Il y a déjà huit longues années que les travailleurs attendent de recevoir une augmentation de salaire acceptable. C’est beaucoup trop. En plus d’aider les travailleurs, les salaires plus élevés stimulent l’économie et réduisent les inégalités.
Les salaires de base prévus aux conventions collectives ont augmenté de moins de 2 pour cent par année en moyenne depuis 2009. Les salaires réels ont donc diminué la plupart des années depuis cette date, car le coût de la vie dépassait les gains salariaux.
D’autres indicateurs ne sont pas plus encourageants. Au cours des quatre premiers mois de 2017, le salaire horaire moyen n’a augmenté que de 1,1 pour cent. C’est le taux de croissance annuel le plus faible depuis au moins 20 ans. Ce taux est bien inférieur à l’augmentation du coût de la vie qui se chiffre à 1,9 pour cent jusqu’à maintenant cette année.
Les mesures d’austérité dans le secteur public, les gels salariaux et les compressions ont eu des effets particulièrement négatifs. Les hausses salariales du secteur public ont été moins importantes que celles accordées dans le secteur privé chaque année, à l’exception de 2009, avec des augmentations annuelles moyennes de seulement 1,4 pour cent. Ces hausses ont été inférieures à l’inflation et la plupart des travailleurs du secteur public du Canada n’ont connu aucune amélioration de leur niveau de vie depuis 2009. En fait, leur salaire réel a constamment diminué.
La plupart des provinces ont imposé des gels salariaux d’au moins deux ans aux travailleurs du secteur public. Et maintenant, le premier ministre de la Saskatchewan, Brad Wall, exige des travailleurs du secteur public qu’ils acceptent une réduction salariale de 3,5 pour cent, suivie de trois années de gels salariaux. Cela équivaut à une diminution des salaires réels d’au moins 10 pour cent. Entretemps, Brad Wall réduit l’impôt des entreprises et l’impôt sur le revenus des particuliers, ce qui profitera davantage aux plus riches.
Au Manitoba, le gouvernement Pallister menace d’imposer un autre gel salarial de deux ans aux travailleurs du secteur public, suivi de hausses maximales de 0,75 et 1 pour cent pour les deux années suivantes. Résultat, une perte de salaire réel de 6 pour cent en quatre ans, si l’inflation se maintient à 2 pour cent annuellement comme prévu.
Ces attaques lancées contre les travailleurs du secteur public sont injustes et probablement inconstitutionnelles. Mais le pire, c’est qu’elles nuiront sérieusement à l’économie. Les lobbyistes d’entreprises et certains élus ont beau tout faire pour tenter de diviser les travailleurs, les salaires des secteurs public et privé sont liés. La diminution des salaires du secteur public tirera fatalement ceux du secteur privé vers le bas. Et des salaires faibles sont l’une des pires choses pour l’économie.
Depuis 2009, plus de la moitié des revenus et des dépenses nationales et plus de 60 pour cent de la croissance économique au pays proviennent de la rémunération du travail et de la consommation. Si la rémunération du travail et les dépenses de consommation n’augmentent pas à des niveaux adéquats et à un rythme durable, notre économie stagnera.
Les familles ont maintenu leur niveau de consommation en faisant grimper leur endettement à des niveaux record et en se servant de leur maison comme levier financier à mesure que les prix de l’immobilier augmentaient. Ces manœuvres sont possibles tant que les taux d’intérêt sont bas, mais dès qu’ils grimperont et que les prix des maisons se stabiliseront ou chuteront, ce ne seront plus des solutions.
Les gouvernements ont utilisé les faibles taux d’intérêt et les investissements dans les infrastructures pour essayer de stimuler l’économie. Ce sont des moyens efficaces, mais il nous faut des bases plus solides pour établir une croissance plus forte. Il est temps de faire croître notre économie à partir du bas de l’échelle grâce à des hausses salariales acceptables, dont une part équitable doit aller aux travailleurs.