Ce profil offre aux membres du SCFP des renseignements sur leur secteur de travail, et ce, dans une perspective nationale. Vous trouverez tous nos profils sectoriels et de plus amples renseignements sur le site scfp.ca.
SURVOL
Le SCFP représente 63 000 membres appartenant à plus de 230 unités de négociation dans le secteur de l’éducation postsecondaire.
Les membres du SCFP occupent divers emplois dans les universités, les collèges et les associations étudiantes. Nous représentons des chargé(e)s de cours, des chercheuses et des chercheurs, des assistant(e)s à l’enseignement et des technicien(ne)s de laboratoire. Le SCFP représente aussi les employés(e) de soutien qui s’occupent des terrains et des édifices, des bibliothèques, des services alimentaires, de l’entretien, de l’informatique et de l’administration.
Avant la pandémie de COVID-19, plus de 430 000 personnes travaillaient dans les collègues, les universités et les établissements de formation professionnelle et commerciale du Canada. Le SCFP occupe une grande place dans les universités, où il représente le personnel non professoral. Le SCFP a beaucoup moins de membres au collégial, mais nous en comptons un nombre important dans les collèges de la Colombie-Britannique et les cégeps du Québec.
LES ENJEUX
Le financement
L’éducation postsecondaire est constamment sous-financée par les gouvernements fédéral et provincial, même si les faits démontrent largement que tout investissement dans ce secteur est rentable pour le bien-être socioéconomique du pays.
Les subventions gouvernementales aux universités, aux collèges et aux cégeps sont en chute libre depuis les années 1980. En 1982, elles représentaient 83 % des revenus d’exploitation des universités. Aujourd’hui, cette proportion atteint seulement 50 %. La contribution fédérale par étudiant(e), ajustée en fonction de l’inflation, est passée de 3291 dollars en 1992-1993 à seulement 2020 dollars en 2016-2017.
La différence est compensée par l’augmentation des frais de scolarité, la précarisation des emplois, ainsi que les dons et les contrats privés.
Au cours des 30 dernières années, en tenant compte de l’inflation, les frais de scolarité au premier cycle universitaire ont doublé. Les frais afférents ont également presque doublé. Les gouvernements aident directement les étudiant(e)s à payer leurs frais de scolarité, en offrant des subventions, des prêts, des bourses d’études et des crédits d’impôt, mais une grande partie de ce financement est mal ciblé ou versé plus tard, les gens étant forcés de payer à l’avance et d’attendre un crédit d’impôt ou une remise de prêt qui viendra dans un an, voire beaucoup plus tard.
Le financement des universités québécoises provient du gouvernement provincial (49,9 %), du gouvernement fédéral (20,9 %), des étudiant(e)s (16,4 %) et d’autres sources (12,9 %). Dans le cadre du Plan d’action pour la réussite en enseignement supérieur 2021-2026, le gouvernement du Québec alloue 450 millions de dollars supplémentaires sur cinq ans.
Cependant, la plupart des provinces ont effectué de nouvelles compressions. En Alberta, le gouvernement conservateur a réduit le financement de tous les établissements postsecondaires dans tous les domaines. En Saskatchewan, alors que le budget 2021-2022 incluait une augmentation de financement, celui de 2022-2023 a signifié le retour aux gels ou aux réductions des budgets des établissements postsecondaires par le gouvernement du Parti de la Saskatchewan. À Terre-Neuve-et-Labrador, le gouvernement a annoncé d’importantes réductions au budget de l’Université Memorial. De plus, le gouvernement entend permettre une augmentation des frais de scolarité qui sont gelés depuis dix ans. En Nouvelle-Écosse, les frais de scolarité continuent d’augmenter et demeurent parmi les plus élevés au pays.
La précarité d’emploi
La diminution du financement gouvernemental et la mentalité de plus en plus mercantile des administrations collégiales et universitaires contribuent à accroître la dépendance des établissements envers l’emploi précaire. Les recherches du SCFP montrent que 54 % des nominations professorales dans les universités canadiennes sont contractuelles plutôt que permanentes. Le travail à temps partiel, occasionnel et temporaire augmente aussi dans les postes de soutien. Dans certains cas, les collèges et les universités ont recours à l’attrition pour contourner les articles de convention collective empêchant les licenciements, afin de remplacer les postes permanents par des postes occasionnels et temporaires.
Les établissements postsecondaires du Canada ont été durement touchés par la pandémie de COVID-19. La plupart des campus au pays ont rouvert à l’automne 2021, après plus d’un an de cours en ligne et un ralentissement considérable des activités de recherche. Pendant cette période, le personnel de soutien des services alimentaires, de la maintenance, des opérations, des bibliothèques et de l’entretien a été redéployé, mis en congé ou licencié. Les chargé(e)s de cours ont perdu leurs contrats de l’été et de l’automne.
La sous-traitance et la privatisation
La privatisation ou la sous-traitance des services sont deux autres tactiques prisées par les administrations collégiales et universitaires. La majorité des établissements postsecondaires canadiens ont recours à la sous-traitance. Certains confient en sous-traitance des secteurs entiers, comme la restauration ou l’entretien, à des entreprises qui versent des salaires très bas et offrent de piètres avantages sociaux.
