Survol
Les membres du SCFP qui travaillent dans ce secteur occupent divers postes : éducatrices et éducateurs de la petite enfance, aides-éducateurs ou aides-éducatrices, cuisinières et cuisiniers, et préposé(e)s à l’entretien ménager. Les unités de négociation sont habituellement petites, mais certaines représentent plusieurs secteurs. Ces membres ont généralement des salaires peu élevés et travaillent pour des conseils scolaires, des employeurs à but lucratif, des municipalités et des organismes sans but lucratif dirigés par des bénévoles.
- Nombre de membres travaillant en éducation à la petite enfance ou dans des services de garde en milieu scolaire : 12 000
- Nombre d’unités de négociation : 195
Le SCFP représente plus de 3 000 membres travaillant dans des centres de services éducatifs à la petite enfance. Il représente aussi plusieurs éducatrices et éducateurs de la petite enfance dans d’autres secteurs, comme l’éducation et les services municipaux. Le SCFP compte notamment plus de 3 300 membres à l’emploi de conseils scolaires. Ces membres travaillent dans les classes de prématernelle et de maternelle, de même que dans les services de garde en milieu scolaire. Plusieurs municipalités ont leur propre réseau de services éducatifs à la petite enfance; le SCFP représente environ 5 000 membres y travaillant. Il compte aussi près de 500 membres qui offrent des services éducatifs à la petite enfance en milieu collégial ou universitaire. Enfin, le SCFP représente le personnel de plusieurs agences multiservices qui offrent des services éducatifs à l’enfance.
En tout, le SCFP représente environ 12 000 membres dans ce secteur, qui se trouvent dans toutes les provinces, sauf à l’Île-du-Prince-Édouard et au Nouveau-Brunswick, où ce secteur est très peu syndiqué.
ENJEUX
Plan pancanadien d’apprentissage et de garde des jeunes enfants
Dans le budget fédéral de 2021, le gouvernement du Canada annonçait son plan pancanadien pour l’apprentissage et la garde des jeunes enfants. Ce plan, qui représente une victoire durement acquise à la suite de décennies de revendications de la part de membres du SCFP, de militant(e)s du milieu et d’organisations de femmes, comprenait une enveloppe de 30 milliards de dollars pour ramener les frais payés par les parents à une moyenne de 10 $ par jour dans tout le pays.
Ce programme constitue l’engagement financier et politique fédéral le plus important à ce jour en matière de services éducatifs à la petite enfance. Grâce à lui, les fournisseurs du secteur ont reçu pour la première fois un financement public substantiel.
Le gouvernement fédéral a également négocié des accords bilatéraux sur cinq ans avec chaque province et territoire dans le cadre de ce programme. En mars 2025, il a alloué 20 milliards de dollars supplémentaires pour prolonger ces accords jusqu’en 2030-2031, prévoyant une augmentation annuelle du financement de 3 % pour suivre l’inflation. L’Alberta, la Saskatchewan et l’Ontario sont les seules provinces à ne pas encore avoir signé la prolongation de leur accord.
Depuis l’entrée en vigueur du programme, six provinces et territoires ont réussi à ramener les frais à une moyenne de 10 $ par jour : le Nunavut, la Saskatchewan, le Manitoba, le Québec, l’Île-du-Prince-Édouard et Terre-Neuve-et-Labrador. La plupart des parents au Nouveau-Brunswick, en Alberta et en Ontario paient des frais fixes qui ont beaucoup diminué depuis la mise en place du programme fédéral, mais qui demeurent plus élevés que l’objectif de 10 $ par jour. Ailleurs au pays, les frais varient considérablement, allant de 9 $ par jour dans certains établissements publics du Québec à plus de 46 $ par jour pour les nourrissons en Colombie-Britannique.
Le plan contient aussi d’autres objectifs généraux visant l’établissement d’un système universel de services éducatifs à la petite enfance, notamment :
- Créer 250 000 nouvelles places dans tout le pays et soutenir l’expansion des services sans but lucratif.
- Garantir un investissement dans les salaires et la formation des éducatrices et éducateurs de la petite enfance, ce qui favorisera par le fait même la qualité des services.
- Améliorer l’accès à des services de qualité, inclusifs et culturellement adaptés (ex. améliorer l’accessibilité physique des centres, investir directement dans des programmes autochtones).
Malheureusement, les progrès sont très variables. Entre 2021 et 2024, par exemple, le nombre de places réglementées pour les enfants âgés de 0 à 12 ans a augmenté de 191 771. Il s’agissait d’une belle réussite, mais c’était loin d’être suffisant. Il y avait déjà très peu de places en 2021 en raison de la fermeture d’un grand nombre de centres et des mises à pied massives pendant la pandémie; or, la réduction des frais ainsi que le retour au travail en personne de bien des parents ont fait augmenter la demande.
