Lors de l’annonce, l’automne dernier, du virage à 180 degrés des libéraux concernant la création d’une banque de l’infrastructure, les réactions négatives ont été immédiates. Les critiques ont souligné les nombreux dangers potentiels du projet.
Plus les gens en apprennent sur la banque, plus ils sont inquiets.
Alors que des détails sont révélés (ou exposés grâce à la Loi d’accès à l’information) et que les libéraux tentent d’imposer la banque de plusieurs milliards de dollars par l’entremise d’un projet de loi omnibus au Parlement, ce projet est de plus en plus critiqué.
De plus en plus de spécialistes financiers, d’universitaires et de députés de tous les partis critiquent ce projet du gouvernement libéral. Ensemble, ils s’opposent à ce projet de banque qui a clairement été conçu par le secteur privé pour répondre aux besoins des compagnies privées.
« Le gouvernement libéral est devenu l’instrument de certaines entreprises très puissantes qui sont en train de créer une entité qui correspond à leurs intérêts. Et quand je dis leurs intérêts, c’est leurs intérêts financiers d’abord et avant tout. Si ce n’est pas un conflit d’intérêts majeur, je ne sais comment on pourrait l’appeler. »
– Alexandre Boulerice, porte-parole du NPD fédéral en matière de Finances, cité dans le Globe and Mail. Texte complet (en anglais seulement)
« Aucun propriétaire qui a un peu de jugeote ne s’engagerait à signer une hypothèque à un taux de 7 pour cent ou plus s’il peut emprunter à 2,5 pour cent, surtout si la durée de l’hypothèque est de 10, 20 ou 30 ans, et que cela l’obligerait à payer un coût presque deux fois plus élevé. Alors, pourquoi le gouvernement fédéral voudrait‑il que la Banque de l’infrastructure du Canada dépende du financement privé à coûts plus élevés ? C’est peut‑être une bonne manœuvre politique, mais c’est une terrible politique publique. Nous pourrions construire presque deux fois plus de projets d’infrastructure par l’entremise de la Banque de l’infrastructure du Canada si elle était financée aux taux d’intérêt plus faibles offerts pour les emprunts gouvernementaux directs au lieu d’avoir recours aux sources de financement privé à coûts plus élevés.
– Toby Sanger, économiste du SCFP, lors de la publication de son rapport produit pour le Centre canadien de politiques alternatives. Texte complet (en anglais seulement)
« Il est important de prendre note que les investisseurs sont plus susceptibles d’accorder la priorité aux projets ayant le taux de rendement le plus élevé et à faible risque, comme on peut s’y attendre. Par conséquent, ce sont les actifs à valeur élevée qui sont les plus susceptibles d’attirer le secteur privé. Comme ce sont les contribuables canadiens qui paieront pour ces biens, peu importe qu’ils appartiennent au secteur public ou au secteur privé, cela nous amène à poser la question suivante : Pourquoi les contribuables vendraient-ils leurs biens les plus précieux au secteur privé, et transféreraient ainsi les rendements élevés qu’ils procurent du secteur public au secteur privé ? …
« Enfin de compte, même si nous avions tous ces renseignements, la nécessité d’établir la Banque de l’infrastructure du Canada ne serait pas démontrée, car elle pourrait augmenter les coûts généraux pour les contribuables tout en privatisant les infrastructures au rendement le plus élevé à faible risque. Alors, pourquoi créer la Banque de l’infrastructure du Canada ? Nous ne le savons pas. Et répondre « parce que c’est une innovation » n’est pas suffisant.
– Azfar Ali Khan et Randall Bartlett, Institut des finances publiques et de la démocratie. Texte complet (en anglais seulement)
« La banque est présentée au public comme un moyen d’attirer les milliards de dollars du secteur privé pour aider à payer nos infrastructures publiques. Or, la conception inhabituelle de la banque permettra également de donner, pour la première fois, à de puissants investisseurs institutionnels privés – et même à des entités sous contrôle étranger – la possibilité de posséder d’importants éléments de l’infrastructure canadienne, en plus de la capacité d’exiger des contribuables le paiement de frais pour leur utilisation. »
– Linda McQuaig, dans sa chronique du Toronto Star. Texte complet (en anglais seulement)
« Un commerce lucratif de négociation d’actions est en cours, et la Banque de l’infrastructure du Canada, avec son objectif déclaré d’élargir les possibilités d’acquérir des actions privées, favorisera certainement l’expansion de ce marché d’échange d’actions, en soumettant ainsi les Canadiens à d’autres risques : réduction de services, frais démesurés, faible transparence et diminution du contrôle public sur des avoirs qui devraient être entre les mains du secteur public.
