La réunion du secteur des transports a attiré un grand nombre de participants provenant surtout de la Division du transport aérien du SCFP, mais aussi des autres sous-secteurs des transports (transport collectif, entretien des routes et autoroutes provinciales). Ils ont pu constater que, même si chaque sous-secteur a ses propres défis, les membres de tout le secteur ont de nombreuses préoccupations en commun, comme la déréglementation, la privatisation, la surcharge de travail et la violence au travail, sans oublier la menace que représentent la libéralisation des marchés mondiaux et la révision de la Loi sur les transports au Canada.

L’aviation commerciale est en pleine expansion à l’échelle mondiale. Si expansion est parfois synonyme de croissance de l’emploi, voire de pénurie de main-d’œuvre pour les équipages, la férocité de la concurrence peut avoir de graves conséquences pour l’ensemble des travailleurs dans ce sous-secteur. Les transporteurs continuent en effet de chercher à réduire leurs coûts de main-d’œuvre, en diminuant la taille des équipages, en augmentant la charge de travail, ainsi qu’en réduisant les salaires et les avantages sociaux. Les transporteurs aériens à rabais menacent d’ailleurs les lignes établies de longue date comme Air Canada. Sur le plan de la réglementation, les transporteurs exercent de fortes pressions pour réduire leur encadrement, pour affaiblir la protection dont bénéficient les marchés intérieurs et pour obtenir le transfert de la gestion de la sécurité aux entreprises. Leurs efforts pourraient permettre l’instauration d’un environnement « à ciel ouvert » qui permettrait aux transporteurs étrangers de desservir nos marchés intérieurs et à des compagnies portant des pavillons de complaisance de voir le jour dans des marchés déréglementés où les salaires sont bas. L’industrie canadienne du transport aérien serait radicalement transformée.

Un récent rapport sur la Loi sur les transports au Canada (LTC) réclame du gouvernement fédéral qu’il modernise le transport ferroviaire, le transport maritime et l’aviation commerciale, afin que le Canada puisse être « concurrentiel » dans un environnement de libre-échange. Ce rapport favorable à la grande entreprise recommande de privatiser les aéroports et de progresser vers un environnement « à ciel ouvert ». Le gouvernement libéral s’est dit favorable à ces idées. Récemment, il a accordé à deux transporteurs aériens à très faible coût une dérogation à la limite fixée pour la propriété étrangère des entreprises aériennes canadiennes, question que ces deux transporteurs à rabais puissent « capitaliser » leur entreprise en démarrage. Ces concurrents à rabais, non syndiqués, vont diminuer notre contrôle sur le marché intérieur et accentuer la pression à la baisse sur les salaires et les conditions de travail, particulièrement chez les lignes de « vacances-voyage » comme Air Transat, Sunwing et Air Canada rouge.

Heureusement, le renouvellement des conventions collectives des lignes aériennes représentées par le SCFP sera complété avant l’entrée en activité de ces nouveaux concurrents. Les augmentations de salaire obtenues jusqu’à date varient entre le taux d’inflation et deux pour cent. Pour l’essentiel, les règles de travail demeurent inchangées, avec même quelques améliorations. Si le SCFP a réussi à maintenir de meilleurs ratios agent de bord par passagers chez Air Canada et Air Transat, plusieurs lignes utilisent maintenant le ratio du 1 pour 50. Les agents de bord à l’emploi de ces lignes aériennes font d’ailleurs état d’un relâchement de la sécurité, d’une intensification du travail et d’une augmentation des cas d’épuisement professionnel.

Le projet de loi C-27 sur les régimes de retraite des entreprises sous juridiction fédérale menace les travailleurs du secteur fédéral, y compris ceux qui cotisent au régime à prestations déterminées d’Air Canada. Ce projet de loi compliquera aussi nos efforts en vue d’améliorer la sécurité financière à la retraite des autres agents de bord que nous représentons.

La Division du transport aérien s’est dotée d’un comité d’action politique, une première. Il mène présentement une campagne intitulée En avion, en sécurité pour réclamer l’abandon du ratio du 1 pour 50 et l’encadrement de problèmes émergents de santé-sécurité du travail, comme le rayonnement cosmique et les vapeurs toxiques.

Les participants ont échangé de l’information sur les campagnes fructueuses menées dans le secteur pour faire respecter le droit à la négociation, sur l’action politique et sur la communication avec les membres (en personne et par l’entremise des réseaux sociaux).

Les avantages de la syndicalisation pour les travailleurs du secteur des transports sont clairs. Malgré les pressions exercées par les employeurs, nous avons réussi à protéger des gains acquis durement et depuis longtemps, particulièrement pour les membres à l’emploi des lignes aériennes plus anciennes comme Air Canada. Grâce à nos revendications politiques, nous sommes aussi parvenus à influencer le cadre réglementaire. Malheureusement, la concurrence des transporteurs à rabais et les pressions en faveur de la privatisation du transport collectif, des routes municipales et des autoroutes constituent des menaces sérieuses. Pour préserver les standards actuels, il faut absolument syndiquer les agents de bord qui ne le sont pas. Dans les sous-secteurs du transport collectif et de l’entretien des routes et autoroutes, il faut absolument continuer de lutter contre la privatisation et poursuivre les efforts pour que tous les services soient de nouveau publics.