Un nouveau sondage dresse un sombre tableau de l’avenir du système de santé de l’Ontario, puisque près de quatre travailleuses et travailleurs hospitaliers sur cinq déclarent ne pas faire confiance au plan du gouvernement Ford pour améliorer le secteur. Pire, plus de deux sur cinq envisagent de quitter leur emploi.
La société de sondage Nanos a interrogé plus de 750 travailleuses et travailleurs hospitaliers représentés par le Conseil des syndicats d’hôpitaux de l’Ontario du SCFP (CSHO-SCFP), y compris des infirmiers et infirmières auxiliaires autorisées, des préposées et préposés aux services de soutien à la personne, du personnel d’entretien et du personnel de bureau. Le CSHO-SCFP représente environ 50 000 employé(e)s hospitaliers dans l’ensemble de la province.
Sharon Richer, secrétaire-trésorière du CSHO-SCFP, affirme que le secteur continue de perdre du personnel dûment formé et chevronné en raison des mauvaises conditions de travail et de l’épuisement professionnel qui résultent de la piètre gestion du système par le gouvernement Ford.
« Les résultats sont pour le moins alarmants : comment allons-nous faire fonctionner nos hôpitaux sans personnel ? demande-t-elle. Il est choquant de constater que le gouvernement n’a pas de plan de rétention, même si les pénuries de personnel contribuent au nombre record de fermetures d’urgences et de services hospitaliers. Le système tout entier dépend des travailleurs et des travailleuses, qu’on persiste pourtant à négliger. »
Le sondage lève le voile sur les conséquences du travail en milieu hospitalier sur la santé mentale : 62 % des personnes interrogées ont déclaré être épuisées et très stressées; 41 % ont dit redouter d’aller au travail et 44 % ont mentionné avoir du mal à dormir. Plus de la moitié se sont également déclarées insatisfaites de leur rémunération.
« Les travailleuses et les travailleurs sont stressés parce que leurs patient(e)s souffrent, parce qu’ils manquent de temps malgré les pauses sautées et les heures supplémentaires, parce qu’ils voient bien que le gouvernement conservateur ne s’intéresse pas à leurs conditions de travail et à leur rémunération, explique Mme Richer. C’est pourquoi ils finissent par perdre confiance dans le système et partir, tout simplement ».
Dave Verch, premier vice-président du CSHO-SCFP, estime que le gouvernement doit investir 1,25 milliard de dollars de plus annuellement, en plus de l’inflation, au cours des quatre prochaines années pour améliorer la dotation et accroître la capacité du système. Cela permettrait aux hôpitaux de fournir des services adaptés à une demande qui ne cesse d’augmenter en raison de la croissance démographique et du vieillissement de la population.
À sa demande d’améliorer la dotation en personnel, le syndicat greffe une proposition visant à fixer des ratios personnel-patients dans les hôpitaux ontariens. Il y voit une mesure cruciale à l’amélioration des conditions de travail.
M. Verch souligne qu’une étude menée en Californie, qui a adopté de tels ratios il y a une vingtaine d’années, montre une plus grande satisfaction du personnel, dont la charge de travail est plus raisonnable, ainsi qu’une amélioration des soins, chose qui s’observe, entre autres, par un taux de mortalité plus faible. En 2023, la Colombie-Britannique est devenue la première province canadienne à instaurer un ratio infirmière/infirmier-patients.
« Les ratios de dotation, en établissant une norme minimale de soins, feraient une énorme différence », insiste M. Verch, qui s’appuie sur ses 30 ans d’expérience en tant qu’IAA. « À une époque où les travailleuses et les travailleurs perdent confiance dans le système, cela offrirait une lueur d’espoir, un signe que le gouvernement veut vraiment résoudre cette crise. »
Il ajoute, cependant, que le gouvernement devra adopter d’autres mesures, notamment une rémunération équitable et l’ajout de postes à temps plein, dans le cadre d’une stratégie plus large en matière de ressources humaines.