Ce profil offre aux membres du SCFP des renseignements sur leur secteur de travail, et ce, dans une perspective nationale. Vous trouverez tous nos profils sectoriels et de plus amples renseignements sur le site scfp.ca.
Survol
Au Canada, le secteur de la production, du transport et de la distribution d’électricité emploie directement 97 000 personnes.
Le SCFP représente plus de 32700 travailleuses et travailleurs dans le secteur de l’énergie en Alberta, en Ontario, au Manitoba, au Québec et dans les sociétés d’État fédérales. Ces membres exercent des métiers spécialisés, s’occupent de la maintenance, du service à la clientèle, de la comptabilité, de l’administration, de la facturation et de la tenue de dossiers, des communications, de la rédaction, travaillent dans le sous-secteur de l’énergie atomique, dans des centres d’appels, comme programmeuses et programmeurs-analystes, technologues, monteuses et monteurs de ligne, techniciennes et techniciennes ainsi que commis de bureau.
La majorité de nos membres contribuent à la production, à la distribution et au transport de l’électricité pour le compte d’entreprises publiques et privées.
Les membres du secteur couverts par les conventions collectives du SCFP se répartissent comme suit:
- 600 en Alberta
- 15500 en Ontario
- 800 au Manitoba
- 15750 au Québec
- plusieurs centaines dans des sociétés d’État fédérales.
Les enjeux
La production d’électricité, les changements climatiques et la transition juste
Le Canada utilise plus d’électricité par personne que tout autre pays, mais la majeure partie de cette électricité est produite à partir de sources ne contribuant pas aux changements climatiques. Le Canada produit 3 % de l’électricité mondiale, alors que les Canadiens représentent 0,5 % de la population mondiale. Le Canada est un grand producteur d’électricité et un exportateur net d’électricité à faibles émissions.
La capacité de production totale en 2017 était de 145,213 gigawatts. La grande majorité de cette production (81 %) provient de sources à émissions faibles ou nulles :
- hydroélectricité : 60,38 %
- charbon et gaz naturel : 20,12 %
- nucléaire : 12,72 %
- éolien : 6,51 %
- solaire : 0,24 %
- autres : 0,03 %
L’électricité permet de répondre à 20 % des besoins énergétiques totaux du Canada.
Le Canada exporte également près de 50 térawattheures d’électricité propre aux États-Unis chaque année.
Le Canada a signé divers traités internationaux l’engageant à réduire sa dépendance aux énergies émettrices de gaz à effet de serre, notamment la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques de 2015. Ces ententes incluent l’élimination progressive de la production d’électricité par les centrales au charbon d’ici 2030. Cependant, un tel changement ne peut se faire sans une transition juste pour les travailleuses et travailleurs de la production d’électricité et leurs communautés. Les syndicats luttent pour que les gouvernements investissent dans la reconversion et le redéploiement de la main-d’œuvre touchée.
L’avenir de l’énergie à faible émission de carbone passe par l’électrification des infrastructures, une efficacité énergétique accrue et la production d’électricité à faible émission de carbone.
La privatisation
Partout au Canada, des subventions publiques versées à des investisseurs privés ont permis de développer la production d’énergie éolienne et solaire. Ces investissements privés ont toutefois fait augmenter la propriété privée en matière de production d’électricité.
Des provinces ont fait la promotion de projets solaires, éoliens et marémoteurs privés et coopératifs. Cette approche nuit aux services d’électricité publics et centralisés. Elle est synonyme d’inefficacités au chapitre de la production et de la distribution d’électricité, ce qui entraîne des augmentations inutiles des coûts et des tarifs.
Selon le SCFP, les emplois dans les énergies vertes devraient être publics afin d’assurer un avenir énergétique juste et efficace. Par conséquent, ce sont les gouvernements qui devraient investir dans la production, la distribution et le transport d’électricité pour répondre aux besoins de la population.
En Ontario, au Manitoba et au Québec, le secteur de l’énergie est de plus en plus menacé de privatisation en raison de la financiarisation et de la vente de services et d’infrastructures publics. À court terme, l’accélération de la « corporatisation » et de la sous-traitance des services publics sont les principales menaces qui pèsent sur les travailleuses et les travailleurs du secteur.
En Alberta, EPCOR, le service municipal d’utilité publique d’Edmonton, a vendu ses actifs au privé pour se retirer complètement de la production énergétique. EPCOR a par contre gardé le contrôle sur la distribution, le transport et les technologies sectorielles (signaux, compteurs, etc.). À l’inverse, ENMAX, une société détenue par la Ville de Calgary, a investi dans l’expansion de projets publics dans le solaire et l’éolien.
