En réponse à une récente lettre du premier ministre Doug Ford à des syndicats de la santé de l’Ontario dans laquelle il leur demandait leur avis, deux des plus grands syndicats de la santé l’ont exhorté à aller au-delà de l’excuse de l’obligation de la vaccination et à reconnaître les raisons réelles pour lesquelles il y a une pénurie croissante et grave d’infirmières, de préposés aux services de soutien à la personne et d’autres membres du personnel hospitalier dans toute la province.
Même avant le début de la pandémie, l’Ontario avait le taux d’employé par patient d’hôpital le plus faible de tous les pays de l’OCDE depuis de nombreuses années. Les charges de travail qui résultent de cette pénurie d’effectifs chronique, les conditions de travail dangereuses, le manque d’emplois à temps plein et les salaires qui traînent derrière l’inflation depuis plus de 10 ans, ont créé un milieu de travail difficile pour une main-d’œuvre majoritairement féminine et une difficulté croissante à recruter et retenir des employés.
Ce sont ces facteurs-là qui « menacent la viabilité de nos hôpitaux, beaucoup plus que la perte des emplois signalée depuis l’obligation de la vaccination », a écrit Michael Hurley, président du Conseil des syndicats d’hôpitaux de l’Ontario (CSHO), division hospitalière du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) en Ontario, dans sa lettre au premier ministre.
Dans un récent sondage effectué par le SCFP, 87% des 2600 infirmières et infirmiers auxiliaires autorisés dans les hôpitaux (IAA) ont indiqué qu’ils et elles ont envisagé de quitter leur emploi depuis le début de la pandémie en raison des conditions de travail ingrates et éprouvantes.
« L’Ontario n’a pas à attendre les répercussions de l’obligation de la vaccination pour constater une crise des ressources humaines en santé. La crise existe déjà. Plus de travailleuses et travailleurs de la santé quittent le système en raison des faibles salaires et des conditions de travail médiocres qu’en raison de l’obligation de la vaccination », a écrit Sharleen Stewart, présidente de UIES Soins de santé dans ses réponses au premier ministre Ford. « Selon un récent sondage auprès des travailleuses et travailleurs de la santé, même si nous perdons 2 % de la main-d’œuvre en raison de l’obligation de la vaccination, nous risquons de perdre 20 fois ce nombre en raison des salaires faibles et des conditions de travail médiocres. »
Selon un sondage effectué par UIES Soins de santé, 54 % de ses membres des foyers de soins de longue durée, des hôpitaux et des établissements communautaires envisagent de quitter le système de soins de santé pour trouver un emploi dans un autre secteur. Selon 70 % des répondants, les principales raisons sont les faibles salaires et les conditions de travail dangereuses.
Depuis le début de la COVID-19, le nombre de postes vacants d’infirmières auxiliaires autorisées a augmenté de 116 %. Depuis 2015, les postes vacants d’IAA se sont multipliés par six, et les postes vacants d’aides, d’aides-soignants, de préposés aux bénéficiaires et d’employés de soutien ont triplé pendant la même période.
Les heures de travail sont irrégulières. Les heures supplémentaires sont monnaie courante. Le travail de fin de semaine est fréquent. Le travail par quart est courant, et il faut attendre des années pour obtenir un emploi à temps plein. Les jours de vacances et de congés ne sont jamais approuvés. « Cette situation, » affirme Michael Hurley, « pour une main-d’œuvre dominée par les femmes, dont beaucoup sont des mères séparées ou ayant des responsabilités en matière de garde d’enfants, est intenable à long terme. De plus, elles subissent un torrent de violence physique, sexuelle et raciale chaque jour. Cela crée un climat de travail toxique dans lequel les employées sont vulnérables et non protégées. Mais les hôpitaux refusent de traiter ce problème de façon systématique. »
Sharleen Stewart et Michael Hurley encouragent le premier ministre à s’attaquer à ces facteurs et aux autres facteurs sous-jacents qui font des hôpitaux des lieux de travail désagréables et qui sont les principaux facteurs à l’origine de l’aggravation de la pénurie de personnel dans les hôpitaux de l’Ontario. Même si la lettre du premier ministre ouvre la voie au dialogue, nous l’encourageons à nous rencontrer pour trouver des solutions. Nous devons mettre fin à l’exode de personnel qualifié dans nos hôpitaux.