Le rapport du SCFP intitulé Qui paie ? Le coût de la sous-traitance dans les établissements postsecondaires canadiens relève que 83,7 % des établissements ont confié en sous-traitance une partie ou la totalité de leurs services d’alimentation, tandis que 61 % l’ont fait pour une partie ou la totalité des services d’entretien. Les deux services ont été confié en sous-traitance dans la moitié des cas. Or, la sous-traitance a de graves répercussions sur la main-d’œuvre. Le rapport souligne qu’elle prive les travailleuses et les travailleurs de plus de 1000 dollars par mois en salaire, sans tenir compte du régime de retraite, des congés de maladie et des autres avantages sociaux.
La privatisation s’étend même à l’enseignement. Dans plusieurs universités, des collèges à but lucratif offrent des cours qui peuvent servir ensuite à obtenir un diplôme dans une université publique. De plus, quelques collèges à but lucratif ont également signé des accords leur permettant d’émettre un diplôme au nom d’un collège recevant du financement public.
De nombreuses sections locales du SCFP luttent contre la sous-traitance des services que fournissent leurs membres. Au Nouveau-Brunswick, une section locale de concierges a perdu son accréditation en raison d’un transfert de contrat en 2020-2021. En Ontario, le SCFP a réussi à rapatrier à l’interne des services universitaires offerts par des sous-traitants, notamment le soutien académique, l’alimentation, le nettoyage et la maintenance.
La « corporatisation »
La diminution du financement public amène de nombreux établissements d’enseignement postsecondaire à accepter les dons d’entreprises et les conditions qui y sont assorties. Dans certains cas, on parle même d’un contrôle sur les embauches et les renvois, les résultats de recherche et les programmes d’études. En raison du manque de transparence de nombreux collèges et universités, le public ne sait pas si le donateur a obtenu ou non du contrôle sur le personnel ou les processus académiques.
La direction et l’administration des établissements sont également de plus en plus corporatistes. Les dirigeant(e)s d’entreprise occupent une place croissante dans les conseils d’administration. En Ontario, les gens d’affaires y sont maintenant plus nombreux que les universitaires et les personnes externes. Dans de nombreuses écoles, le nombre de nominations à la haute direction est en augmentation, tout comme la rémunération. Au printemps 2022, le gouvernement de la Saskatchewan a adopté le projet de loi 61, qui pourrait conduire à un « financement fondé sur la performance ». Les établissements postsecondaires ont également conclu un protocole d’entente avec le gouvernement qui lie le financement à la génération de revenus et exige la prise en compte de sources et de modèles de financement privés et à but lucratif.
La santé-sécurité au travail
De nombreux campus ont rouvert pendant la pandémie. Le SCFP a veillé à ce que les employeurs et les membres continuent de mettre en œuvre des pratiques exemplaires pour prévenir l’exposition à la COVID-19 au travail. Toutefois, en Ontario, les universités ont rouvert leurs portes sans consulter les syndicats. La Loi sur la réouverture de l’Ontario a été modifiée pour permettre aux universités de fonctionner sans distanciation dans les salles de classe. En Colombie-Britannique et dans d’autres provinces, le secteur a dû composer avec diverses problématiques, notamment le port du masque et la vaccination obligatoires, le dépistage rapide et le fait que les étudiant(e)s ont été parmi les derniers à avoir accès aux vaccins.
La violence et le harcèlement sexuels
Tout le monde a le droit de travailler, de vivre et d’apprendre dans un environnement sécuritaire. La violence et le harcèlement sexuels sont des questions graves qui touchent l’ensemble des membres du milieu de travail, du syndicat et de la communauté universitaire.
Le SCFP s’est engagé à combattre et à prévenir la violence sexuelle dans nos milieux de travail. Il existe des facteurs spécifiques aux établissements postsecondaires qui doivent être pris en considération. Le SCFP a préparé des outils sur la violence et le harcèlement sexuels dans le secteur afin d’aider les exécutifs locaux, les personnes déléguées syndicales et les membres à prévenir ces fléaux.
En Ontario, une consultation du ministère des Collèges et des Universités a montré que le gouvernement cherche à imposer des mesures plus punitives au lieu de bâtir une culture du consentement dans les campus. En 2021, l’Ontario a interdit aux universités de demander aux étudiant(e)s victimes d’agression ou de violence sexuelles de divulguer si elles ou ils étaient en état d’ébriété au moment des faits.
LES NÉGOCIATIONS
Les salaires et les avantages sociaux
La diminution du financement gouvernemental a également des répercussions importantes sur les salaires, les avantages sociaux et les conditions de travail des travailleuses et des travailleurs, y compris les membres du SCFP. La précarité d’emploi, la sous-traitance, la privatisation et la « corporatisation » sont tous en hausse. Les rondes de négociations sont difficiles en raison du sous-financement. Malgré tout, et dans le contexte de la pandémie et de l’augmentation du coût de la vie, le SCFP se bat pour obtenir des salaires équitables, des conditions de travail stables et l’accès à un régime de retraite et à des avantages sociaux.