Au Québec, les sections locales du SCFP font campagne pour garder l’électricité sous contrôle public, notamment en réclamant que les nouveaux projets éoliens soient placés sous la responsabilité d’Hydro-Québec. La perte de nombreux emplois dans le secteur de l’énergie atomique causée par la fermeture de la centrale Gentilly-2 en 2012 (son démantèlement se poursuit) illustre la mauvaise planification du gouvernement québécois lorsque vient le temps d’assurer une transition juste et équitable à la main-d’œuvre et aux communautés affectées.
Une nouvelle tendance mondiale a fait son apparition en matière de privatisation d’actifs publics : le « recyclage d’actifs ». Cela consiste à monnayer et à commercialiser les actifs publics au profit d’intérêts privés. Ce « recyclage » prend diverses formes : contrats de vente, cession-bail, concession, franchise ou gestion d’infrastructures publiques par le privé. La privatisation par l’Ontario de sa société de transport Hydro One est un exemple de ce type de décision à courte vue qui permet à des gouvernements de percevoir des revenus immédiatement grâce à la privatisation, mais qui les privent d’une source de revenus à long terme. L’Ontario a versé l’argent de la vente d’Hydro One dans une fiducie d’actifs pour financer des projets d’infrastructure et « subventionner » les tarifs et les bénéfices des nouvelles entreprises privées créées.
Ce nouveau danger pour l’électricité publique s’ajoute aux avancées constantes de la privatisation dans le secteur de l’énergie. Afin de favoriser la privatisation, les gouvernements encouragent aussi les projets décentralisés de production d’énergie renouvelable du privé, le développement privé de nouvelles lignes à haute tension à des fins d’exportation, ainsi que la vente de compagnies municipales de distribution.
Au Royaume-Uni et dans une bonne partie de l’Europe, la majorité de la population appuie la renationalisation des services privatisés, dont les centrales électriques. Les appels à la renationalisation de l’électricité et des autres services publics se multiplient en Australie et dans plusieurs pays d’Afrique. Même chose pour les appels au resserrement de la réglementation et à la transition vers la production d’énergies renouvelables.
En Allemagne, en Espagne, au Royaume-Uni et en France, on a enclenché un processus de rapatriement à l’interne des services municipaux privatisés par le truchement de coopératives appartenant aux municipalités. Les syndicats australiens ont mené des campagnes très médiatisées contre la privatisation de la capacité de production tout en se concentrant sur les solutions de rechange à l’utilisation du charbon.
Sur la scène internationale, la privatisation des services publics et la commercialisation des tarifs d’électricité se poursuivent, même si les gens craignent les pannes et les fausses promesses des monopoles privatisés. La privatisation a fait exploser les coûts au Royaume-Uni, en Allemagne, en Australie, aux États-Unis, en Inde et au Nigéria.
Les négociations
Les structures de négociation
La réglementation des impacts de la production d’électricité sur l’environnement (cours d’eau servant à la production hydroélectrique, l’énergie atomique et le transport interprovincial, par exemple) relève du gouvernement fédéral. Tous les autres aspects du secteur sont de juridiction provinciale. En Ontario et en Alberta, la production, la distribution et le transport de l’électricité sont de ressort provincial, mais elles sont confiées à des sociétés régionales. Les structures de négociation suivent le même schéma.
Pour l’aider dans ses négociations, notre seule section locale au Manitoba échange informellement des renseignements avec les sections locales d’Unifor et de la FIOE. Au Québec, le SCFP participe à une coalition syndicale volontaire qui mène la négociation centralisée. En Alberta, une section locale du SCFP représente le personnel des services d’utilité publique et une autre, du secteur municipal, représente celui des services municipaux d’électricité.
En Ontario, on trouve plusieurs unités de négociation dans le domaine de l’électricité. Cependant, les conventions collectives d’Hydro One servent souvent de point de comparaison aux employeurs du provincial et des sociétés régionales de distribution. Les membres ontariens craignent qu’Hydro One et Ontario Power Generation recourent de plus en plus à des travailleuses et des travailleurs temporaires ou contractuels. Cette stratégie délibérée permet à ces sociétés de contrôler les coûts en offrant des salaires et des avantages sociaux moins généreux.
La rétention, le recrutement et la formation
Il est toujours difficile de convaincre les gouvernements de penser à moyen et à long terme pour assurer la rétention et le recrutement des travailleuses et des travailleurs de l’électricité.
