Il est difficile d’être un administrateur de services éducatifs à la petite enfance sous le gouvernement de Doug Ford en Ontario. Étant donné l’absence de feuille de route pour résoudre la crise de la main-d’œuvre et le manque de transparence financière depuis que la province a adopté le programme d’apprentissage et de garde de jeunes enfants à 10 dollars par jour, les administrateurs se retrouvent avec des déficits. L’annonce faite par l’un des principaux administrateurs de services éducatifs à la petite enfance de Toronto concernant son intention de réduire les salaires des employé(e)s est une mesure qui, loin de résoudre le problème, risque de l’aggraver davantage.
Le gouvernement Ford accuse un retard de plusieurs mois par rapport à la date prévue du lancement de la formule de financement des services éducatifs à la petite enfance pour 2025. Face à cette incertitude, la Learning Enrichment Foundation (LEF), qui gère 25 centres de services éducatifs à la petite enfance à Toronto, a annoncé la semaine dernière son intention de réduire de 2 dollars de l’heure le salaire de 200 travailleuses et travailleurs non syndiqués du secteur des services éducatifs à la petite enfance.
« Je crois la LEF lorsqu’elle affirme rencontrer des difficultés, car tous les centres de services éducatifs ayant adhéré au programme pancanadien d’apprentissage et de garde de jeunes enfants de l’Ontario fonctionnent à l’aveuglette. Le gouvernement Ford n’a toujours pas mis en œuvre une formule de financement équitable. Mais la solution ne peut pas être de nuire aux travailleuses et travailleurs, de les chasser d’un emploi apprécié et de dissuader les autres de rejoindre le secteur », a déclaré Carolyn Ferns, coordonnatrice des politiques publiques et des relations gouvernementales pour la Coalition ontarienne pour de meilleurs services éducatifs à l’enfance. « Il nous manque des milliers d’éducatrices et d’éducateurs dans cette province au moment où les listes d’attente pour accéder aux services éducatifs s’allongent. Réduire les salaires alors que les prix des aliments montent en flèche, c’est courir à la catastrophe. Les éducatrices et éducateurs, les familles, les administrateurs de services éducatifs à la petite enfance et les syndicats doivent plutôt unir leurs forces et pousser le gouvernement Ford à faire mieux. »
Alors que les administrateurs s’enfoncent de plus en plus dans le rouge en raison de l’augmentation des loyers et des coûts d’approvisionnement, la province a mis à leur disposition un financement à court terme réservé uniquement aux dépenses non discrétionnaires. Cela a empêché des administrateurs comme la LEF, qui prétendent vouloir payer des salaires équitables, d’accéder aux fonds. Les centres syndiqués, quant à eux, ont pu utiliser cet argent pour s’acquitter des obligations découlant des conventions collectives.
« Historiquement, les services éducatifs à la petite enfance sont peu syndiqués, mais cela démontre qu’ils devraient l’être. Nous devons hausser le plancher pour tout le personnel des services éducatifs à la petite enfance, car il mérite plus », a déclaré Jess Tomas, qui travaille en éducation à la petite enfance et qui occupe la présidence du SCFP 2484, qui représente plus de 600 éducatrices et éducateurs, assistant(e)s, cuisinières et cuisiniers et autres travailleuses et travailleurs des services éducatifs à la petite enfance à Toronto. « Les services éducatifs à la petite enfance vivent une crise. C’est vrai pour les travailleuses et travailleurs qui ont du mal à joindre les deux bouts, pour les familles qui ne peuvent pas inscrire leur enfant sur les listes d’attente et pour les administrateurs qui n’arrivent pas trouver de personnel. Les syndicats sont la solution. Nous avons obtenu de meilleures conditions de travail qui attirent et retiennent davantage de travailleuses et travailleurs, ce qui se traduit par de meilleures conditions d’apprentissage pour les enfants. C’est le message que j’adresse à la direction de la LEF. Tendez la main. Travaillons ensemble pour protéger ce secteur. »
La LEF participe au groupe de l’Association of Early Childhood Educators Ontario, qui se consacre à l’avancement professionnel dans le secteur. En donnant une voix aux travailleuses et travailleurs, la LEF pourra respecter cet engagement.