Le nouveau ministre de l’Éducation de l’Ontario, Todd Smith, a présenté à la province la direction qu’il souhaite donner au secteur des services éducatifs à la petite enfance – et sa vision devrait inquiéter profondément quiconque se soucie des enfants, des travailleuses et travailleurs ou de l’utilisation judicieuse des fonds publics.
Dans sa première déclaration publique sur le secteur en crise, M. Smith a demandé à la ministre fédérale Jenna Sudds d’éliminer la limite actuelle qui plafonne les centres à but lucratif à 30 % des places dans le système fédéral financé par le public. Les militant(e)s ont déjà souligné que cette décision serait à la fois inutile et dangereuse. Plus de 140 organisations ont d’ailleurs signé une lettre ouverte s’opposant à cette décision. Les dirigeant(e)s nationaux du SCFP ont envoyé une lettre à la ministre Sudds pour demander au gouvernement fédéral de rejeter la demande et de défendre haut et fort les services publics d’apprentissage et de garde de jeunes enfants.
« Todd Smith aurait pu demander au gouvernement fédéral de soutenir les petits centres en difficulté. Il aurait pu demander un financement des salaires pour faire face à la crise de la main-d’œuvre alors que les travailleuses et travailleurs quittent massivement le secteur. Il a plutôt choisi d’ouvrir les vannes aux grandes entreprises en utilisant l’argent des contribuables pour subventionner les profits des centres privés », a déclaré Fred Hahn, président du SCFP-Ontario, qui représente plus de 5 000 travailleuses et travailleurs des services éducatifs à la petite enfance dans la province. « Todd Smith est nouveau dans ce rôle, alors il n’est pas surprenant qu’il ne sache pas ce que les spécialistes, parents et employé(e)s des services éducatifs à la petite enfance comprennent : les centres sans but lucratif sont la référence en matière de services de qualité et de bons emplois. »
Le gouvernement Ford a présenté cet appel comme un allègement des formalités administratives pour les centres à but lucratif dirigés par des mères célibataires qui se débrouillent par elles-mêmes. Rien n’est plus faux. Les milliards de dollars de capitaux privés prêts à inonder le marché de l’Ontario sous la forme de grandes entreprises engloutissant les petits centres éducatifs ne visent pas à fournir d’excellents services, mais à saisir l’occasion cynique de gagner rapidement de l’argent.
Dans leur lettre envoyée à la ministre Sudds, le président national du SCFP Mark Hancock et la secrétaire-trésorière nationale Candace Rennick affirment entre autres choses : « Les recherches ont montré à maintes reprises les conséquences néfastes de la privatisation de nos services publics, et les services d’apprentissage et de garde des jeunes enfants ne font pas exception. […] Pour accroître leurs profits et le rendement des investisseurs, les organismes à but lucratif exercent une pression à la baisse sur les salaires et les conditions de travail, aggravant ainsi la crise de la main-d’œuvre déjà criante dans le secteur. […] L’argent des contribuables doit servir à offrir des services accessibles et de qualité aux familles canadiennes, et non à remplir les poches d’investisseurs avides. Le profit n’a rien à voir avec l’éducation de nos enfants.
« Les grandes entreprises ont prouvé qu’elles sont là pour l’argent, pas pour les enfants. Mais on ne va pas permettre aux investisseurs privés, aux spéculateurs immobiliers et aux sociétés de faire de l’argent sur le dos de nos enfants, a déclaré M. Hahn. Les familles méritent des services de la plus haute qualité fournis par des travailleuses et travailleurs professionnels payés équitablement et traités avec respect. C’est impossible dans un secteur où la quête du profit prédomine, et où les objectifs à court terme des entreprises entraînent l’exploitation du personnel et pénalisent la prochaine génération. »