recours aux chargés de cours que les autres provinces. L’Ontario se situe aussi au-dessus de la moyenne nationale. En revanche, l’Alberta et l’Île-du-Prince-Édouard présentent les taux de postes à terme les plus bas.

On constate de fortes variations du pourcentage de chargés de cours par domaine d’étude. Les sciences humaines, par exemple, dépendent beaucoup plus des chargés de cours que les sciences sociales ou les sciences pures. Cependant, les chargés de cours représentent plus du tiers des postes dans tous les domaines, à l’exception de l’agriculture et de la médecine vétérinaire.

Bien que le recours à des enseignants contractuels soit devenu un élément systémique de l’enseignement supérieur au Canada, certaines universités sont pires que d’autres. Dans douze universités, ce type de travailleur représente plus des deux tiers du corps professoral.

Malgré les nombreuses excuses que donnent les universités, le recours aux chargés de cours est un choix fait par les établissements, et non une conséquence de la réduction de leur financement. Les universités ne peuvent pas invoquer non plus la « préférence » des travailleurs pour justifier leur décision.

On peut consulter les données recueillies par le SCFP au scfp.ca.

Cette base de données est mise à la disposition des chercheurs, des organisateurs syndicaux et des comités de négociation. Elle peut aider votre section locale à comparer le taux de nomination de professeurs contractuels dans votre établissement par rapport aux autres universités du pays. Ainsi, votre section locale pourra affiner sa stratégie de négociation.

Vous trouverez plus d’informations sur les négociations visant à réduire la précarité dans le secteur et à protéger les travailleurs précaires dans un nouveau guide du SCFP intitulé Des emplois de qualité : s’attaquer à la précarité d’emploi dans l’enseignement postsecondaire à la table de négociations.

Visitez le scfp.ca ou demandez le guide à votre conseiller syndical.