La pandémie de COVID-19 a engendré de nouveaux risques pour la santé et la sécurité dans nos milieux de travail. Elle a également des répercussions sur la gravité des risques préexistants, notamment ceux liés à la santé mentale. Bien qu’on ait longuement débattu des effets de la pandémie sur la santé mentale, la perspective du milieu de travail est souvent absente de ces conversations.
Les travailleurs ont le droit à un milieu de travail sûr et sain psychologiquement. Néanmoins, de nombreux lieux de travail du secteur public géraient déjà mal la santé et la sécurité psychologiques avant le début de la pandémie. Le stress supplémentaire occasionné par l’augmentation de la charge de travail et les risques posés par la COVID-19 ont aggravé ces problèmes et fait ressortir l’absence de contrôles systématiques pour faire face aux risques psychosociaux.
Les risques psychosociaux sont des pratiques en milieu de travail qui causent un stress inutile qui entraîne des blessures mentales. Pour créer des lieux de travail plus sûrs, on peut identifier les risques psychosociaux au travail et mettre en place des contrôles efficaces pour prévenir les blessures mentales. C’est ce qu’on appelle la pratique de la santé et de la sécurité psychologiques.
Les blessures mentales sont autre chose que la maladie mentale. Cependant, comme pour les blessures physiques, des blessures mentales répétées peuvent avoir un impact cumulatif sur la santé physique et mentale des travailleurs.
Les chercheurs ont identifié 13 facteurs qui ont une incidence sur la santé et la sécurité psychologique au travail :
- Le soutien psychologique
- La culture organisationnelle
- La clarté du leadership et des attentes
- La courtoisie et le respect
- Les compétences et les exigences psychologiques
- La croissance et le perfectionnement
- La reconnaissance et les récompenses
- La participation et l’influence
- La gestion de la charge de travail
- L’engagement
- L’équilibre
- La protection de la sécurité psychologique
- La protection de la sécurité physique
Des risques psychosociaux menant à des blessures mentales peuvent survenir lorsque ces facteurs ne sont pas gérés adéquatement. La pandémie a amplifié les risques psychosociaux associés à ces facteurs, augmentant ainsi le risque de blessures mentales.
Par exemple, la charge de travail de nombreux membres du SCFP a grimpé en flèche en raison de la demande accrue en services, de la pénurie de personnel et des limitations physiques à l’exécution des tâches. Les membres ont aussi de la difficulté à maintenir l’équilibre entre les diverses facettes de leur vie, à mesure que les exigences professionnelles augmentent. Les lieux de travail avec un faible niveau d’engagement ne parviennent pas à impliquer le personnel de première ligne dans les décisions relatives à la modification et à la prestation des services ou à la protection des travailleurs. Pour certains, l’isolement qu’apporte le travail à distance limite l’accès au soutien psychologique. En outre, les restrictions sur les déplacements et les rassemblements en personne ont limité les occasions de croissance et de perfectionnement.
Nous ne pouvons pas éliminer le stress de la pandémie. Cependant, nous pouvons limiter son impact en gérant méthodiquement les facteurs de risque psychosociaux en milieu de travail.
En tant que défenseurs de la santé et de la sécurité, les membres du SCFP devraient se méfier des « solutions » d’employeurs qui tentent de transférer la responsabilité de la santé-sécurité psychologique aux travailleurs individuels. Parmi les nombreuses ressources en milieu de travail disponibles pour faire face à la situation actuelle, on trouve plusieurs exemples de « formation à la résilience ». Ce type de formation vise à accroître la capacité du travailleur à résister aux blessures mentales, au lieu de prévenir celles-ci. La formation à la résilience est bénéfique aux travailleurs, un peu comme faire de l’exercice est bon pour la santé. Cependant, toute approche de l’employeur qui se concentre exclusivement sur des mesures que les travailleurs doivent prendre à titre individuel (exercice, journalisation, méditation, etc.) sans s’attaquer aux risques en milieu de travail passe à côté du but. L’employeur a le devoir de fournir un lieu de travail sûr en prenant les mesures appropriées pour en gérer les risques. La formation à la résilience a sa place dans une approche globale visant à améliorer le climat de santé-sécurité psychologique de votre milieu de travail, mais ce n’est pas une solution complète en soi.
La santé-sécurité psychologique n’apporte pas de solutions aux travailleurs qui sont actuellement en crise. C’est une approche qui, avec le temps, empêchera davantage de travailleurs d’atteindre le point de crise. Si vous cherchez du soutien pour un travailleur en crise, veuillez communiquer avec la ligne d’urgence en santé mentale de votre région.
Pour plus d’informations, veuillez consulter :
- les ressources du SCFP sur la santé mentale;
- le Guide sur la santé mentale au travail du SCFP;
- et les conseils du SCFP pour discuter de santé mentale avec les membres.