Air Canada airplanePour la deuxième fois en autant de mois, une grande entreprise canadienne demande au CCRI d’intervenir dans les négociations alors que son personnel est au bord d’une grève. Les pilotes d’Air Canada, tout comme les employé(e)s des chemins de fer qui ont vu leur droit de grève bafoué par le gouvernement fédéral le mois dernier, fournissent un service essentiel qui contribue au bon fonctionnement de notre économie. Ces travailleuses et travailleurs méritent un salaire juste et des conditions de travail équitables pour le travail accompli. Ces personnes disposent aussi du droit de faire la grève lorsque leur employeur refuse de négocier un contrat équitable.

Les libéraux de Justin Trudeau ont établi un dangereux précédent en intervenant dans le processus de négociation collective au sein de grandes industries canadiennes. Ils sont intervenus en 2018 dans le cas des employé(e)s des postes, en 2021 dans le cas du conflit de travail au Port de Montréal et le mois dernier dans le cas du personnel des chemins de fer. Dans tous ces exemples, le gouvernement a soit adopté une loi spéciale imposant le retour au travail, soit imposé un arbitrage exécutoire.

Avec la tendance bien établie du fédéral à soutenir les grandes entreprises, Air Canada demande à son tour une intervention gouvernementale pour écraser les droits des pilotes, refusant de leur verser un salaire équitable. Pourquoi le PDG d’Air Canada, Michael Rousseau, qui touche 12,4 millions de dollars annuellement après avoir triplé son salaire en 2022, daignerait-il répondre aux demandes de négociation de son personnel? Il lui suffit d’attendre que le gouvernement intervienne, comme il l’a fait pour ses semblables de l’industrie ferroviaire et maritime.

Si les grandes entreprises savent qu’elles ont des alliés disposés à les aider au sein du gouvernement fédéral, elles n’auront pas à négocier de bonne foi. Elles ne se sentiront pas tenues d’offrir des augmentations de salaire équitables tenant compte de l’inflation, des conditions de travail sûres ou des charges de travail raisonnables. Et les travailleuses et travailleurs qui oseront unir leurs forces pour faire la grève sauront que le gouvernement va toujours intervenir au profit des employeurs.

Le ministre MacKinnon devrait réfléchir à la voie dans laquelle son gouvernement s’est engagé. Les grèves peuvent engendrer des inconvénients, mais elles rééquilibrent le rapport de force entre les employé(e)s et les employeurs. Lorsque le gouvernement penche systématiquement en faveur d’une seule partie, il envoie un message clair aux travailleuses et travailleurs canadiens : vos intérêts comptent moins que ceux des grandes entreprises. Ce faisant, il mine la paix sociale qui existe au Canada depuis des décennies. L’approche adoptée par les libéraux ne fera qu’accroître le nombre de conflits du travail. Nous avons besoin d’un gouvernement qui respecte les droits des travailleuses et travailleurs et défend notre droit de négocier.