Regional Municipality of Waterloo. WikimediaPour comprendre pourquoi plus de 9 000 enfants en attente d’une place en service éducatif à la petite enfance se retrouvent sur des listes d’attente pendant des mois dans la région de Waterloo, Noelle Fletcher explique qu’il faut remonter à 2020, au moment où le Conseil régional a pris la décision de fermer cinq centres offrant des services éducatifs à la petite enfance à l’échelle régionale.

« Le Conseil avait tenté de fermer les mêmes centres cinq ans plus tôt, mais l’opposition des parents et des travailleuses et travailleurs a été irréductible », a déclaré Mme Fletcher, présidente du SCFP 1883, représentant environ 900 travailleuses et travailleurs de la région de Waterloo, notamment dans les services éducatifs à la petite enfance, les transports en commun, les bibliothèques et les services communautaires. « Puis, la pandémie a frappé, et on n’a pas pu exprimer nos préoccupations en personne quand le Conseil a reçu un rapport de KPMG vantant les économies de coûts qui sont venues appuyer toutes leurs hypothèses. Les membres du Conseil ont fait preuve de leur manque de vision en votant par 12 voix contre 3 pour fermer les centres au moment même où un nouveau financement du gouvernement fédéral était mis en place. »

Un nouveau rapport remis au Conseil le mois dernier tire la sonnette d’alarme au sujet des listes d’attente. Le rapport souligne la possibilité que la région utilise des espaces dans ses immeubles pour offrir des services éducatifs à la petite enfance. Bon nombre des mêmes membres du Conseil qui avaient voté pour fermer des centres votent maintenant en faveur des recommandations.

Toutefois, le rapport ne fait aucune mention d’une stratégie pour attirer et retenir du personnel qualifié.

« Il y a une pénurie de travailleuses et travailleurs de la petite enfance. Il faut être déconnecté de la réalité pour laisser entendre que le plus grand obstacle à la prestation de services à la petite enfance adéquats est le manque de places », a déclaré Carolyn Ferns, coordonnatrice chargée des politiques à la Coalition ontarienne pour de meilleurs services éducatifs à l’enfance (OCBCC), qui a participé activement à la campagne de 2020 visant à éviter la fermeture des cinq centres. « Prendre soin des enfants ne consiste pas à les entreposer dans des bâtiments. C’est un travail créatif et exigeant qui nécessite une main-d’œuvre hautement qualifiée. Les services publics doivent être la norme. Le Conseil régional a désespérément besoin d’un plan qui prévoit un salaire juste et décent pour s’assurer qu’il y a suffisamment de personnel dans les nouveaux centres. »

La région de Waterloo est l’un des endroits où la vie est la plus chère en Ontario. Le coût de la vie dans la ville de Waterloo elle-même est plus élevé que celui de villes beaucoup plus grandes comme Ottawa et Brampton. Pourtant, les éducatrices et éducateurs de la petite enfance ont un salaire minimal de seulement 23,86 $ de l’heure, et les autres travailleuses et travailleurs des services à la petite enfance, y compris les assistant(e)s, les cuisinières et cuisiniers, et les concierges, gagnent beaucoup moins, ce qui signifie que beaucoup ne peuvent pas se permettre de vivre dans les communautés dans lesquelles ils et elles travaillent.

« Si on veut continuer d’attirer le genre de talents qui aident la région de Waterloo à prospérer, il faut s’assurer que les familles peuvent s’épanouir, et cela commence par des services éducatifs à la petite enfance adéquats, a déclaré Mme Fletcher. On ne peut y arriver que si le Conseil corrige les erreurs du passé et élabore un plan solide pour élargir les services éducatifs à la petite enfance, y compris les options offertes par le secteur public, et pour assurer un salaire et un travail décents à l’ensemble de la main-d’œuvre de la petite enfance. »