Les négociateurs de la Société d’aide à l’enfance (SAE) de Nipissing et Parry Sound viennent de laisser passer leur meilleure chance de régler le conflit de travail avec les 140 employés en lock-out représentés par le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP). Ce faisant, ils amplifient le risque d’une tragédie pour les enfants et les adolescents vulnérables.
Cette déclaration vient de Bev Patchell, coordonnatrice en services sociaux au SCFP, qui menait les négociations pour le syndicat jusqu’à la rupture des pourparlers, vers 23 heures hier soir.
Après plusieurs semaines de militantisme de la part des membres du SCFP 2049, le syndicat avait proposé une reprise des négociations, dans l’espoir de mettre un terme au lock-out qui perdure depuis presque onze semaines. Or, malgré les efforts et le bon vouloir du syndicat, le lock-out déclenché en décembre va se poursuivre, la SAE faisant preuve de trop de rigidité.
« Le syndicat a proposé deux options pour résoudre ce conflit de travail, explique Mme Patchell, mais l’employeur refuse tout compromis. À ce stade, son intransigeance menace littéralement la vie d’enfants et d’adolescents dans le nord de la province. »
« De nombreuses sources au sein de la collectivité nous informent que les services de protection de l’enfance sont dans un état désastreux dans les régions de Nipissing et de Parry Sound, poursuit-elle. Les négociateurs patronaux le savent certainement. Pourtant, ils demeurent inflexibles. »
Mme Patchell raconte que les travailleurs de la protection de l’enfance actuellement en lock-out entendent de tristes anecdotes tous les jours sur la ligne de piquetage : le sort des familles dont le projet d’adoption est en suspens ; la détresse de mères qui n’ont pas pu voir leur poupon depuis plusieurs semaines ; le désespoir de familles d’accueil surmenées par leur mandat crucial et privées de soutien.
« Mes collègues et moi sommes déçus, admet la présidente du SCFP 2049, Debbie Hill, mais surtout nous craignons pour les familles que nous servons. Nous avions confiance en cette reprise des négociations, nous pensions pouvoir faire une percée. »
« Nous savons que nos propositions élicitent de gros appuis, à l’intérieur du syndicat comme à l’extérieur, poursuit-elle, parce qu’elles permettraient d’assurer la sécurité des enfants tout en reconnaissant les problèmes sociaux. »
« C’est pourquoi nous avions préparé une offre qui tenait compte des préoccupations des deux parties. Et nous l’avons fait uniquement dans le but de mettre fin à ce lock-out. »
Mme Hill souligne que la SAE de Nipissing et Parry Sound avait la possibilité de lever le lock-out : « il suffisait que ses dirigeants aient la moindre intention de négocier avec nous. Au contraire, coup après coup, ils ont préféré formuler des exigences et servir des ultimatums. »
Le syndicat envisage maintenant d’autres stratégies pour mettre fin au lock-out. « La discrétion c’est terminée », conclut Mme Hill.