La plupart des provinces et territoires ont pris des mesures pour augmenter les salaires et les avantages sociaux dans le secteur, sans que ce soit suffisant pour remédier à la pénurie de personnel. En date de 2025, huit provinces et territoires ont mis en place des grilles salariales qui fixent le salaire minimum de l’ensemble des éducatrices et éducateurs de la petite enfance. Dans la plupart des cas, ces grilles ont entraîné une hausse du salaire initial. Toutefois, certaines grilles ont fixé un salaire de base trop faible ou n’ont pas prévu d’augmentations salariales régulières, et risquent donc de ne pas offrir des salaires équitables à long terme et de ne pas résoudre les difficultés de maintien en poste. La majorité des grilles salariales a été élaborée sans consultations des travailleuses et travailleurs. Leur droit à la négociation collective est compromis lorsque les gouvernements fixent unilatéralement les salaires, et c’est particulièrement le cas quand les taux salariaux sont considérés comme des plafonds plutôt que des planchers.
Les militant(e)s du milieu s’inquiètent également de l’expansion des centres à but lucratif. Des entreprises mondiales de services éducatifs à la petite enfance cherchent à prendre de l’expansion dans des pays comme le Canada, et les provinces capitulent devant leurs demandes. À titre d’exemple, le gouvernement de l’Ontario a supprimé le plafonnement des bénéfices et les exigences en matière de vérification financière, en plus de réduire la surveillance des dépenses des fournisseurs pour favoriser la participation des exploitants à but lucratif. D’autres provinces, comme la Nouvelle-Écosse, n’offrent du financement qu’aux fournisseurs sans but lucratif qui ont réduit leurs frais et adhéré au cadre de rémunération provincial pour les éducatrices et éducateurs de la petite enfance. Cependant, elles permettent aux exploitants à but lucratif d’accéder au financement public s’ils respectent les mêmes règles provinciales.
Les spécialistes des systèmes publics et universels de services éducatifs à la petite enfance soulignent que les exploitants privés maintiennent les salaires bas et qu’ils sont moins susceptibles d’offrir des services accessibles, équitables et de qualité. Les militant(e)s du milieu insistent pour que les provinces établissent des exigences de reddition de comptes pour les subventions versées aux exploitants. Ils souhaitent aussi que le gouvernement fédéral présente un plan détaillé pour l’expansion des établissements publics et sans but lucratif.
À l’échelle du secteur, le SCFP continuera de promouvoir la prestation publique de services éducatifs et de garde à l’enfance universels et accessibles, ainsi que l’amélioration des salaires, des avantages sociaux et des conditions de travail.
Syndicalisation
Le taux de syndicalisation est faible dans le secteur. En date de 2024, seulement 27 % des employé(e)s en éducation à la petite enfance et dans les services de garde étaient membres d’un syndicat. C’est au Québec que le taux de syndicalisation est le plus élevé, où plus de la moitié des travailleuses et travailleurs du milieu sont syndiqués. L’Île-du-Prince-Édouard et le Nouveau-Brunswick ont les plus faibles taux de syndicalisation du secteur; ceux-ci sont d’ailleurs quasi nuls. Le personnel syndiqué a un meilleur accès à des régimes de retraite, travaille dans de meilleures conditions, est mieux rémunéré et bénéficie d’autres avantages sociaux. Au Canada, le SCFP est le plus grand syndicat dans le secteur des services éducatifs et de garde à l’enfance.
Salaires
Les salaires sont insuffisants dans le secteur. En date de 2024, le salaire médian en éducation à la petite enfance au Canada était de 23 $ l’heure. La syndicalisation change la donne : le salaire médian d’un(e) employé(e) syndiqué(e) surpasse de 4 $ celui d’un(e) employé(e) non syndiqué(e). Les travailleuses et travailleurs en éducation à la petite enfance qui sont membres d’un syndicat peuvent donc s’attendre à recevoir un revenu annuel brut dépassant d’au moins 8 000 $ celui de leurs homologues non syndiqué(e)s. Ainsi, la différence de salaire totale entre deux personnes faisant carrière dans ce secteur, l’une syndiquée et l’autre non, peut surpasser le quart de million de dollars.
Travailler pour le secteur public est également avantageux. Le salaire médian des travailleuses et travailleurs syndiqués dans le secteur public est de 5,47 $ plus élevé que celui du personnel non syndiqué dans le secteur privé, ce qui représente plus de 11 000 $ en revenu annuel brut et près de 400 000 $ sur une carrière.
Il est important de noter qu’il s’agit de salaires médians et que certain(e)s employé(e)s syndiqué(e)s gagnent beaucoup plus. Le SCFP a déjà négocié des salaires supérieurs à 45 $ l’heure, ce qui représente un revenu annuel surpassant de plus de 45 000 $ celui des employé(e)s recevant 22 $ l’heure (le salaire médian des travailleuses et travailleurs non syndiqués).
