21e Conférence des parties (COP21) de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC)
Paris 2015
La COP21, qui s’est tenue à Paris en 2015, a captivé la planète entière. Pour plusieurs, la signature de l’accord de Paris sur les changements climatiques constitue un moment charnière. Les pays se sont en effet engagés à lutter contre les changements climatiques et à limiter le réchauffement de la planète à moins de 2 °C, l’idéal visé étant de 1,5 °C.
En décembre 2015, le SCFP a envoyé une délégation à Paris pour participer aux négociations et aux pourparlers sur la crise climatique, aux côtés de représentants du mouvement syndical mondial. L’accord de Paris n’est pas aussi musclé que les syndicalistes l’espéraient, car il ne force pas l’ensemble des pays à revoir leurs cibles de réduction de gaz à effet de serre (GES) d’ici 2020. D’autres groupes de la société civile, notamment d’importants groupes autochtones, ont vertement criti-qué l’accord. Selon eux, l’accord facilitera la privatisation et la marchandisation des terres et de l’environnement, car il laisse croire, à tort, que la lutte aux changements climatiques passe par des mécanismes issus de l’économie de marché.
Le secrétaire-trésorier national du SCFP, Charles Fleury, a prononcé un discours au Forum syndical sur les emplois climatiques organisé par le Congrès du travail du Canada. Il a parlé du rôle primordial du secteur public dans la production d’électricité et de la transition juste vers une production énergétique 100 pour cent renouvelable. Pour le mouvement syndical, une transition juste consiste à créer de bons emplois qui favorisent l’équité sociale et qui bénéficient notamment aux travailleurs racisés et aux communautés.
Le Canada est l’un des rares pays à avoir appuyé le concept de transition juste. Il doit maintenant respecter ses engagements en se dotant d’un plan national ambitieux d’ici 2020. La société civile et les syndicats devront faire preuve de vigilance pour que ce plan pour une transition juste devienne réalité.
11e Conférence régionale interaméricaine de l’ISP
Mexique 2015
La Conférence régionale interaméricaine (IAMRECON) de l’Internationale des services publics (ISP) réunit tous les cinq ans les syndicats affiliés de l’ISP des trois Amériques et des Caraïbes. Le SCFP a assisté à l’édition 2015 qui se tenait à Mexico sous le thème Faire progresser les droits syndicaux dans la lutte en faveur de services publics de qualité.
La conférence était précédée d’une série d’activités et de rencontres, dont des réunions par secteur et par dossier. Les représentants du SCFP ont fait des exposés et présenté des rapports lors des réunions sur l’énergie, l’éducation, la santé, l’eau, le secteur municipal, les femmes, le racisme et la xénophobie, la communauté LGBT, le commerce et l’investissement, les régimes de retraite et les changements climatiques.
La conférence comme telle se déroulait sur deux jours. Des rapports sur les rencontres pré-conférence et des comptes rendus sur la situation dans les différents pays et régions ont été présentés. Plusieurs résolutions et un plan d’action quinquennal ont été débattus. À la demande du SCFP, l’ISP s’est engagée, par résolution, à :
- s’opposer officiellement au projet de loi C-51 (loi anti-terroriste de 2015) par voie de lettre adressée au premier ministre du Canada et à son cabinet, lettre qui détaillera les dangers bien réels que laisse planer ce projet de loi sur la liberté d’expression, la liberté d’association, les droits de la personne et la démocratie.
- soutenir tous les efforts que déploie le mouvement syndical canadien pour s’opposer à la loi antiterroriste en répondant aux appels urgents à envoyer des lettres et des courriels ou à sensibiliser par la voie des réseaux sociaux.
- soutenir activement le mouvement syndical canadien en contactant et en intéressant, à l’échelle mondiale, les syndicats et les groupes de la société civile qui, comme nous, craignent que la loi antiterroriste serve à bâillonner la dissidence légitime envers les politiques gouvernementales, qu’elle cible les minorités et les communautés marginalisées de manière disproportionnée et qu’elle sape la solidarité entre travailleurs.
La solidarité au Bangladesh
Dhaka 2015
Il est possible qu’en voyant le mot « Bangladesh », vous pensiez automatiquement à la tragédie du Rana Plaza. Le 24 avril 2013, une manufacture de la périphérie de Dacca s’est effondrée, tuant plus de 1100 travailleurs et en blessant 2500. Lorsque des fissures sont apparues dans les murs et les plafonds, on a battu certains employés pour qu’ils se remettent au travail. Les Canadiens ont été horrifiés d’apprendre que des marques connues, comme Joe Fresh, une filiale de Loblaws, faisaient affaire avec une manufacture où les conditions de travail étaient si épouvantables.
