Message d'avertissement

Attention : cette page est tirée de nos archives. Il se pourrait que notre site Internet contienne des informations plus récentes sur ce sujet. Pour le savoir, utilisez notre moteur de recherche.

Le Journal de Québec est une filiale de la Corporation Sun Media, elle-même filiale de Quebecor. Le journal est extrêmement rentable, avec des profits annuels de 25 millions $ en 2006; ses ventes publicitaires sont en hausse continuelle depuis 10 ans. Les syndiqués avaient accepté de prolonger d’un an la convention échue le 31 décembre 2005 pour mieux affronter la concurrence du Soleil, qui passait au format tabloïd. Dans les 6 mois qui ont précédé le lock-out, il a connu une croissance de 2,5 %, la plus forte de tous les quotidiens au Canada. Avant le conflit, son tirage était de 104 000 exemplaires en semaine et de 127 000 le samedi, ce qui en faisait le premier quotidien de la Capitale nationale. Les 280 salariés sont représentés par 4 sections locales du SCFP-FTQ (bureau, imprimerie, rédaction et représentants publicitaires). En 40 ans d’histoire du Journal, pas une seule journée n’avait été perdue dans un conflit de travail.

2006

Fin septembre :
La direction du Journal embauche 14 cadres quelques jours avant la date limite pour qu’ils ne soient pas considérés comme scabs advenant un conflit.

 

1er décembre :
Première rencontre de négociation; l’employeur dépose ses demandes aux 4 syndicats du Journal. Elles comportent l’ajout de tâches aux journalistes comme la prise de photos et d’extraits sonores ainsi que le tournage d’images; le droit pour la direction de reprendre le contenu du Journal dans tous les médias de Quebecor (la fameuse « autoroute à 10 voies »); le droit de copier-coller des pages complètes du Journal de Montréal dans le Journal de Québec. Du côté des employés de bureau, l’employeur veut éliminer plusieurs postes en facilitant la sous-traitance et en transférant le service des petites annonces à Kanata, en Ontario. Du côté de l’imprimerie, il veut éliminer des postes en transférant des tâches vers la rédaction, en plus, dans certains cas, d’imposer des conditions de travail de beaucoup inférieures.

11 et 12 décembre :
L’employeur rencontre séparément chacun des 4 syndicats et précise ses demandes.

14 décembre :
Le quotidien La Presse rend compte d’un courriel d’Anne-Marie Cadieux, responsable du contenu rédactionnel des hebdos du groupe Quebecor. Daté du 17 novembre, ce courriel secret vise à recruter des chefs de pupitre qui iront à Toronto produire Le Journal de Québec une fois le conflit déclenché.

15 décembre :
Sécurité Kolossal publie une annonce dans le Journal afin de recruter 200 agents de sécurité « pour conflit de travail » (sic)!

31 décembre :
Expiration du contrat de travail de tous les syndiqués du Journal.

2007

Début janvier :
Une salle de presse fantôme est aménagée au 3e étage de l’édifice du Toronto Sun, à Toronto.

 

23 janvier :
Cinq employés affectés à l’informatique sont suspendus pour des motifs vagues. Le lendemain, la partie patronale ajoute à ses demandes la sous-traitance complète du service informatique. Depuis, ces suspensions sont devenues des congédiements, contestés par griefs.

24 février :
Les offres patronales sont refusées à 98 % par le personnel de bureau, à 99 % par celui de l’imprimerie et à l’unanimité par celui de la rédaction. Les représentants aux ventes acceptent la proposition de convention collective par une faible majorité, 54,5 %.

16 mars :
Dépôt par les 3 sections locales d’une contre-offre globale. L’employeur n’y donne pas suite/n’y répond pas.

12 avril :
Sécurité Kolossal poste des agents devant l’édifice du Journal.

Dimanche 22 avril 2007 :
Aux petites heures, des barrières antiémeute sont déployées devant l’édifice du Journal.

À 9 h, Corporation Sun Media décrète un lock-out à l’encontre du personnel de bureau et de la rédaction. Aucun des syndicats n’avait même demandé un mandat de grève à ses membres.

En fin d’après-midi : le personnel de l’imprimerie réplique en votant la grève à 97 %.

24 avril 2007 :
Le personnel en lock-out et en grève du Journal de Québec prend la direction par surprise et riposte avec un moyen de pression original et sympathique : lancement de MédiaMatin Québec, quotidien gratuit de 24 pages tiré à 40 000 exemplaires et publié du lundi au vendredi. Il est distribué aux intersections les plus passantes. Alors que le Journal version scab est imprimé à Mirabel, produit à Toronto et que ses petites annonces sont faites dans la région d’Ottawa, MédiaMatin prend le relais comme média véritablement local. La « montréalisation » des médias et l’érosion de l’information locale et régionale sont justement des sujets chauds pour la population de Québec.

26 avril :
La Cour supérieure du Québec rejette une demande d’injonction provisoire de Quebecor, qui voulait forcer nos membres à cesser la publication de MédiaMatin Québec.

10 mai :
Après audition sur le fond, la demande d’injonction de Quebecor est écartée par la Cour supérieure. C’est donc un feu vert pour poursuivre la publication de MédiaMatin Québec.

22 mai :
Jack Layton, chef du NPD, et Thomas Mulcair, son candidat-vedette au Québec, viennent appuyer nos consœurs et confrères et distribuent MédiaMatin dans les rues de Québec. Avant eux, Peter Murdoch, vice-président du SCEP, est venu faire de même le 18 mai, tout comme Henri Massé, président de la FTQ, le 9 mai.

