Un rapport d’évaluation sur JobsNow, un projet pilote de soutien aux emplois dirigé par une entreprise à but lucratif, révèle que le partenariat public-privé n’a donné lieu à aucune valeur ajoutée, n’a pas permis d’économiser et a, dans les faits, coûté des millions de dollars.
« L’entreprise n’est pas arrivée à trouver de meilleurs emplois et beaucoup des emplois dénichés n’offraient pas le salaire de subsistance nécessaire pour aider ses clients à sortir de l’aide sociale à long terme », selon Carrie Lynn Poole, représentante du secteur municipal du Comité de coordination des travailleurs des services sociaux du SCFP-Ontario.
Mme Poole parle de West Coast Group (WCG), une entreprise basée en Colombie-Britannique à qui le gouvernement ontarien a accordé un contrat pour mener six projets pilote appelés « JobsNow » à Hamilton, Ottawa, Windsor, Nippissing, Durham et Peel.
La mission de WCG était de fournir aux participants à plus long terme du programme « Ontario au travail » des services de jumelage d’emplois et de travailleurs, d’orientation professionnelle et de suivi en emploi – autrement dit, exactement ce que fait le personnel d’Ontario au travail.
« WCG était payée au rendement, les honoraires étant un pourcentage des paiements réduits d’aide au revenu … il n’y avait pas de frais pour un placement. Le pourcentage des honoraires axés sur le rendement augmentait en fonction du temps que restait employé un participant au projet pilote. »
Après un contrat de deux ans qui a pris fin en mai 2007, et de nombreux mois de silence, une entreprise d’experts-conseils indépendante a publié son rapport d’évaluation sur JobsNow. Et celui-ci n’est pas tendre à l’égard de WCG.
« Les conclusions de l’évaluation montrent que la sous-traitance de services d’emploi à une entreprise qui reçoit de l’argent des contribuables pour trouver des emplois – n’importe quels emplois – pour des personnes assistées sociales n’est pas dans l’intérêt de la population », affirme Sid Ryan, président du SCFP-Ontario.
Le gouvernement ontarien a versé 7,6 millions de dollars à WCG pour trouver des emplois à des bénéficiaires de l’aide sociale. Pourtant, l’évaluation montre que le projet en PPP JobsNow n’était pas plus efficace que le programme Ontario au travail offert par les membres du SCFP.
« Au tout début, rappelle Carrie Lynn Poole, les membres du SCFP doutaient de la sagesse d’utiliser l’argent des contribuables pour faire offrir des services par une entreprise à but lucratif, alors que ces mêmes services étaient déjà fournis dans un contexte sans but lucratif. Pourquoi le gouvernement donnerait-il 7,6 millions de dollars d’argent public à une entreprise à but lucratif quand cet argent peut servir à offrir un service public de qualité existant? »
Voici quelques-unes des conclusions de l’évaluation :
- Les emplois trouvés par JobsNow étaient souvent à temps partiel et à faible salaire. Près de 4 participants sur 10 (37 pour cent) ont trouvé le choix d’emplois peu intéressant.
- La « structure de paiements axés sur les résultats » de JobsNow aurait pu pousser des gens à occuper des emplois pour lesquels ils étaient mal adaptés.
- Parmi ceux qui ont trouvé du travail, la majorité ont signalé que JobsNow ne les avait pas aidés à garder leur emploi. Seuls 13 pour cent des participants avaient trouvé un emploi et étaient restés dans le programme pour toute la durée des 18 mois.
- Seuls 15 pour cent des participants sondés ont trouvé un emploi qu’ils attribuaient aux services reçus de JobsNow.
Malgré ces lacunes, JobsNow a pu faire des profits sur le « placement ». Peu importe la faible possibilité que la personne assistée sociale garde son emploi, JobsNow était payée.
« Nos clients ont de nombreux obstacles à surmonter avant de trouver et de garder un emploi, explique Mme Poole. Nous gérons tout cela et nous mettons les gens en contact avec les nombreux services dont ils ont besoin. Nous soutenons les personnes et leurs familles en leur donnant accès à des services comme des garderies, des logements à coût abordable, des transports en commun, de la formation en emploi – en somme, une démarche complémentaire pour minimiser les obstacles et permettre aux gens de réussir au travail et dans la vie. »
Mme Poole craint l’arrivée prochaine d’une autre tentative à but lucratif pour presser le citron des services publics. Le gouvernement a mis en place un autre programme intitulé « Emploi Ontario », sans aucune consultation, jusqu’à maintenant du moins, avec les travailleurs de l’aide sociale des premières lignes.