Depuis des années, les travailleuses et travailleurs du Jewish Family and Child Service (JF&CS) du Grand Toronto voient leurs homologues d’autres organismes de protection de l’enfance bénéficier d’un meilleur salaire et d’une charge de travail plus gérable. Aujourd’hui, dans une immense démonstration de solidarité, les voici prêts et prêtes à se battre.
Quatre-vingt-huit membres, soit 88 % de la base, ont voté en faveur des moyens de pression, dotant leur syndicat d’un mandat de grève retentissant.
« Nous voulons fournir des services aux enfants et aux familles qui comptent sur nous, surtout avec la crise que vit la communauté juive de Toronto, mais la direction ne nous a pas laissé le choix », raconte Jo-Anne Raso, présidente du SCFP 265 et intervenante en réduction de la pauvreté familiale à l’emploi de l’organisme depuis plus de 40 ans. « L’employeur s’est traîné les pieds dans les négociations, il ne nous a offert que des miettes, ce qui nous ferait prendre encore plus de retard, et il a brandi la menace d’un lockout. Il veut ajouter un conflit de travail au traumatisme que vivent les familles que nous aidons. Mais nous savons que la communauté juive de Toronto nous appuie et qu’elle croit en nos services. »
Le personnel de JF&CS propose des programmes visant à accroître la sécurité, la santé et le bien-être des familles juives de Toronto, tout en atténuant les effets de la pauvreté. Pourtant, malgré les similitudes dans leur travail, ces gens gagnent en moyenne 10 000 $ de moins par année que leurs homologues de la Société d’aide à l’enfance de Toronto. Et c’est sans tenir compte que ces derniers bénéficient de clauses qui leur assurent une charge de travail raisonnable, ainsi que le temps et les ressources nécessaires pour chaque dossier.
Cette disparité est ressentie par les travailleuses et les travailleurs, qui ont du mal à joindre les deux bouts dans un contexte inflationniste, mais aussi par la communauté qui compte sur le soutien crucial de l’organisme.
« On n’arrive plus à suivre le rythme des dossiers, déplore Mme Raso. On est à bout à force de se démener et d’absorber autant de traumatismes indirects. Les congés de maladie se multiplient. Et la direction n’a pas de plan, si bien que les dossiers s’empilent sur le bureau de ceux et celles qui restent, et le cycle repart. »
La grave crise de dotation en personnel s’explique donc par des salaires inférieurs à la moyenne et l’absence de plafonnement du nombre de dossiers. L’exode dure depuis des années, mais la direction reste dans le déni.
« Les affaires de violence domestique peuvent rester sans réponse pendant des mois, ajoute Jo-Anne Raso, et les gestionnaires de cas qui soutiennent les personnes survivantes de l’Holocauste ont une charge de travail écrasante. Il s’agit de certains de nos cas les plus nécessiteux et les plus vulnérables, mais les ressources manquent. »
La direction sera en position légale de lockout le 27 octobre, date de la dernière séance de conciliation au calendrier. Les membres espèrent que cette forte démonstration de solidarité encouragera la direction à revenir à la table avec la ferme intention d’investir dans sa main-d’œuvre afin d’améliorer la prestation de ses services communautaires.