Alors qu’un nombre croissant de Canadiennes et Canadiens sont aux prises avec des troubles de santé mentale et la crise du coût de la vie, le travail à Services et logement dans la province (SHIP) est devenu de plus en plus difficile ces dernières années; parallèlement, le salaire du personnel, lui, a stagné. Voilà le message retentissant que les membres du SCFP 966 qui travaillent pour l’organisme de la région de Peel ont livré hier dans leur vote de grève.
Ces travailleuses et travailleurs exécutent des programmes communautaires de santé mentale, supervisent les gens qui vivent dans des logements autonomes et de transition, composent le personnel des refuges jeunesse permanents ou interviennent dans la lutte contre les dépendances. Ils représentent une part essentielle du filet social de Peel et, depuis des années, ils ont vu grandir la demande pour leurs services. Entre-temps, ils ont été pénalisés par le projet de loi 124 (maintenant abrogé), qui imposait un plafond de 1 % d’augmentation salariale au moment où l’inflation explosait. Cela signifie que, pendant qu’ils continuent à faire plus avec moins, en dollars réels, ils gagnent environ 10 % de moins aujourd’hui qu’il y a cinq ans.
« Les travailleuses et les travailleurs sont épuisés et fauchés. La plupart d’entre nous avons un second emploi et nous peinons malgré tout à joindre les deux bouts. SHIP est un énorme organisme soutenu par le gouvernement provincial, Santé Ontario, la région de Peel, Centraide Canada et d’autres grands subventionneurs. C’est embarrassant pour les membres du personnel qui exécutent ces programmes essentiels de devoir visiter les banques alimentaires et se débattre pour payer les factures mensuelles », dit Carolyn King, conseillère en santé mentale communautaire et membre du comité de négociation. « Nous avons présenté une pétition signée par plus de 200 membres qui demandait au conseil d’administration d’aider les travailleuses et les travailleurs à payer leurs factures. Le conseil n’a même pas daigné nous répondre. Nous ne tolérerons plus d’être ignoré(e)s, et je suis extrêmement fière de mes collègues qui ont décidé de se tenir debout. »
Pendant que la pandémie et la crise inflationniste menaient le roulement de personnel vers de nouveaux sommets, le moral des employé(e)s de SHIP sombrait et, en conséquence, l’organisme n’arrivait plus aussi bien à fournir ses services essentiels. Malgré tout cela, SHIP étudie actuellement un plan d’expansion provincial sur 10 ans. Son offre d’augmentation salariale de 1 % à son effectif – équivalant à ce que les travailleuses et les travailleurs ont dû accepter aux termes du projet de loi 124 – signifierait une maigre augmentation de 28 $ par paye (avant impôts) pour la personne la mieux payée à SHIP. Lesley Nagoda, présidente et directrice générale de l’organisme, a obtenu, elle, une hausse salariale de 22 % dans les dernières années, ce qui représente 44 000 $ de plus par an sur sa paye.
« Juste la semaine dernière, les dirigeants de SHIP se congratulaient d’être reconnus comme un employeur à but non lucratif de choix au Canada. Leur attitude à la table de négociation et leur traitement des travailleuses et des travailleurs contreviennent pourtant à ce qu’on attend d’une entreprise primée. Plutôt que de rechercher les accolades, SHIP devrait prendre au sérieux les besoins de son personnel », a affirmé Fred Hahn, président du SCFP-Ontario. « Les travailleuses et travailleurs en santé mentale et en logements supervisés sont extrêmement importants pour la santé et le bien-être de nos communautés, et ils pourront compter sur l’appui indéfectible des 290 000 membres du SCFP-Ontario pendant leur bataille pour de bons emplois et pour les bons services dont Peel a absolument besoin. »
Environ les deux tiers des membres ont participé au scrutin, et 91 % d’entre eux ont voté en faveur d’une grève. Cela témoigne des efforts récents du SCFP 966 pour rencontrer les membres et les amener à se battre. Les deux parties tiendront une séance de conciliation le 17 mars.