Il y a un secret bien gardé parmi les organisations qui soutiennent les adultes ayant une déficience intellectuelle, à savoir que la clientèle n’est pas homogène et que les organismes magasinent régulièrement leurs client(e)s les plus difficiles.

Bethesda, une organisation de services communautaires, est connue dans le secteur pour prendre en charge les cas les plus difficiles. Le personnel y est régulièrement malmené et harcelé. Pourtant, les salaires de ces travailleuses et travailleurs des services de développement sont parmi les plus bas de la province.

« On travaille auprès de la clientèle la plus violente, littéralement des gens que personne d’autre n’accepte de prendre en charge. Ces gens ont des problèmes de comportement, de multiples diagnostics et des antécédents d’incarcération, de traumatisme ou de violence. Ils méritent des soins, mais cela ne peut pas se faire aux dépens de la santé des travailleuses et travailleurs », explique Heather Francey, travailleuse de soutien au développement qui cumule 15 ans d’expérience et qui préside le SCFP 2977. « Aucun membre du personnel ne devrait quitter un quart de travail avec des marques de morsure ou une commotion cérébrale, mais cela se produit régulièrement simplement parce que notre organisation ne dispose pas de suffisamment de personnel. »

Fatiguée des mauvais traitements infligés par les client(e)s et de la négligence de la direction, une supermajorité des membres du SCFP 2977 – représentant plus de 250 travailleuses et travailleurs de soutien au développement, des loisirs, de l’entretien et du nettoyage dans les bureaux de Vineland des services communautaires Bethesda – a signé une pétition exigeant un traitement équitable. Depuis des années, les travailleuses et travailleurs quittent Bethesda pour des emplois mieux rémunérés les exposant à moins d’abus. L’organisation est donc constamment à court de personnel et ses employé(e)s sont souvent forcé(e)s de se retrouver dans des situations non sécuritaires et individuelles avec une clientèle violente.

« L’hypocrisie est presque aussi grave que la violence. Cette année, le PDG Paul McGowan a accepté avec joie un prix de sécurité. Il sait aussi bien que nous que le personnel et la clientèle ne peuvent pas être en sécurité si on ne dispose pas de suffisamment de personnel, a déclaré Francey. C’est ce pour quoi on négocie. On veut que notre organisation soit le genre d’endroit où les travailleuses et travailleurs peuvent ressentir un sentiment de sécurité et de fierté.

Les représentant(e)s du SCFP 2977 ont entamé les négociations en mars en mettant l’accent sur la résolution des problèmes de moral et rétention en alignant leurs salaires sur ceux d’autres organisations. Les travailleuses et travailleurs sont contraint(e)s d’occuper un deuxième ou un troisième emploi; d’autres se tournent vers les banques alimentaires pour joindre les deux bouts. Malgré l’urgence, la direction exige des compressions dans les services de soutien en santé mentale tout en essayant de forcer un plus grand nombre de travailleuses et travailleurs à temps plein à travailler trois fins de semaine par mois.

Soixante-quinze pour cent des membres ont signé la lettre ouverte adressée au Conseil d’administration, qui a été remise aujourd’hui avant que les deux parties ne reviennent à la table pour la date finale prévue des négociations. Cet effort s’inscrit dans un secteur en pleine effervescence où les travailleuses et travailleurs des services au développement de toute la province s’organisent et exigent un meilleur traitement, notamment au moyen d’une grève d’un mois menée par des membres du personnel voisin de Community Living Port Colborne-Wainfleet.