Aline Patcheva | Employée du SCFP
Les syndicats n’ont pas toujours été des endroits où les personnes autochtones se sont senties les bienvenues ou soutenues dans leurs droits.
« Prenons mon cas, celui d’une femme autochtone qui, il y a des années, a signalé à sa section locale qu’elle subissait du harcèlement. À l’époque, on m’a répondu : “Cela ne fait-il pas partie de ta culture ?” C’est un préjugé inconscient ! C’est du racisme ! Des situations comme celle-là, on les passait sous silence. Les syndicats ne voulaient pas s’en occuper, ils ne savaient pas comment s’y prendre », a raconté Debra Merrier, vice-présidente à la diversité représentant les travailleuses et travailleurs autochtones au sein du Conseil exécutif national du SCFP.
De nombreux membres autochtones du SCFP portent le fardeau du traumatisme colonial, notamment pour avoir survécu au système des pensionnats ou à la rafle des années 60, ou encore comme survivant(e)s intergénérationnels de ces systèmes. En tant que victimes de racisme, de harcèlement ou de jugements, les personnes autochtones étaient rarement entendues et craignaient souvent de perdre leur emploi.
Afin de soutenir les membres autochtones et d’avancer vers la réconciliation, le SCFP vient de lancer un nouveau guide intitulé Vérité et réconciliation : le SCFP passe à l’action par la négociation collective. Il est du devoir de tous les syndicats de commencer à rebâtir la relation avec les Autochtones. Ce guide constitue une ressource essentielle pour les sections locales du SCFP, les comités de négociation, les membres, le personnel du SCFP et les autres militant(e)s.
« Aujourd’hui, il faut bâtir ces relations, parce que notre confiance est brisée à cause du passé », a expliqué Debra Merrier. « En tant qu’Autochtones, nous le vivons encore au quotidien. Donc, ce guide qui documente des pratiques pour l’ensemble du SCFP est un bon début. Nous avions besoin de cette pratique. Celle-ci réussira si tous les syndicats d’un océan à l’autre sont sensibilisés à la vérité et à la réconciliation et s’ils s’impliquent », a-t-elle ajouté.
Nos membres autochtones veulent les mêmes choses que nos autres membres : des salaires et des conditions de travail décents, et le droit d’être traités équitablement et avec dignité au travail. Le guide du SCFP offre des conseils, avec de nombreux exemples à l’appui, pour la négociation d’articles de convention collective qui intègrent les besoins et la culture des membres autochtones, afin que tout le monde dispose de chances égales au travail.
« Nous devons retourner à nos origines, à notre éducation et à notre culture. L’ensemble des Autochtones ne répondent pas toutes et tous aux critères d’études collégiales ou universitaires, mais nous sommes intelligents, nous avons des compétences et des expériences de vie. Tout le monde n’a pas une mère et un père, mais nous avons des tantes, des oncles et des aîné(e)s qui, dans les faits, sont notre famille. Nous devons faire tomber ces barrières », a souligné Debra Merrier.
« Les Autochtones méritent de réussir dans la vie, d’être ce qu’ils et elles souhaitent être, que ce soit travailleuse ou travailleur social, avocat(e) ou enseignant(e). Nous avons besoin de cette égalité sur le marché du travail. Il est temps de joindre le geste à la parole », a insisté Debra Merrier, vice-présidente nationale du SCFP à la diversité.
Le guide du SCFP encourage également les sections locales à favoriser la présence de membres autochtones dans les postes syndicaux et les comités, y compris les comités de négociation. Selon Debra Merrier, les femmes autochtones, tout particulièrement, négligent souvent la possibilité de s’impliquer dans leur syndicat ou dans les négociations, parce que leur priorité est de prendre soin de leur famille.
« Dans mon district, 90 pour cent des membres sont des femmes. Pourtant, les seuls moments où nous allons voir le syndicat, c’est en cas de harcèlement, puisqu’il le faut, mais sans vraiment comprendre son rôle. La vérité et la réconciliation consistent à dire la vérité et à s’impliquer, non pas de temps en temps, mais tous les jours. Venez à nous, parlez-nous, demandez-nous de participer », a déclaré Debra Merrier.
Le SCFP recommande à toutes les sections locales de mettre en œuvre des initiatives de réconciliation, même si aucun membre ne s’est identifié comme autochtone. L’établissement de bonnes relations avec les travailleuses et travailleurs autochtones fait partie de la construction d’un syndicat fort.
À propos de Debra Merrier
Debra Merrier est Crie, originaire de Grouard, en Alberta. Elle occupe le poste d’intervenante auprès des jeunes Autochtones depuis 1996 et elle est une membre engagée du SCFP 728 à Surrey, en Colombie-Britannique.
Elle a occupé de nombreux postes au sein de sa section locale, elle est vice-présidente à la diversité pour les travailleuses et travailleurs autochtones au SCFP-C.-B. et au Conseil exécutif national du SCFP.
Elle est dévouée à l’autonomisation des peuples autochtones du Canada, elle milite pour la justice pour les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, et se consacre à de nombreuses initiatives, notamment la Commission de vérité et réconciliation.
Procurez-vous une copie du guide du SCFP
Le SCFP s’est engagé à ce que ses sections locales aient accès à des ressources pour appuyer les efforts en matière de réconciliation.
L’une des façons dont les sections locales du SCFP peuvent appuyer la réconciliation consiste à négocier des clauses de convention collective qui soutiennent les travailleuses et travailleurs autochtones. Cette ressource s’adresse aux personnes qui veulent faire progresser la réconciliation à la table de négociation.
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