Le 1er mai 2025, plus de 600 000 personnes ont occupé les rues de La Havane, et plus de 5 millions ont défilé partout à Cuba, livrant un vibrant témoignage de résistance et de solidarité. Des délégations internationales, incluant des membres du SCFP, sont venues y participer et passer la semaine à tisser et resserrer des liens avec les travailleuses et travailleurs, les étudiant(e)s, les groupes de femmes et les syndicalistes du pays, de même que d’autres partisan(e)s de la révolution cubaine. 

 
« Se rassembler à la Plaza de la Revolución, au cœur d’une marche menée par le mouvement syndical regroupant des centaines de milliers de travailleuses et travailleurs, était une expérience extraordinaire », raconte Ashley Clark, membre de la délégation et vice-présidente régionale du SCFP pour l’Île-du-Prince-Édouard.
 
Le SCFP travaille étroitement, depuis plus de 20 ans – grâce à l’initiative du SCFP–Colombie-Britannique et son partenariat avec CoDevelopment Canada – avec le Syndicat national des travailleuses et travailleurs de l’administration publique (SNTAP) à La Havane. Inspirés par l’idéologie révolutionnaire de coopération et de solidarité internationales, les deux syndicats ont su forger un partenariat durable. 
 
Au fil des années, plusieurs échanges entre syndicalistes ont créé des occasions de partage d’expertise. Par ailleurs, le SCFP–Colombie-Britannique parraine un projet du Fonds pour la justice mondiale qui permet aux membres du SNTAP de partager des stratégies et d’améliorer les pratiques de santé et de sécurité, mais aussi d’apporter à Cuba des fournitures difficiles à trouver en raison de l’embargo imposé par les États-Unis.   
 
La dernière année a été l’une des plus éprouvantes de toute l’histoire de Cuba. Chaque jour, le peuple cubain est confronté aux difficultés et à la pénurie de produits causées par l’embargo illégal des États-Unis, qui dure depuis plus de 60 ans maintenant. Ce blocus prive Cuba d’articles essentiels : médicaments, équipement médical, fournitures scolaires et de bureau comme du papier et des ordinateurs, véhicules et pièces automobiles, aides technologiques pour les personnes âgées ou en situation de handicap, entre autres.
 
Le peuple cubain s’est soulevé en 1959 pour renverser la dictature militaire en place. Lorsque le nouveau gouvernement a nationalisé les raffineries de pétrole qui étaient détenues par les États-Unis, Washington a répliqué par de lourdes sanctions économiques, toujours en vigueur aujourd’hui. L’embargo vise à briser les idéaux du peuple cubain en minant ses volontés socialistes. 
 
Dans ce contexte, la solidarité internationale est plus importante que jamais. 
 
« C’est un siège complet de Cuba qui est tenté, pour empêcher le maintien des avancées de la révolution et saper le moral de la population cubaine », s’indigne Nadia Revelo, membre du SCFP 1004 et du Comité national de la justice mondiale du SCFP. Elle travaille comme directrice du programme de défense des droits de la personne et du travail à CoDevelopment Canada.
 
L’embargo américain est la plus longue sanction économique de l’histoire moderne. Les restrictions se sont intensifiées en 2021, lorsque le président américain sortant Donald Trump a mis Cuba sur la liste des États soutenant le terrorisme, imposant dans la foulée 240 sanctions additionnelles, maintenues en place tant par les républicains que par les démocrates. 
 
Lorsqu’Arisleydis Hidalgo Leyva, secrétaire générale du SNTAP-La Havane, a pris part au Congrès national du SCFP en 2023, elle a qualifié ces restrictions comme étant probablement « le blocus le plus cruel qu’un pays a eu à subir dans toute l’histoire, une mainmise qui a non seulement entraîné des répercussions économiques sur Cuba, mais qui a également des conséquences sociales, car la dynamique sociopolitique instaurée par les restrictions économiques est très difficile. » 
 
Aujourd’hui, le peuple cubain doit composer avec des pannes de courant quotidiennes, des salaires qui ne suivent pas du tout la hausse exorbitante des prix, le manque continuel de nourriture et de carburant, des difficultés d’accès à de l’eau potable et des pénuries de médicaments essentiels. Le taux d’inflation dépasse 30 %, et l’émigration est en hausse constante. 
 
Mais la population s’accroche, malgré les défis. Le SNTAP travaille à renforcer la solidarité syndicale en gardant les membres informé(e)s, en misant sur la santé et la sécurité au travail et en cherchant à mieux comprendre les problèmes d’équité auxquels ses membres font face. 
 
La délégation a rencontré plusieurs leaders du mouvement syndical et a participé à un rassemblement international sur la solidarité animé par le président cubain, aussi secrétaire général de la Centrale des travailleurs de Cuba (Central de Trabajadores de Cuba, CTC), Miguel Diaz-Canel. Pour l’occasion la CTC a remis le prix Cœur ouvert (Corazón Abierto) au SCFP, en reconnaissance de la solidarité sincère et durable de notre syndicat envers les travailleuses et travailleurs cubains. 
 
« C’était fantastique de rencontrer le CTC, le SNTAP et les autres leaders syndicaux, on a beaucoup à apprendre d’eux », dit Clay Gordon, membre du Comité national de la justice mondiale du SCFP et président du SCFP 40, qui représente les travailleuses et travailleurs du Conseil scolaire de Calgary.
 
Les syndicats, les églises et les organisations de la société civile de tout le Canada font pression sur le gouvernement canadien d’augmenter l’aide humanitaire à Cuba et exhortent les États-Unis à lever les sanctions punitives. D’ici là, le SCFP et ses syndicats partenaires continueront d’appuyer les travailleuses et travailleurs cubains afin de bâtir un mouvement syndical plus fort, plus inclusif et capable de surmonter les défis, prouvant ainsi que la solidarité n’a pas de limites.
 
« Malgré les conditions difficiles à Cuba, la population du pays est toujours présente en solidarité avec les autres peuples du monde entier. Les démonstrations de solidarité envers le peuple palestinien et les appels à Israël de mettre fin au génocide étaient partout. C’était vraiment inspirant », souligne Ashley Clark.