Les changements démographiques dans le secteur ont entraîné de nombreuses nouvelles embauches, mais la pression à la baisse sur les salaires dans le secteur public rend le recrutement difficile.
En matière de santé et de sécurité, il faut former les nouveaux membres aux procédures modernes applicables à leur lieu de travail, que ce soit au bureau, à domicile, sur les lignes de transmission ou sur les sites de production d’énergie thermique, hydraulique ou nucléaire. Les sections locales du SCFP consacrent d’ailleurs des ressources considérables pour assurer la sécurité des travailleuses et des travailleurs, ainsi que pour leur faire comprendre le rôle essentiel joué par le syndicat et ses membres qui veillent à fournir l’électricité dont la population à besoin.
La négociation d’emplois stables et de longue durée
Les membres du SCFP œuvrant dans le secteur de l’énergie sont soumis à des pressions constantes pour abandonner leurs régimes de retraite à prestations déterminées au profit de régimes à prestations cibles ou à cotisations déterminées. Des campagnes soulignant l’importance de ces avantages sociaux pour la santé et la pérennité de la main-d’œuvre se poursuivent.
La sous-traitance et la hausse des embauches de travailleuses et de travailleurs temporaires sont soulevées à toutes les tables de négociations du secteur. Pour maintenir la qualité du travail en situation d’urgence, les conventions collectives du SCFP doivent absolument garantir des emplois adéquats.
Les changements climatiques
Les sections locales du SCFP ont un libellé dans leurs conventions collectives qui permet à leurs membres de prêter assistance partout au Canada et ailleurs dans le monde lors de pannes d’électricité importantes causées par des catastrophes ou d’autres événements imprévisibles. Avec la montée des crises climatiques, les travailleuses et les travailleurs de l’électricité du monde entier sont encore plus essentiels pour apporter de l’aide aux communautés touchées.
Les sections locales du SCFP sont aux premières lignes de la lutte aux changements climatiques. Nos membres discutent régulièrement avec les gouvernements sur des sujets comme la tarification et la taxation du carbone, l’investissement dans l’atténuation des changements climatiques, la réglementation des nouvelles productions, l’expansion de la production pour répondre aux besoins en électricité du futur et les mauvaises politiques énergétiques.
Un avenir vert passe par une électricité renouvelable. Le Canada doit donc investir massivement dans les nouvelles productions vertes pour éviter que l’électricité du futur émette du carbone.
La COVID-19 et le télétravail
Bon nombre de travailleuses et de travailleurs du secteur de l’énergie ont dû s’adapter aux nouvelles modalités de travail, notamment le télétravail, pendant la pandémie de COVID-19.
Des articles des conventions collectives négociés dans le secteur de l’énergie traitant de tous les aspects du télétravail ont d’ailleurs été utilisés comme modèles dans l’ensemble du mouvement syndical.
Dans la plupart des régions du pays, le secteur de l’énergie n’a pas connu de licenciements. Toutefois, au Manitoba, le gouvernement conservateur s’est servi de la COVID-19 pour justifier ses attaques idéologiques contre la fonction publique, affirmant que les licenciements chez Manitoba Hydro étaient nécessaires pour l’aider à gérer la pandémie.
Les sections locales du SCFP-Manitoba continuent à lutter avec succès contre la privatisation de Manitoba Hydro et les mesures visant à licencier des membres.
Les campagnes
Nos sections locales mènent présentement des campagnes portant sur la santé-sécurité au travail, la propriété publique et le financement d’une transition équitable et viable vers une économie faible en carbone. Les différents gouvernements sont aussi incités à adopter des plans de renouvellement des effectifs axés sur la formation et le recrutement.
Le SCFP travaille avec ses alliés pour que l’électricité reste publique partout dans le monde. Nos campagnes internationales portent sur la défense de la propriété publique du secteur énergétique, la lutte contre les changements climatiques et l’élargissement de la coordination internationale des politiques en matière d’énergie.
Le SCFP collabore aussi avec les syndicats de secteur de l’énergie à l’étranger, comme l’Electrical Trades Union en Australie, la CGT en France et le syndicat mexicain des travailleuses et travailleurs d’utilité publique, dans le but de soutenir leurs campagnes et de s’en inspirer. Enfin, nous travaillons avec le comité sectoriel de l’énergie de l’Internationale des services publics, ainsi qu’avec d’autres organismes internationaux comme IndustriALL, Droit à l’énergie – SOS Futur et Trade Unions for Energy Democracy.