La section locale 416 regroupant les cols bleus de Toronto a réussi à contrer une autre tentative de privatisation de la collecte des déchets résidentiels. En raison de l’analyse du piètre rendement du secteur privé responsable de la collecte dans l’ouest de la ville effectuée par le syndicat, de son solide plan de communications et de ses efforts de lobbying, la municipalité a en effet reporté sa décision de plus d’un an.
La privatisation menace la sécurité d’emploi de nombreux membres du SCFP. Or, l’expérience de la section locale 416 démontre qu’une planification stratégique à long terme permet d’accroître la force des membres à la table de négociations. Ayant compris que la volonté de privatisation et les négociations étaient liées, la section locale a adopté un seul échéancier.
La sécurité d’emploi a toujours mis le feu aux poudres dans les négociations entre Toronto et ses syndiqués. Ces dispositions de la convention collective ont empêché la ville de recourir massivement à la sous-traitance. L’employeur a essayé d’affaiblir cette protection. En même temps, la collecte des déchets est devenue un sujet de préoccupation dans la population et les médias. Lors de l’élection municipale de 2014, John Tory, l’actuel maire de Toronto, avait d’ailleurs promis de privatiser davantage la collecte des ordures.
En suivant son échéancier, la section locale a mis son plan à exécution : mobilisation des membres, activités de recherche, communications, recrutement d’alliés et visibilité à l’hôtel de ville. Le message était simple : plus de privatisation est synonyme de réduction de la qualité du service.
Le syndicat pouvait s’appuyer sur des données tangibles, les secteurs de l’est desservis par les employés municipaux offrant un service moins coûteux, de meilleure qualité et plus respectueux des cibles de réduction du volume de déchets aboutissant dans les dépotoirs. Même l’équipe éditoriale du Toronto Star a adopté le point de vue syndical en écrivant que les Torontois ne sortiraient pas gagnants d’une privatisation accrue.
Cette victoire atteint plusieurs objectifs. Si ce dossier réapparait au conseil municipal pendant le mandat du maire, ce sera bien après les négociations, ce qui enlève la menace immédiate d’une privatisation majeure avec plus de 500 emplois perdus. En outre, le discours à l’hôtel de ville a changé : on y parle maintenant de la qualité du travail des syndiqués du SCFP et non plus de la supposée efficacité du secteur privé.
Nous aurons toujours à nous battre contre la privatisation des services publics. Heureusement, en imposant l’échéancier et l’ordre du jour à l’aide d’une approche stratégique à long terme, nous pouvons gagner.