Janet Szliske | Service des communications du SCFP
La routine habituelle de Tuesday, coordonnatrice de jour à la PHS Community Services Society, peut inclure presque n’importe quoi. Elle s’occupe des urgences médicales, prépare les repas et aide les résidents avec tout, de la lessive à la santé mentale. Elle a même littéralement éteint des incendies.
« Nous prenons les gens tels qu’ils sont », explique cette membre du SCFP 1004. « Nos pratiques de soins tiennent compte des traumatismes. Nous soutenons les personnes dans leurs objectifs de vie. » Ces objectifs sont parfois aussi simples que de prendre leurs médicaments régulièrement, de consommer moins ou de trouver un emploi.
En outre, Mme Andrich répond aux surdoses qui surviennent souvent parce que les résidents consomment des drogues coupées au fentanyl. En tant qu’intervenante en réduction des risques, elle doit être préparée à de nombreux scénarios. Elle dispose de divers outils, notamment du narcane ou de la naloxone, de l’oxygène et des sacs de réanimation manuelle. « Nous nous précipitons avec tout ce matériel pour intervenir en cas de surdose », dit-elle.
Mme Andrich considère que son travail est simple : garder les gens en vie et en bonne santé. « On ne parle pas de tous ces gens qui ont eu des lésions cérébrales, parce que l’aide n’est pas arrivée assez rapidement. » Elle note que beaucoup de personnes sont en moins bonne santé après une surdose, car ses effets n’ont pu être renversés à temps pour éviter les complications.
En effet, on arrive parfois trop tard.
Les travailleurs sont alors confrontés à une réalité dévastatrice en première ligne : des gens qu’on connaît meurent. « À force d’écouter ces gens raconter leurs souhaits et leurs rêves, les traumatismes qu’ils ont traversés, les moyens qu’ils ont utilisés pour les surmonter, on finit par s’attacher à eux. Et puis, peut-être les retrouvera-t-on morts le lendemain. »
Les intervenants en réduction des risques peuvent vivre du stress traumatique, du stress indirect, de la fatigue de compassion et de l’épuisement professionnel. Or, comparativement à certains premiers répondants, ils ont peu d’options de congé ou de protection salariale. En Colombie-Britannique, la seule disposition qui leur est offerte est l’assurance-emploi médicale qui couvre 55 pour cent du revenu, alors qu’il n’est pas toujours possible d’obtenir des prestations d’accidents du travail pour cause de stress. « Nous présentons des réclamations, mais elles sont souvent refusées, déplore Mme Andrich. Impossible de tenir longtemps dans ce travail dans de telles conditions. Nous créons des travailleurs traumatisés et on les mange tout rond pour ensuite les recracher. »
Selon Mme Andrich, les gouvernements doivent valoriser le travail des membres du SCFP et les personnes qu’ils servent. Et cela doit se traduire par l’amélioration des dispositions relatives aux congés, mais aussi par la dépénalisation de la consommation de drogue, la prise de mesures pour déstigmatiser la consommation, l’ouverture d’autres sites de prévention des surdoses et la distribution de trousses de dépistage gratuites.
Aux membres qui souhaiteraient donner un coup de main, elle propose : « Commencez modestement dans votre communauté, votre foyer, votre section locale, en portant attention aux mots que vous utilisez. Au lieu d’appeler un consommateur de drogue un toxico ou un drogué, pensez à ce que ressentirait cette personne en vous entendant. Se sentirait-elle soutenue par vous ? Nous sommes tous endoctrinés à dire ces choses et à utiliser des mots comme ceux-ci. Il faut les désapprendre. »