– Heather Whiteside, professeure adjointe de sciences politiques à l’Université de Waterloo, dans une chronique dans le Toronto Star. Texte complet (en anglais seulement)
« Pour n’importe quel projet, les contribuables canadiens vont finir par payer les pots cassés en payant des frais et des impôts plus élevés, alors que le gouvernement pourrait financer les projets à des taux beaucoup plus bas. Cela n’a aucun sens sur le plan économique, et cela soulève la question : le gouvernement fait-il cela simplement pour remercier ses donateurs ? Il y a une menace plus sinistre dans tout cela, concernant le rôle des dépenses publiques et de la privatisation de l’État. En effet, avec toutes ces réflexions sur la privatisation des aéroports, des ports et des dépenses publiques, Trudeau se fait lui-même champion de la privatisation de l’État, le privant encore davantage de ses pouvoirs pour créer des emplois et réglementer des marchés instables. Ce n’est certainement pas ce à quoi les Canadiens s’attendaient lorsqu’ils l’ont élu l’an dernier. »
– Louis-Philippe Rochon, professeur d’économie de l’Université Laurentienne, dans un commentaire à CBC News. Texte complet (en anglais seulement)
« Les libéraux croient que la Banque de l’infrastructure du Canada aura dans ses coffres environ 150 milliards de dollars d’ici dix ans. Financé par l’intermédiaire d’obligations à 2 pour cent, le coût d’intérêt annuel sur 150 milliards de dollars est de 3 milliards de dollars. Mais à 8 pour cent, le coût est de 12 milliards de dollars. C’est une différence de 9 milliards de dollars d’aide versée aux compagnies parasites qui seront payées par vos impôts, vos péages routiers, vos frais de service et vos tarifs d’autobus. L’argent sera pris à la classe moyenne pour être remis aux mieux nantis. Avec ces 9 milliards de dollars, Trudeau gaspillerait davantage sur un seul programme d’aide aux compagnies parasites en une année que ce qu’il projette d’investir dans les garderies ou dans le logement pendant plus d’une décennie, des programmes qui pourraient aider les Canadiens de la classe moyenne. »
– Tom Parkin, chroniqueur de Sun Media. Texte complet (en anglais seulement)
« Les caisses de retraite comme la Caisse de dépôt et d’autres importants fonds d’investissement ont besoin de meilleurs rendements. L’infrastructure publique n’est‑elle pas la meilleure option? Cela permettrait de fournir aux grands établissements financiers des sources de revenus sécuritaires grâce à la « propriété » et au « contrôle » des biens publics. Ces investissements publics-privés peuvent fournir aux investisseurs privés des taux de rendement très élevés, tout en laissant au gouvernement la plus grande part du risque. »
– Scott Clark et Peter DeVries, anciens hauts fonctionnaires libéraux des Finances. Texte complet (en anglais seulement)
« La portion du projet de loi C‑44 portant sur la Banque de l’infrastructure sera étudiée pendant une heure seulement. Le fait que le comité consacre seulement une heure à une chose aussi importante que celle-ci, avec 35 milliards de dollars provenant des contribuables, ce n’est absolument pas suffisant. Dans la motion qui a été présentée aujourd’hui, le NPD a demandé que ce sujet soit ramené à la Chambre séparément, afin que nous puissions avoir un débat salutaire à ce sujet. Malheureusement, le gouvernement a invoqué l’attribution de temps. Il met fin au débat et ne donne qu’une heure au comité. C’est inacceptable ! »
– Dianne Watts, députée conservatrice et ancienne mairesse de Surrey, C.‑B. s’adressant à la Chambre des communes pour appuyer une motion du NPD demandant un débat sur la banque et le retrait de la banque du projet de loi budgétaire omnibus.