Les consommateurs canadiens et de l’ensemble des pays développés ont appris qu’au Bangladesh, des travailleurs souffrent pour que nous puissions acheter des vêtements bon marché. L’industrie du prêt-à-porter emploie environ 4,2 millions de Bangladais.
Une délégation syndicale composée de représentants du SCFP, de l’Alliance de la fonction publique du Canada, d’UNIFOR, du Syndicat des Métallos et du Congrès du travail du Canada s’est rendue au Bangladesh. Les membres de la délégation ont été reçus par une organisation partenaire, le Centre de solidarité avec les travailleurs du Bangladesh (BCWS). Le centre a organisé des rencontres avec des travailleurs, des organisateurs syndicaux et des militants. Le BCSW nous a permis d’entendre de vive voix des témoignages expliquant les conditions de travail de ces travailleurs.
La majorité des millions de travailleurs du prêt-à-porter sont de jeunes femmes de la campagne bangladaise qui migrent vers la ville et qui, n’y trouvant pas de travail, se rabattent sur cette industrie. Au Bangladesh, les employés sont considérés comme des marchandises jetables et les employeurs respectent rarement leur droit à la syndicalisation.
Les marques internationales, comme Joe Fresh, H & M, Adidas et Children’s Place, se soucient minimalement de la sécurité structurelle des manufactures qui fabriquent les vêtements bas de gamme qu’elles vendent. Elles n’en font jamais plus que ce qu’exige la loi.
Les travailleurs et les militants bangladais nous ont priés de ne pas boycotter leur industrie. Ils nous demandent plutôt de les aider à se syndiquer. Soyons solidaires de ceux et celles qui se battent pour assurer aux travailleurs bangladais du prêt-à-porter des conditions de travail sécuritaires, un salaire décent, des avantages sociaux et l’accès aux services dont ils ont besoin pour vivre dans la dignité. Soutenons leurs efforts de syndicalisation et exerçons des pressions sur les gouvernements du Canada et du Bangladesh pour des politiques commerciales plus respectueuses et un renforcement des normes de construction et des droits des travailleurs.
La tournée Frontlines
Colombie 2015
En Colombie, les droits syndicaux font l’objet d’attaques constantes. Le taux de syndicalisation atteint à peine les trois à quatre pour cent. En 2015, des représentants
du SCFP étaient membres de la délégation qui s’est rendue en Colombie dans le cadre de la tournée Frontlines. Durant leur séjour de douze jours, deux syndicalistes colombiens ont été assassinés. La Colombie se maintient au premier rang des endroits les plus dangereux pour les militants syndicaux.
Cette tournée de solidarité avec les mouvements syndicaux et sociaux colombiens était une initiative du Syndicat canadien de la fonction publique, du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes, de l’Alliance de la fonction publique du Canada et du Syndicat national des employés généraux du secteur public.
Buenaventura a la réputation d’être la ville la plus violente en Colombie. Elle abrite le port le plus important du Pacifique. Par conséquent, elle subit les contrecoups de nombreux accords de libre-échange. Grâce au partenariat entre le SCFP et NOMADESC, la délégation a pu rencontrer plusieurs chefs communautaires afro-colombiens, ainsi que des membres des communautés de Buenaventura et des environs.
Dans une des communautés visitées, les gens vivent au bord de l’eau, dans de simples maisons de bois sur pilotis. Ils survivent grâce à la pêche. Ils sont très attachés à leur territoire, que leurs familles occupent depuis plus de 200 ans. En raison des accords de libre-échange, dont celui conclu avec le Canada, le gouvernement colombien a l’intention d’agrandir le port de Buenaventura. Il compte aussi prolonger une autoroute à travers plusieurs communautés afro-colombiennes. Ces dernières années, on constate une flambée de violence dans cette région, dont des assassinats et d’horribles mutilations.
Les communautés autochtones visitées se battent pour conserver leur territoire et leurs droits. En Colombie, il y a 102 nations autochtones qui totalisent 1,3 million d’habitants. Ces nations ont été touchées de manière disproportionnée par le conflit armé qui sévit dans ce pays parce que les ressources naturelles se trouvent sous leurs terres. On sait que 70 pour cent de ces terres ont été données aux compagnies minières (dont certaines du Canada) ou sont sur le point de l’être, le tout sans consultation. Les communautés craignent pour leur eau, leurs plantes médicinales, leurs moyens de subsistance et leurs sites sacrés.
