Les membres du SCFP dans le secteur britanno-colombien de la santé communautaire continuent de vivre avec des problématiques liées à la faiblesse des salaires et à la charge de travail. Or, avec un nouveau gouvernement provincial qui s’est engagé à renforcer le système de santé et un élan renouvelé pour la négociation coordonnée, ils ont de quoi être raisonnablement optimistes à l’approche de la prochaine ronde de négociations. C’est ce qu’ont appris, la semaine passée, les délégués à une conférence de négociation dans le secteur de la santé.

Cette conférence organisée par le Conseil des présidents de la santé du SCFP a eu lieu le 6 février. Elle avait pour but de fixer les priorités à négocier et d’élire les représentants au comité de négociation pour les membres SCFP de l’Association de négociation communautaire (Community bargaining association ou CBA) et de l’Association de négociation des professionnels de la santé (Health Science Professionals Bargaining Association ou HSPBA).

Dans son discours de bienvenue, la directrice régionale adjointe Meena Brisard a rappelé aux délégués que le SCFP national a adopté récemment une politique de négociation qui invite à refuser toute concession tout en proposant des avenues pour s’attaquer à la précarité d’emploi et à la violence au travail. Elle a aussi souligné que le SCFP dispose du personnel nécessaire pour décrocher la meilleure convention collective possible pour ses membres.

« Toutes nos personnes conseillères nationales reçoivent une formation en négociation stratégique et en préparation à la grève, pour que les sections locales soient mieux préparées au moment où elles s’assoient à la table des négociations », a-t-elle dit. Le savoir collectif des personnes conseillères nationales et de nos spécialistes du service des communications, du service de la recherche et du service juridique « représente des centaines d’années d’expérience et d’expertise », a-t-elle souligné.

Travailler avec nos alliés

Le président du SCFP‑C.‑B., Paul Faoro, a fait remarquer qu’après 16 ans de règne antisyndical des Libéraux provinciaux, le contexte de négociation en Colombie-Britannique est enfin moins glauque. Il a cité en exemple la nomination récente de Jacquie de Aguayo, l’ex-secrétaire adjointe et directrice administrative du Syndicat des employés d’hôpitaux, à la présidence permanente de la Commission des relations de travail de la C.‑B.

« Une consœur provenant du SEH, a lancé M. Faoro. Quelle différence cela fait pour changer la manière dont on aborde les relations de travail dans notre province ! »

M. Faoro a critiqué le nouveau chef que s’est donné le Parti libéral de la C.‑B. : « Andrew Wilkindon a poussé les salaires à la baisse et couper les dépenses en santé. C’est ça, le nouveau sauveur de la Colombie-Britannique ? Quelle blague ! » Puis, après s’être dit excité à l’idée du dépôt du premier budget complet du NPD provincial, plus tard ce mois-ci, il a rappelé aux délégués que le premier ministre John Horgan ne pourra pas réparer du jour au lendemain tous les dommages laissés par 16 ans de gouverne libérale, particulièrement à la tête d’un gouvernement minoritaire fragile.

« Nous allons devoir accroître nos capacités et attirer des jeunes dans notre syndicat comme dans ce secteur, a-t-il prévenu. Oui, les choses vont bien avec le gouvernement actuel, mais il y a des gens qui souhaitent le voir tomber. »

Les conférenciers Edith MacHattie et Nathanel Lowe de la BC Health Coalition ont présenté les principales actions de la coalition dans la dernière année, tout en soulignant l’importance de renouveler le financement de la santé dans la province.

« Nous sommes ici, ensemble, parce que nous voulons des communautés plus saines », a dit M. Lowe, un militant et un organisateur de la BCHC. M. Lowe a ajouté que les travailleurs de la santé ont un rôle clé à jouer dans les problématiques comme la crise des opioïdes et le creusement des inégalités (les autochtones sont en moins bonne santé que les non-autochtones ; les personnes âgées se retrouvent souvent isolées, sans soins adéquats).

Mettre en place un meilleur système

« Nous sommes dans une ère d’opportunité, a déclaré Mme MacHattie, coprésidente syndicale de la BCHC. Le nouveau gouvernement néo-démocrate a été élu, en partie, sur la promesse de consolider les soins de santé publics. Or, les personnes ici présentes ont passé plusieurs années à tenter de mettre cette problématique à l’ordre du jour. Il faut maintenant s’atteler à concrétiser cette promesse en changement et en action. »

M. Lowe et Mme MacHattie ont louangé la décision du gouvernement Horgan de couper de moitié les primes du RSM. Selon eux, au fil des quinze dernières années, les Libéraux avaient fait du RSM une plus grosse vache à lait que le secteur des ressources naturelles tout en accordant des baisses d’impôt plus importantes aux riches (une perte de revenus totalisant 3,4 milliards de dollars entre 2001 et 2010).

Ils ont aussi souligné des avancées encourageantes dans la réforme de la santé. Selon eux, on constate une évolution significative de l’approche qui s’éloigne des soins actifs et de la réaction aux crises pour se rapprocher d’une conception multidisciplinaire et par équipe. Récemment, la BCHC mettait sur pied un premier groupe de travail sur les soins primaires qui se compose de chercheurs sur les politiques en matière de santé, de figures de proue d’organismes communautaires et de militants locaux.

« Nos conversations avec les communautés locales qui parlent d’amélioration des soins communautaires nous ont inspirés », a admis Mme MacHattie en pointant la formation offerte récemment par le BC Rural Health Care Network à Princeton. « Ce genre de choses s’est multiplié, par exemple à Ashcroft, dans la vallée de Comox et dans le nord : les gens unissent leurs forces pour militer efficacement en faveur de la santé rurale. »

Les défis qui nous attendent

Parmi les défis qui nous attendent, mentionnons la formule de financement du fédéral qui dépend de l’économie (les Libéraux de Trudeau ont maintenu la formule inaugurée par le gouvernement Harper qui se fonde sur l’indexation annuelle la plus élevée entre le PIB ou 3 pour cent) et la menace constante de soins privatisés à deux vitesses (le 9 avril, la Coalition retournera devant la Cour suprême de la C.-B. pour poursuivre sa contestation judiciaire de la clinique privée Cambie de Brian Day).

À la conférence, la chercheuse Sarah St. John du SCFP a présenté les conclusions d’un récent sondage sur la charge de travail et les négociations. Les délégués y ont trouvé matière à réfléchir. Autant pour les membres de la CBA que pour ceux de la HSPBA, les résultats montrent que la charge de travail et le manque de personnel affectent la qualité des services de santé. En outre, l’épuisement professionnel est devenu systémique. On trouve, dans les réponses au sondage, plusieurs propositions pour s’attaquer à l’épuisement professionnel.

Les délégués ont eu droit à des mises à jour sur les fiducies mixtes de prestations de santé de la CBA et de la HSPBA présentées, respectivement, par Brent Camilleri du BCGEU et Dennis Blatchford de la HSA (et ancien militant du SCFP). Le coordonnateur du secteur de la santé au SCFP Chris Losito a livré un survol du contexte de négociation.

« Aujourd’hui, a-t-il dit, nous avons l’occasion de tirer des leçons du sondage pour aller de l’avant. Nous avons des raisons d’être optimistes et d’avoir hâte à la prochaine ronde ; des raisons de croire que nous pourrons réaliser des gains concrets à la table sans accepter de concessions. »

En après-midi, les délégués se sont divisés en sous-groupes CBA et HSPBA pour fixer leurs priorités et élire leur comité de négociation.

Pour voir des photos de la conférence, consultez notre album.