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Allison Gifford a parlé avec le président national du SCFP, Paul Moist, à propos de la réaction du SCFP à l’actuelle crise économique.

A.G.: Ce sont 25 années de déréglementation, de privatisation et de libre-échange nous ont menés vers une récession. Malgré tout les employeurs et certains gouvernements veulent s’en prendre aux salaires des travailleurs sous prétexte que c’est là que réside une partie du problème. Comme syndicat national quelle doit être notre position ?

P.M.: Au cours de cette période, les salaires des Canadiens n’ont pratiquement pas augmentés en dollars constants. Pendant ce temps, aux États-Unis, la réglementation et la surveillance des banques et des compagnies d’assurance se sont affaiblies, ce qui a préparé le terrain en vue de l’effondrement économique qui est survenu en septembre dernier.

Cette récession n’a de toute évidence pas été causée par les augmentations de salaires.

Toutefois, nous pouvons nous attendre à ce que les gouvernements de droite utilisent la récession comme prétexte pour s’en prendre à la négociation collective, aux salaires et aux avantages sociaux. C’est pourquoi, lors de sa réunion de mars, notre Conseil exécutif national (CEN) a adopté un plan destiné à défendre notre droit à la libre négociation collective et à refuser les concessions.

Au cours de périodes comme celle que nous vivons, nous devons continuer à faire ce que nous faisons de mieux : organiser, réfléchir de façon stratégique et se battre de façon intelligente.

A.G.: Qu’est-ce que ça signifie pour les militants qui entreprennent une négociation ?

P.M.: Je crois que nous pouvons nous attendre à de difficiles négociations avec certains employeurs qui demanderont des concessions aux chapitres des salaires et des avantages sociaux. Ce n’est rien de nouveau, mais il est probable que le problème prendra de l’ampleur. Une chose est certaine, notre détermination à nous battre contre ces demandes de concessions sera mise à rude épreuve.

En conséquence, les comités de négociation devront travailler en étroite collaboration avec le personnel du SCFP qui leur est affecté. Nous devons faire preuve de discipline et être préparés à toutes les situations. Comme toujours, les communications avec les membres de la base seront très importantes – encore plus au cours de périodes comme celle que nous traversons. Enfin, nos membres doivent être assurés que peu importe qu’ils fassent partie d’un groupe de 6, de 60 ou de 600 membres, ils font d’abord partie du plus fort et du plus important syndicat du Canada et ils pourront compter sur l’appui du syndicat national dans son ensemble dès que le besoin s’en fera sentir.

A.G.: Vous avez parcouru le pays pour participer aux congrès des différentes divisions du syndicat. Les membres vous ont-ils semblés préoccupés par la crise économique ?

P.M.: La récession et ce qui arrive à nos collectivités étaient au centre des préoccupations lors de tous les congrès des divisions du SCFP.

Plusieurs membres du SCFP connaissent des amis et des membres de leur famille qui ont perdu leur emploi. De nombreux membres connaissent d’autres membres qui n’ont pas eu accès aux prestations d’assurance-emploi.

Les membres ont aussi fait part d’histoires d’employeurs qui n’ont pas hésité à soulever les enjeux de la négociation collective et de la nécessité de faire preuve de retenue.

Les gens savent que d’un point de vue économique, nous nageons en eaux troubles, mais ils sont malgré tout déterminés à faire de leur mieux au nom des gens que nous servons.

A.G.: Récemment, nous avons vu des syndicats comme les Travailleurs canadiens de l’automobile se battre pour sauver les régimes de retraite des travailleurs. La réaction du mouvement syndical à cette crise économique a-t-elle été unanime ?

P.M.: Ils ne sont pas à l’origine du gâchis dans lequel se sont retrouvés les 3 grands de l’automobile. Malgré tout, les TCA ont accepté de reconduire leurs contrats de travail en 2008, ce qui signifie essentiellement un gel des salaires de3 ans. Malgré ces concessions, ils ont tout même été visés par des attaques sans précédent et honteuses de la part de l’industrie, des médias et du gouvernement Harper.

Pourtant, notre industrie de l’automobile est parmi les plus productives au monde. De fait, si les membres des TCA ne prenaient aucun salaire en 2009, le coût de production d’une automobile ne diminuerait que de 800 $.

Je suis fier du fait que les membres du SCFP se soient tenus debout aux côtés des travailleurs du secteur privé qui étaient soumis à des attaques au Canada. J’ai marché avec des membres du syndicat des métallurgistes et des centaines de partisans du SCFP à Hamilton. À Terre-Neuve et Labrador, le SCFP s’est levé aux côtés des membres du SCEP qui avaient perdu leur emploi dans le secteur de la pâte et papier. En Colombie-Britannique, nos dirigeants se sont associés aux métallurgistes pour effectuer une tournée provinciale d’information portant sur notre vision pour bâtir des collectivités plus fortes. Et en Ontario, les militants et les dirigeants du SCFP ont été de toutes les manifestations des TCA organisées pour sauver les régimes de retraite et défendre l’industrie automobile.

Tous les efforts consentis me font dire que nos membres ont compris. Nous savons que si nous ne prenons pas part à la défense des emplois bien rémunérés du secteur privé, nous ne serons pas en mesure de conserver les collectivités fortes que nous voulons tous.

A.G.: Quelle direction souhaitez-vous que le SCFP prenne en réaction à la situation actuelle ? De quels genres de réalisations voudriez-vous être témoin ?

P.M.: Je suis satisfait du niveau et du ton du débat actuel. Je l’ai constaté lors des congrès provinciaux de ce printemps et je suis heureux que notre congrès national ait lieu cet automne à Montréal.

Il est important que nous nous rencontrions et que nous réaffirmions notre engagement envers la syndicalisation, la négociation de bonnes conventions collectives et le service aux membres que nous avons le privilège de représenter. Au-delà du SCFP, il est tout aussi important pour nous de demeurer fermes aux côtés des autres travailleurs canadiens qui sont durement touchés par la récession. De plus, comme militants du monde, nous ne pouvons laisser la récession mondiale servir de prétexte à ceux dont la véritable motivation est de priver les travailleurs du monde entier de leur droit à la libre association et à la libre négociation.

Les membres du SCFP survivront à cette récession comme ils ont survécu aux autres. Nous nous organiserons, nous unirons nos ressources et nous forgerons une alliance capable de faire progresser notre ordre du jour en matière de collectivités fortes et de services publics forts à la portée de tous les Canadiens.