En janvier dernier, les syndicats et les organismes populaires étaient à pied d’œuvre alors que Montréal accueillait la sixième ronde de négociation de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA). La renégociation de cet accord inquiète les syndicats, les agriculteurs, les peuples autochtones, les femmes, les écologistes et les organismes de défense des droits de la personne. Ces groupes se sont réunis à Montréal pour manifester et tenir des assemblées publiques. De nombreux groupes représentés à Montréal sont des critiques de la première heure. Ils travaillent ensemble depuis la création de l’ALÉNA au début des années 1990.
À Montréal, il y avait toutefois une nouvelle donnée à considérer. L’administration Trump se retirerait-elle des négociations ? Finalement non. Les trois pays signataires demeurent à la table de négociations.
De leur côté, les groupes de la société civile ont réitéré leur appel au remplacement de l’ALÉNA par un accord qui améliorerait réellement le sort des citoyens et qui protégerait l’environnement dans les trois pays. Ils se sont aussi engagés à resserrer les liens de solidarité entre les travailleurs, ce qui profitera particulièrement au mouvement syndical mexicain.
À Montréal, les chefs syndicaux du Mexique ont fait appel à la solidarité internationale à l’approche d’un débat au Sénat mexicain. Un projet de loi risque de geler les salaires et les conditions de travail qui sont déjà déplorables. S’il est adopté, ce projet de loi affaiblira grandement les droits des travailleurs mexicains, en plus de limiter la libre négociation collective.
De tous les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), c’est au Mexique que les gens travaillent le plus longtemps pour la paye la plus petite. Les Mexicains ont désespérément besoin d’un cadre législatif qui garantisse la liberté d’association et le droit à la négociation collective.
Hélas, ce projet de loi accomplira l’inverse. S’il va de l’avant, il aidera les employeurs et les syndicats dominés par le patronat à écarter les vrais syndicats des lieux de travail. Il éliminera les règles de transparence lors des élections syndicales. Il réduira aussi l’accès des travailleurs au contenu des conventions collectives. Enfin, le projet de loi compliquera la tâche des syndicats indépendants qui tentent de remplacer les syndicats dominés par le patronat. Il favorise en effet la généralisation de la sous-traitance et prévoit une réduction des prestations versées aux accidentés du travail.
Les syndicats mexicains ont réagi à ce projet de loi en déposant une plainte pour violation de l’Accord nord-américain de coopération dans le domaine du travail, le pendant ouvrier de l’ALÉNA. Au cours des prochaines semaines, le mouvement syndical mexicain exercera des pressions supplémentaires pour forcer le gouvernement mexicain à mettre en place des réformes bénéfiques pour les travailleurs. Le SCFP appuiera nos syndicats frères dans leurs efforts.