Ce soir, alors que les enfants de Windsor et d’Essex se font border à la maison, au moins cinq enfants sous la responsabilité de la Société d’aide à l’enfance de Windsor-Essex (WECAS) dormiront à l’hôtel.
Ce type d’arrangement est dangereux, en plus de représenter un manquement aux soins et d’être souvent illégal, puis qu’on fait appel à des installations qui n’ont pas reçu l’approbation du ministère. Enfin, cela met en péril la sécurité du personnel de la WECAS. D’ailleurs, travailleuses et travailleurs tirent la sonnette d’alarme. Ils et elles n’en peuvent plus de ces conditions de travail dangereuses et de la négligence envers les enfants.
« Nous ne traiterions pas nos propres enfants comme ça, c’est une véritable farce », dénonce Craig Hesman, président du SCFP 2286, le syndicat d’environ 350 personnes qui consacrent leur carrière à la protection de l’enfance. « Nos membres vont sur le terrain pour protéger les enfants et aider les familles. Mais on ne peut pas prendre soin des enfants lorsqu’on est en infériorité numérique, qu’il faut répondre à des besoins complexes sans formation adéquate et qu’il faut assurer une surveillance 24 heures sur 24 dans des environnements non sécuritaires. La crise est telle qu’il y a des enfants qui crèchent dans nos bureaux, chose qui ne fait qu’aggraver leurs traumatismes. »
Le directeur général de la WECAS, Derrick Drouillard, participait récemment à une émission de la CBC où il a fait l’éloge de son personnel, qui se surpasse pour s’occuper des enfants. Mais ce surpassement se fait au détriment de la santé et du bien-être de ces gens.
Les directives de la WECAS stipulent une limite d’un ou deux enfants par personne, sauf exception. Or, l’organisme manque tellement de personnel et de fonds que les travailleuses et les travailleurs doivent souvent surveiller plusieurs enfants dans un hôtel. Ils et elles sont censées administrer des médicaments et créer un milieu sécuritaire pour des enfants à besoins particuliers, autistes ou ayant des problèmes de dépendance, le tout sans formation. Résultat, des employé(e)s se font agresser et des enfants sont privés de l’environnement favorable qu’ils méritent.
« On perd des personnes compétentes et attentionnées; elles démissionnent ou partent en congé de maladie », raconte M. Hesman. Cette crise a des répercussions sur l’ensemble du système, puisqu’elle mobilise du personnel d’autres services pour prendre soin des enfants dans les hôtels. Cela se reflète dans les services de prévention, où la liste d’attente s’allonge pour les familles qui réclament de l’aide. « La crise du personnel est si grave que nous ne sommes plus en mesure de fournir ces services essentiels de soutien et de prévention. On doit aussi annuler des visites supervisées; des parents se retrouvent incapables de voir leurs enfants, ce qui pose aussi des problèmes juridiques. Nous ne fournissons pas aux familles le soutien dont elles ont besoin pour éviter que leurs enfants atterrissent dans le système. »
Dans le cadre de ses normes de qualité, le ministère des Services à l’enfance et des Services sociaux et communautaires a resserré ses lignes directrices concernant les foyers d’accueil, sans prévoir de financement pour permettre à ceux-ci de s’adapter aux nouvelles exigences. C’est ce qui explique la pénurie généralisée de places dans la province. Les membres du SCFP et les travailleuses et travailleurs de 22 autres sociétés d’aide à l’enfance ont rapporté devoir s’occuper d’enfants dans des hôtels et d’autres environnements non sécuritaires.