En participant à cette délégation, nous avons pu constater le combat que doivent mener les Colombiens et l’importance du travail de solidarité du SCFP en Colombie.
60e session de la Commission de la condition de la femme des Nations Unies (CCF60)
New York 2016
En mars, des représentantes du SCFP ont participé à la 60e session de la Commission de la condition de la femme des Nations Unies (CCF60), à New York. Au total,
160 syndicalistes provenant de 34 pays étaient présentes.
Cette rencontre a permis de constater qu’il existe des luttes communes aux travailleuses canadiennes et à celles des pays en développement, mais aussi des différences entre ces luttes. Judi Taguiwalo de l’Alliance of Concerned Teachers, une organisation philippine partenaire du SCFP, a parlé des conditions de travail et des conditions d’apprentissage dans les écoles qui se détériorent en raison du colonialisme, du patriarcat et du capitalisme mondial. Kalpona Akter du Centre de solidarité avec les travailleurs du Bangladesh, un autre partenaire du SCFP, a décrit comment, âgée de 16 ans, elle a syndiqué les 1500 travailleuses de sa manufacture.
Plusieurs déléguées ont fait le lien entre le droit à l’égalité entre les hommes et les femmes et la lutte au colonialisme, au racisme, à la discrimination fondée sur la capa-cité physique, à l’homophobie et aux autres systèmes d’oppression. Allison Julien de l’Alliance des travailleurs domestiques a rappelé l’héritage esclavagiste pour expliquer que les travailleurs domestiques américains n’ont pas droit aux protections dont bénéficient les autres travailleurs. Dans une session sur les femmes arabes et le droit à la paix, des déléguées ont souligné l’ingérence étrangère, l’islamophobie et les conflits au Moyen-Orient et en Afrique du Nord comme facteurs négatifs.
Si les déléguées des divers mouvements sociaux ont pu tisser des liens, certaines femmes marginalisées ont été incapables de participer à la CCF60.
Le fait saillant de la semaine a été sans contredit la manifestation #JusticeForBerta, où des centaines de personnes ont protesté contre les récents assassinats d’environnementalistes autochtones au Honduras. Comme plusieurs voix dans le monde, le SCFP appuie la tenue d’une enquête indépendante, en plus de réclamer du gouvernement hondurien qu’il assure la protection des défenseurs des droits de la personne. Berta Cáceres et des centaines d’autres militants ont été assassinés parce qu’ils défendaient les terres contre les puissants intérêts des secteurs minier, agricole et hydroélectrique, ainsi que du domaine des infrastructures.
Le SCFP était représenté à la CCF60 par Brittany Lambert de la section locale 2722 (Oxfam) et Irene Jansen, conseillère en matière d’égalité au bureau national.
RÉUNION DES DIRIGEANTS DE L’ISP ET DE L’AFSCME: Protéger l’intérêt public contre la privatisation et la sous-traitance
Washington 2015
L’austérité et la privatisation ont de graves répercussions à travers la planète. L’Internationale des services publics (ISP) a convié des dirigeants syndicaux internationaux à une rencontre afin de s’entendre sur les moyens à utiliser pour lutter contre la tendance actuelle à la privatisation partout dans le monde.
Cette rencontre a eu lieu à Washington en décembre 2015. Des dirigeants syndicaux du Canada, dont du SCFP, des États-Unis, du Mexique, de l’Argentine, du Brésil, de l’Allemagne, de l’Autriche, de l’Espagne, de la Suède, de la Norvège, du Ghana, de l’Ouganda, de l’Afrique du Sud, de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande et du Japon étaient présents. Les diverses stratégies de riposte en usage dans le monde ont notamment fait l’objet de discussions.
Il est important de s’attaquer systématiquement à la privatisation en modulant les tactiques selon qu’on s’adresse à des syndicalistes, au grand public, à la classe politique, à la haute finance ou aux médias.
Des sessions avec des représentants du Fonds monétaire international, de la Banque mondiale et des départements américains du Trésor, du Travail et d’État étaient aussi au programme.
Plusieurs actions collectives ont été proposées. Les dirigeants syndicaux ont mis l’accent sur l’importance d’adopter des priorités réalistes et ciblées. Ils se sont d’ailleurs engagés à poursuivre leur collaboration au cours des prochains mois afin d’augmenter la capacité de l’ISP et de ses membres à faire campagne contre la privatisation.
