De plus en plus d’économistes prennent conscience des problèmes liés à la croissance des méga-entreprises, de leur impact sur l’économie et de la baisse des salaires qu’entraîne la diminution du pouvoir des syndicats.
Dans les années 1980, les Reagan, Thatcher et Mulroney ont pris le pouvoir. Cette montée de la droite a donné lieu à des attaques concertées contre les droits des syndicats et des travailleurs. Elle a aussi été synonyme de déréglementation, de conclusion de nombreux accords de libre-échange, d’extension des droits de propriété, de mesures fiscales régressives et d’affaiblissement des règles anti-monopole et anti-concurrence, toutes des mesures qui ont contribué à l’augmentation du pouvoir des entreprises.
Depuis cette époque, nous assistons à un déclin de la syndicalisation, ainsi qu’à l’expansion massive et à la concentration croissante du pouvoir des entreprises.
Cette année, deux des plus grandes compagnies ont atteint des sommets inégalés : l’évaluation boursière d’Apple s’est chiffrée à un billion de dollars US et les revenus annuels de Walmart ont dépassé les 500 millions de dollars US, soit plus que le PIB annuel de tous les pays du monde sauf une vingtaine.
Les entreprises des économies avancées comme les États-Unis et le Canada ont augmenté leur marge bénéficiaire (la différence entre leur prix de vente et leur coût) de près de 39 % depuis 1980. Ce mouvement a été mené par des méga-entreprises très rentables qui sont devenues encore plus dominantes, au détriment des PME. De plus, lorsqu’un secteur est dominé par des géants, l’investissement et l’innovation y reculent. Finalement, les méga-entreprises sont passées maîtres dans l’utilisation des paradis fiscaux pour diminuer leurs impôts, ce qui leur octroie un avantage supplémentaire sur leurs concurrents nationaux.
C’est manifestement injuste. Pourtant, la plupart des gouvernements font des pieds et des mains, au point de se faire concurrence, pour offrir des incitatifs aux Facebook, Apple, Google, Walmart et Amazon de ce monde.
Or, pendant que les marges bénéficiaires des entreprises augmentent, la part du gâteau économique qui revient aux travailleurs diminue. En Europe, des recherches ont identifié le déclin du pouvoir syndical comme la cause principale de la baisse des augmentations de salaire et de la richesse des travailleurs.
Heureusement, on reconnaît enfin que la concentration du pouvoir des entreprises et l’affaiblissement des syndicats ont des conséquences sociales et économiques négatives. Il est temps de demander des comptes à nos gouvernements et de veiller à ce qu’ils défendent les intérêts des travailleurs et des petites entreprises.