En 2023, l’Indice des droits dans le monde de la Confédération syndicale internationale (CSI) classait les Philippines parmi les dix pires pays du monde pour les travailleuses et les travailleurs, une situation qui ne date pas d’hier.
La CSI rapporte que « les [travailleuses et] travailleurs et leurs représentants courent toujours le risque énorme d’être étiquetés en tant que communistes et restent vulnérables aux agressions violentes, aux enlèvements et aux arrestations arbitraires. Dans de nombreux secteurs, les [travailleuses et] travailleurs se heurtent encore à d’importants obstacles lorsqu’ils tentent de créer des syndicats. » Les personnes associées au communisme sont accusées à tort de terrorisme.
Partenaires de longue date du SCFP, l’Alliance of Concerned Teachers (ACT) et la Confederation for Unity Recognition and Advancement of Government Employees (COURAGE) ont accueilli la délégation syndicale, qui s’est rendue dans le pays en janvier 2024. Le groupe était formé de leaders du SCFP, de l’Alliance de la Fonction publique du Canada et du Comité ontarien pour les droits de la personne aux Philippines.
Attaques envers les leaders syndicaux
Les travailleuses et les travailleurs sont aux prises avec des salaires peu élevés, des emplois précaires et un secteur public sous-financé. La délégation a pu entendre plusieurs membres et leaders d’ACT et de COURAGE parler des menaces et du harcèlement subis pour avoir dénoncé ces conditions auprès du gouvernement.
L’actuel président des Philippines, Ferdinand « Bongbong » Marcos Jr, est le fils de l’ancien dictateur. À l’instar de ses prédécesseurs, il ne cache pas son mépris à l’égard des travailleuses et travailleurs et des personnes vivant dans la pauvreté, et n’hésite pas à s’en prendre à quiconque critique ses mesures et politiques néfastes sur le plan social, économique et environnemental.
Ferdinand Marcos Jr prend pour cible toutes les personnes qui critiquent les politiques de son gouvernement, y compris celles qui militent pour les droits de la personne et la justice sociale, ainsi que les journalistes, les étudiant(e)s et les syndicalistes. Il se sert de la force nationale de lutte contre le conflit armé avec les groupes communistes, créée par son prédécesseur Rodrigo Duterte, pour attaquer les personnes qui le critiquent et les réduire au silence.
L’importance de la solidarité internationale
Pendant sa visite, la délégation a appris avec consternation que le Canada avait signé un protocole d’entente avec les Philippines pour renforcer la coopération dans le domaine de la défense. Nos organisations vont suivre de près l’évolution de la situation.
Par ailleurs, la rapporteuse spéciale des Nations Unies sur la liberté d’opinion et d’expression a entamé une visite de dix jours dans le pays peu après le départ de la délégation. Dans une déclaration au terme de sa visite (en anglais seulement), Irene Khan insiste sur le fait que « la résolution des problèmes graves et profondément enracinés en matière de droits de la personne exigera des réformes profondes et durables ».
Le SCFP et la délégation syndicale canadienne se sont engagés à travailler avec les mouvements sociaux et les organisations syndicales pour défendre les droits de la personne et soutenir les personnes qui militent en faveur de la justice et de la paix durable aux Philippines.
Le SCFP était représenté au sein de la délégation par Kent Peterson, vice-président régional pour la Saskatchewan, Juanita Forde, déléguée syndicale en chef du SCFP 2191, et Kelti Cameron, conseillère en solidarité internationale au SCFP.