Partenariat transpacifique (PTP)
Mexique 2016
En janvier 2016, des représentants de groupes de la société civile et de syndicats, dont le SCFP, des militants et des législateurs des trois Amériques se sont rencontrés à Mexico afin d’intensifier la lutte au Partenariat transpacifique (PTP).
Cet accord commercial aux vastes implications regroupe 12 pays qui totalisent 40 pour cent du commerce mondial. Comme tous les accords de libre-échange, le PTP confère des droits et des protections aux plus riches entreprises du monde, au détriment des travailleurs et de l’environnement. Le PTP va faciliter la privatisation, abaisser les salaires et augmenter le coût des soins de santé et de l’éducation. Il va aussi limiter la capacité des gouvernements de protéger leurs citoyens et l’environnement, en plus d’accorder à l’entreprise privée le droit de poursuivre les gouvernements nationaux dont les politiques nuisent à leurs profits.
Depuis la rencontre de Mexico, les groupes de la société civile des trois Amériques ont mis en œuvre un plan d’action coordonné. Quatre axes sont priorisés : l’éducation,
la mobilisation, le lobbying et la contestation judiciaire.
Au Chili, au Pérou et aux États-Unis, la mobilisation commence déjà à porter des fruits. Avec les pertes massives d’emplois et l’accroissement des inégalités provoqués par l’ALÉNA, ainsi que le déraillement de l’Accord de libre-échange des Amériques, une victoire obtenue en 2005, on sent une grande détermination à faire passer la lutte contre le PTP à la vitesse supérieure.
Le gouvernement canadien a signé le PTP en février 2016, sans mener les consultations rigoureuses promises par les libéraux en campagne électorale. Le PTP doit encore être entériné par le Parlement. Heureusement, le mouvement d’opposition s’intensifie au Canada, ce qui pourrait forcer le gouvernement à rejeter l’accord.
Réunion sous-régionale de l’ISP pour l’Amérique du Nord
Ottawa 2016
À travers les Amériques, les travailleurs et leurs familles font face à de grands défis. Les attaques contre les droits syndicaux se multiplient, particulièrement dans le secteur public, et aucun pays n’est épargné.
Des représentants des syndicats canadiens et américains affiliés à l’ISP se sont réunis pendant deux jours pour discuter de l’évolution des conditions dans nos syndicats
et pays respectifs. Les droits du travail, les accords de libre-échange, la privatisation, la justice fiscale et la lutte à la corruption ont été abordés.
Un exposé sur l’investissement des fonds de retraite dans les infrastructures et les PPP a généré un vif débat. Notre lutte pour obtenir des régimes de retraite pour nos membres et l’utilisation des fonds de ces régimes pour financer des projets que nous désapprouvons, comme les PPP, n’est en effet pas compatible.
Rassemblement national des grands-mères en Ouganda
Entebbe-Ouganda 2015
En octobre 2015, le premier Rassemblement national des grands-mères de l’Ouganda s’est tenu à Entebbe. Pour les femmes plus âgées qui ont été touchées de diverses manières par le VIH et le sida, il s’agissait d’une occasion sans précédent de parler de leur expérience, de partager leurs solutions novatrices pour lutter contre la pandémie et de revendiquer collectivement le respect des droits garantis par la constitution ougandaise, mais qui sont trop souvent bafoués.
Aux grands-mères ougandaises se sont jointes des délégations de Kenyanes et de Sud-Africaines, ainsi que 22 grands-mères canadiennes qui représentaient les milliers de membres que compte la campagne Grandmothers to Grandmothers de la Fondation Stephen Lewis. Le SCFP était représenté par la conseillère nationale Veriline Howe et par la directrice générale des services nationaux Daria Ivanochko.
Les grands-mères ont passé les deux premières journées en ateliers pour débattre des problèmes qui affectent leurs communautés. Pour la dernière journée, elles
sont descendues dans les rues d’Entebbe pour réclamer l’accès à l’éducation, aux soins de santé, aux terres, à la représentation juridique et à la protection contre la violence et le vol. Dans la déclaration de clôture, les grands-mères ougandaises ont exhorté le gouvernement, le secteur privé, la société civile, les médias, les agences de l’ONU et la communauté internationale à soutenir leur vision collective d’un avenir où leurs petits-enfants et leurs communautés pourraient s’épanouir et enfin tourner la page sur les ravages causés par le sida.