Régimes de retraite
Le pourcentage de travailleuses et travailleurs du secteur ayant accès à un régime de retraite est plutôt faible. Il augmente néanmoins depuis l’entrée en vigueur du plan d’apprentissage et de garde des jeunes enfants pancanadien. En 2024, la Nouvelle-Écosse a commencé à financer des cotisations patronales dans un régime de retraite à prestations déterminées pour l’ensemble des éducatrices et éducateurs de la petite enfance travaillant dans des centres réglementés de la province. L’Île-du-Prince-Édouard finance également un régime de retraite pour les travailleuses et travailleurs des centres réglementés, mais il s’agit d’un régime à cotisations déterminées. Pour sa part, le Manitoba offre depuis 2010 une subvention aux employeurs pour qu’ils contribuent aux régimes de retraite de leurs employé(e)s. Au Québec, le personnel en éducation à la petite enfance qui travaille dans des centres directement financés par la province participe à un régime à prestations déterminées. En dehors de ces provinces, l’accès aux régimes de retraite varie selon l’employeur. Les régimes de retraite sont beaucoup plus fréquents dans les milieux syndiqués. Plus de la moitié des membres du SCFP du secteur ont accès à un régime de retraite agréé.
NÉGOCIATIONS
Le SCFP a mis en place des structures et élaboré des stratégies pour améliorer la coordination dans le secteur, renforcer le pouvoir de négociation et mener des campagnes plus efficaces. En Nouvelle-Écosse, le SCFP s’est associé à des partenaires pour mener une campagne ayant abouti à l’établissement de normes de travail et à des salaires financés par la province pour le personnel en éducation à la petite enfance. En Ontario, les membres du SCFP du secteur sont représenté(e)s au comité des employé(e)s des services sociaux et appuient la coalition provinciale pour les services éducatifs à la petite enfance. À Toronto, une grande section locale du SCFP regroupe 350 membres dans 30 établissements. À Ottawa, une section locale représente, à une seule table de négociation, plus de 400 travailleuses et travailleurs en éducation à la petite enfance dans 13 centres. En Ontario, une section locale représente l’ensemble du personnel des centres à but lucratif Kids & Company dans toute la province. Au Manitoba, une section locale représente environ 100 membres qui travaillent dans 5 centres. Enfin, bien que le SCFP représente peu de sections locales dans ce secteur en Colombie-Britannique, celles-ci participent à la table de négociation provinciale pour les services communautaires. Néanmoins, sauf à Ottawa, à Toronto et en Colombie-Britannique, la négociation coordonnée est rare.
Les services sans but lucratif subissent des pressions énormes. Malgré la nécessité de remporter des gains majeurs, les employeurs poussent pour obtenir des concessions, notamment en proposant des clauses de disparité de traitement pour les nouvelles embauches et le personnel occasionnel.
CAMPAGNES
Le SCFP est très impliqué dans diverses campagnes de soutien aux services éducatifs à la petite enfance menées en collaboration avec de nombreux organismes, notamment Un Enfant Une Place.
Pendant la pandémie de COVID-19, des membres de partout au pays ont fait campagne pour dénoncer la fermeture de centres de services éducatifs à la petite enfance et appuyer les fournisseurs qui peinaient à conserver leur personnel et à en recruter. Les membres du SCFP ont dénoncé les décisions des conseils municipaux de fermer leurs établissements et de licencier du personnel en raison des pressions financières exercées sur les budgets municipaux.
Depuis la mise en place du plan d’apprentissage et de garde des jeunes enfants pancanadien, le SCFP continue de mettre en lumière les problèmes qui touchent le personnel du secteur. Dans sa campagne Pleins feux sur l’éducation à la petite enfance, le SCFP demandait au gouvernement fédéral de financer une stratégie nationale de la main-d’œuvre et de collaborer avec les provinces et les territoires pour améliorer les salaires et les conditions de travail dans le secteur.
En Ontario, le SCFP s’est associé à divers partenaires, dont la Coalition ontarienne pour de meilleurs services éducatifs à l’enfance, dans le cadre de la campagne Les services de garde valent plus, qui réclame des jours de maladie payés, des occasions de perfectionnement professionnel, un plancher salarial décent et du temps de planification rémunéré. En Colombie-Britannique, où le nombre de places ne répond qu’à environ 25 % des besoins, de nombreux parents se retrouvent sans options ou voient leurs enfants ballottés d’une installation à l’autre pendant la journée. Le SCFP fait campagne pour offrir des services de garde en milieu scolaire universels et de qualité.
L’intégration de services de garde en milieu scolaire, par l’entremise du modèle de journées continues d’apprentissage et de garde, augmenterait considérablement la disponibilité des services tout en offrant un système d’éducation à valeur ajoutée et de très haute qualité pour les jeunes enfants.
Le SCFP a mis beaucoup d’efforts pour contrer la privatisation, en particulier dans les campagnes ciblant les grandes entreprises à but lucratif qui menacent le développement d’un réseau national public de services éducatifs à l’enfance.
Le secteur des services éducatifs et de garde à l’enfance du SCFP soutient la campagne pour les droits des personnes migrantes. Le SCFP reconnaît la nécessité d’offrir un statut aux personnes migrantes et d’améliorer leurs conditions de travail, et l’interdépendance de ce dossier et des enjeux qui touchent les services éducatifs à l’enfance.