En Alberta, le Parti conservateur uni a imposé aux établissements postsecondaires deux ans de gel salarial (commençant le 1er juillet 2021 et 2022), puis des hausses de 1,25 % au 1er avril 2023 et de 1,5 % au 1er décembre 2023. À cela s’ajoute une augmentation maximale de 0,5 % assujettie à une formule de partage des gains qui est rattachée au produit intérieur brut réel de l’Alberta.
En Saskatchewan, la priorité va à la négociation de meilleurs salaires, d’horaires de travail stables et de meilleures conditions de travail pour les assistant(e)s aux installations et aux programmes (FAPA).
Certaines sections locales de la Colombie-Britannique ont compensé les mises à pied temporaires en obtenant un supplément à la PCU, ce qui a permis à leurs membres de conserver leur statut d’emploi et leurs avantages sociaux. Lors de leurs négociations, les sections locales universitaires de la Colombie-Britannique se concentreront sur les salaires et l’augmentation significative de l’IPC et du coût de la vie.
Le recrutement
Le SCFP a connu quelques succès en matière de recrutement, notamment, en 2020, chez le personnel enseignant des programmes internationaux du New College de l’Université de Toronto. Nous avons mené des campagnes de syndicalisation à l’Université Concordia à Edmonton, auprès des chargé(e)s de cours à l’Université de Waterloo, ainsi qu’auprès du personnel à temps partiel du service des activités de l’association étudiante de l’Université de Western Ontario.
Les régimes de retraite
Dans les universités, la plupart des régimes de retraite sont offerts par l’employeur. Au collégial, la plupart des régimes, qui ont été créés et sont régis par une loi provinciale, regroupent plusieurs employeurs. La plupart des régimes du secteur sont à prestations déterminées. Depuis la récession de 2008, les employeurs attaquent ces régimes, tentant d’en réduire les prestations ou d’en transférer le risque au personnel, notamment en transformant les régimes à prestations déterminées en régimes à cotisations déterminées ou à prestations cibles.
Trois universités ontariennes (Guelph, Toronto et Queen’s) ont mis sur pied l’UPP, un régime de retraite multi-employeurs parrainé conjointement. Le personnel du SCFP et les exécutifs locaux se sont assurés que ce nouveau régime continuera de garantir aux membres la sécurité financière à la retraite. Alors que de plus en plus d’universités réexaminent leurs régimes de retraite, plusieurs autres sections locales du SCFP pourraient se retrouver à négocier une adhésion à l’UPP avec leur employeur. Le SCFP travaillera avec elles pour qu’elles aient une voix forte dans ces pourparlers.
À Terre-Neuve, l’Université Memorial s’oriente vers la mise en place d’un parrainage et d’un contrôle conjoints de son régime de retraite.
LES CAMPAGNES
La pandémie de COVID-19 a mis en lumière des problèmes de longue date au sein du système d’éducation postsecondaire du Canada, nommément le sous-financement qui affecte aussi la recherche, la hausse du coût de l’éducation et la « corporatisation ».
La pandémie a également exposé la vulnérabilité des étudiant(e)s internationaux. En plus de payer des frais de scolarité trois à quatre fois supérieurs à ceux de la clientèle canadienne, ces personnes ont dû choisir entre rester au Canada sans soutien économique ou rentrer dans leur pays d’origine, probablement sans possibilité de revenir au Canada pour un certain temps.
Le SCFP a lancé la campagne L’éducation pour toutes et tous pour demander au fédéral, aux provinces et aux territoires de collaborer afin d’élaborer un plan national pour une éducation accessible, de grande qualité et financée par les gouvernements.
Nous recommandons une augmentation du financement fédéral d’au moins trois milliards de dollars et l’indexation de ce financement en fonction de l’inflation et de l’augmentation des inscriptions. Les gouvernements doivent également éliminer les intérêts sur le remboursement des prêts étudiants, en plus de diminuer les frais de scolarité en vue de les éliminer éventuellement. Enfin, il faut limiter le recours aux contrats précaires, à la sous-traitance et à la privatisation dans le secteur.
L’éducation pour toutes et tous est un projet conjoint du SCFP, de l’Association canadienne des professeures et professeurs d’université, de la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants, de l’Alliance de la fonction publique du Canada et du Syndicat national des employées et employés généraux de la fonction publique. Nos effectifs combinés totalisent plus d’un million de membres. Ces étudiant(e)s, ces travailleuses et ces travailleurs prônent un système d’éducation postsecondaire plus abordable, plus accessible, de meilleure qualité et financé par les gouvernements.
Une campagne locale de sensibilisation aux problèmes de santé mentale et aux ressources en santé mentale est en cours en Saskatchewan. En Colombie-Britannique, une campagne à frais partagés lancée en octobre 2021 a généré plus d’un million de visionnements.