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Le dirigeant de l’Association médicale canadienne a eu raison de critiquer le ministre fédéral de la Santé, Tony Clement, pour avoir escamoter les faits dans le dossier des sites d’injections sécuritaires pour les usagers de drogue.  

Mais le Dr Brian Day est tout aussi coupable d’ignorer les preuves alors que lui et son successeur continuent à faire la promotion d’une plus grande privatisation des soins de santé.

Le président sortant de l’AMC, Brian Day, était indigné lorsque Tony Clement a utilisé son exposé livré à la plus récente réunion annuelle de l’association pour remettre en question l’éthique des médecins qui appuient les sites d’injections sécuritaires pour les utilisateurs de drogues.

Dans sa réponse à Tony Clement, M. Day a dit aux médias que la position de l’AMC est basée sur des preuves scientifiques. Si seulement les dirigeants de l’AMC mettaient de l’avant des politiques et des pratiques basées sur des preuves scientifiques dans le dossier du financement et de la prestation des soins de santé.  

Mais le Dr Day et son successeur, le Dr Robert Ouellet, se livrent à une promotion agressive de la privatisation des soins de santé. Ils réclament en effet plus de prestations de services par le privé et une formule de financement qui force les hôpitaux publics à entrer en concurrence les uns avec les autres.

M. Day justifie sa volonté de recours aux partenariats public-privé, aux cliniques privées et au financement basé sur la performance par le jargon de la transformation des soins de santé et il dénonce du même souffle les défenseurs du système public de soins de santé pour leur ennuyeuse et constante propagande.

Le président nouvellement élu, Robert Ouellet, a clairement fait savoir que le flambeau de la privatisation était déjà passé des mains du Dr. Day aux siennes. Il a dit aux médias : « il est temps que le Canada accepte la réalité de la prestation privée à but lucratif des soins de santé ».

M. Ouellet gère un réseau de cliniques privées de diagnostic de la région de Montréal, un réseau qui comprend la première clinique privée de diagnostic du pays, une clinique ouverte en 1987. Il n’est guère surprenant que pendant son mandat à la tête de l’Association médicale québécoise, il a fait la promotion des soins privés.

Les dirigeants de l’AMC font aussi la promotion du financement centré sur le client, une formule qui pave la voie à la commercialisation et à la concurrence. La formule de financement aussi connue sous les noms de paiement par résultats, financement par activité et financement basé sur le volume n’est qu’une ruse des tenants de la privatisation. Dans la plupart des pays où la formule a été implantée, comme c’est le cas au Canada, elle vient avec la concurrence et la commercialisation et force les hôpitaux à se faire concurrence pour obtenir des patients et l’argent public qu’ils apportent avec eux.  

La présidente fondatrice de Canadian Doctors for Medicare (Médecins québécois pour le régime public) la Dr Danielle Martin affirme que cette formule signifiera une baisse de la qualité, une diminution de l’accessibilité et une augmentation des coûts, particulièrement là où elle est liée à une progression des prestations privées à but lucratif. Mme. Martin et d’autres médecins ont pris la parole avant la réunion de l’AMC afin de dénoncer l’ordonnance de privatisation émise par l’association.

Des médecins britanniques ont aussi de sérieuses réserves face à la rémunération au rendement qui est en pratique dans leur pays. En Angleterre, la rémunération au rendement a fait grimper les coûts de l’administration et les coûts généraux et a fait augmenter le nombre d’admissions dans les hôpitaux. L’Association médicale britannique a déclaré que la rémunération au rendement mène à la fragmentation des soins en unités vendables avec lesquelles il est possible de faire des profits.

Lors de sa récente réunion annuelle, le président de l’AMB, le Dr Hamish Meldrum, a demandé au gouvernement travailliste de mettre un terme au marché des soins de santé. « Cessons de prétendre que guérir les personnes malades est la même chose que n’importe quel autre type de commerce. Cessons de détourner les énergies des médecins dans des guerres de soumissions pour un travail qu’ils effectuent déjà », a dit M. Meldrum qui participait à la rencontre de l’AMC.  

La position de l’AMB est appuyée par une étude récente qui conclut que les patients ne sont pas mieux servis dans un système national de soins de santé aux prises avec la concurrence.

La session stratégique de l’AMC sur la transformation du système de santé était animée par Claude Castonguay, l’auteur d’un rapport qui recommandait une privatisation généralisée du système québécois de soins de santé.

Mais l’AMC ne parle pas au nom de tous les médecins. De fait, ils sont nombreux à souhaiter la protection et l’expansion de notre système de soins et à rejeter explicitement les efforts de privatisation de l’AMC.

À la veille de la réunion de l’AMC, Canadian Doctors for Medicare et son pendant québécois, Médecins québécois pour le régime public, ont rendu publique une déclaration signée par d’éminents médecins.

La déclaration affirme qu’un accroissement des soins financés et assurés par le privé constitue un traitement mortel basé sur un diagnostic erroné et elle réfute le mythe selon lequel le système public de soins de santé n’est pas viable.  

Avec une élection fédérale qui se pointe à l’horizon et l’inaction complète du gouvernement conservateur dans ce dossier (et des libéraux avant eux) lorsqu’il s’agit de faire appliquer la Loi canadienne sur la santé, le SCFP entend poursuivre la mobilisation de ses membres et continuer à travailler avec ses partenaires de la coalition à stopper la progression de la privatisation des soins de santé.