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Le 3 avril, le National Post a publié un article sur une étude de l’Institut Fraser prétendant que les employés du secteur public sont trop bien rémunérés, comparativement au secteur privé. Voici la réponse du président national du SCFP, Paul Moist.
  

Objet :  L’article « Public sector paid 12% more than private; Better pension, benefits: Fraser Institute study » du 4 avril 2013

À la rédaction,

L’étude sur les salaires dans le secteur public réalisée par l’Institut Fraser est fondamentalement viciée. Elle se base sur un seul mois (avril 2011) de données tirées de l’Enquête sur la population active, notoirement peu fiable, pour arriver à des conclusions à l’emporte-pièce sur des salaires comparés. Cette analyse ne tient même pas compte de facteurs essentiels, comme le type d’emploi, et ne dit rien sur les salaires réels.

Les aides-éducatrices qui gagnent aussi peu que 18 700 $ par année dans le secteur public pour s’occuper des enfants dans nos écoles sont-elles trop rémunérées? Qu’en est-il des employés en soins de longue durée qui touchent un salaire annuel de 22 000 $ pour prendre soin des malades et des personnes âgées? Devrait-on amputer leur salaire pour qu’il corresponde à celui versé au privé, voire faire pression à la baisse sur ces salaires pour pouvoir augmenter les primes et les profits au sommet de l’échelle?

Il est facile de manipuler le type d’analyse « de régression » qu’a utilisé l’Institut Fraser pour obtenir les résultats voulus, quels qu’ils soient. On ne peut accorder une quelconque validité, quant à la réalité, à une étude qui ne fait pas usage d’un échantillon plus gros et substantiel (comme les données du recensement) et qui ne tient pas compte des salaires réels dans des emplois similaires au public et au privé (contrairement à ce qu’a fait le SCFP dans son étude « La lutte des salaires »).

Les faits sont simples à comprendre : il existe bien un petit écart salarial, essentiellement dû à une meilleure équité salariale pour les femmes qui travaillent dans le secteur public, comparativement au privé. L’étude de l’Institut Fraser montre bien que la rémunération des hommes est de 13 pour cent supérieure à celle des femmes, mais, étrangement, l’Institut ne s’indigne pas de ce résultat.

Les plans de l’Institut Fraser et du gouvernement, pour ramener les salaires du secteur public au niveau du privé, auraient pour seuls effets de réduire les salaires dans les emplois les moins rémunérateurs, emplois principalement occupés par des femmes, et d’accroître la rémunération des hauts dirigeants. En quoi cela serait-il juste?

Les travailleurs canadiens font de plus en plus face à une inégalité des revenus. Ce problème est largement reconnu comme une menace à notre santé économique en général. Au lieu de s’en prendre à la structure salariale plus équitable du secteur public, on devrait plutôt faire pression sur le privé pour qu’il améliore son dossier en matière d’équité salariale.

Salutations distinguées,

Le président national du Syndicat canadien de la fonction publique

  

  

Paul Moist