29 mai :
En réunion à Montréal, les membres du Conseil général de la FTQ votent un appui unanime à nos consœurs et confrères.

Distribution du millionième exemplaire de MédiaMatin Québec.

4 juin :
Les représentants des trois syndicats transmettent verbalement une proposition à la partie patronale par le biais du conciliateur.

6 juin :
Nos consœurs et confrères dénoncent des affirmations mensongères de la direction. Le samedi 19 mai, le Journal de Québec se vante : « Journal record : 224 pages ». Le samedi 2 juin, c’est : « Journal record : 232 pages ». Vérification faite, le véritable record est de 252 pages, établi le 4 février 2006, bien avant le conflit!

7 juin :
Autre revers de Quebecor en Cour supérieure. Cette fois, elle demandait une injonction provisoire pour interdire aux syndiqués de déployer une bannière reprenant le logo du Journal de Québec, auquel étaient ajoutées les mentions « En kiosque », « Made in Toronto » et « Imprimé à Mirabel ». La bannière a été déployée sur une roulotte dans le stationnement du bureau de Québec du SCFP.

14 juin :
Claude Généreux, secrétaire-trésorier national du SCFP, vient encourager les employés en grève et en lock-out du Journal; il se fait camelot de MédiaMatin Québec.

15 juin :
Audition sur le fond en Cour supérieure dans l’affaire de la bannière. La juge accède à la demande de Quebecor, non que le message soit diffamatoire ou haineux, mais la reproduction du logo du Journal de Québec contreviendrait à la Loi sur les droits d’auteur. Deux heures plus tard, la bannière est retirée.

18 juin :
Nos syndiqués appellent au boycott d’un jour du Journal de Québec le 21 juin. Le but est de forcer la partie patronale à reprendre les négociations, rompues depuis avril malgré les demandes répétées de reprise de la partie syndicale. Quebecor reste toujours campé sur ses positions, malgré d’importantes ouvertures de la part des syndicats.

19 juin :
Karine Gagnon, journaliste au Journal de Québec, comparaît devant la Commission des relations de travail du Québec. C’est que la Société immobilière du Québec veut connaître les sources d’un article qu’elle a rédigé en novembre 2006 et qui faisait état de problèmes d’amiante dans certains édifices gouvernementaux. Utilisant le prétexte mesquin du lock-out, la direction du Journal refuse de prendre part à sa défense; c’est le SCFP et sa section locale qui ont dû lui mandater un avocat!

21 juin :
Succès du boycott d’un jour du Journal de Québec : l’histoire fait le tour des médias de la Vieille Capitale dès les petites heures du matin. Les 45 000 exemplaires du MédiaMatin du jour s’envolent comme des petits pains chauds.

Semaine du 25 juin :
Le Syndicat des travailleurs de l’information du Journal de Montréal lance le projet « Parrainons un lockouté ou un gréviste » pour soutenir financièrement et moralement nos consœurs et confrères mis à la rue par Quebecor en avril : sympathique échange de photos, aide financière, visites…

28 juin :
Les 600 délégués au congrès général de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) nous expriment chaleureusement leur appui et lancent une campagne de souscription pour les 252 membres des 3 syndicats SCFP-FTQ en conflit de travail.

2 juillet :
Le Journal de Québec annonce erronément la mort de l’homme de hockey John Ferguson. Nos artisans sont en colère de voir que par sa négligence et sa mauvaise volonté dans le conflit, Quebecor sape la réputation et la crédibilité du Journal.

5 juillet :
Après 11 semaines de conflit, distribution du deux millionième exemplaire de MédiaMatin Québec. Même s’ils sont fiers de leur accomplissement, nos consœurs et confrères auraient préféré voir Quebecor revenir à la raison et mettre fin au lock-out.

6 juillet :
Convoquées par le conciliateur, les deux parties se réunissent. Quebecor affirme ne pas avoir été tenue de répondre à la proposition du 4 juin puisque celle-ci n’a pas été déposée par écrit. Les 3 syndicats proposent à nouveau la reprise des négociations, et à nouveau, Quebecor quitte la table sans même daigner répondre.

11 juillet :
En matinée, les 252 employés en grève et en lock-out du Journal défilent dans les rues de Québec, arborant fièrement leur nouvelle bannière. Elle montre le logo du Journal en version dégonflée et amochée, question d’illustrer l’état piteux du quotidien depuis qu’il est préparé en grande partie à Toronto et Kanata, et imprimé à Mirabel.

La CSQ annonce avoir recueilli plus de 25 000$ pour les travailleurs en conflit de MédiaMatin Québec lors de son congrès de la fin juin.

En après-midi, la Sûreté du Québec débarque aux bureaux du Journal. Elle a ouvert une enquête criminelle sur la divulgation de l’identité d’une victime d’agression sexuelle par le Journal malgré une interdiction du tribunal. L’article en cause a été publié le 6 juillet; le nom de la victime a aussi été publié sur le site Canoë du 5 juillet en soirée jusqu’au 6 juillet en avant-midi. C’est la victime elle-même, profondément bouleversée de voir son nom divulgué, qui a porté plainte par l’entremise de la Couronne.

Une fois de plus, les artisans du Journal craignent pour sa réputation, qu’ils ont mis 40 ans à bâtir.

17 juillet :
Le syndicat des Métallos (FTQ) prête 700 000 dollars aux employés du Journal en grève et en lock-out. Cela s’ajoute aux quelque 200 000$ amassés au cours des dernières semaines. « Comme on dit, on est équipés pour veiller tard. L’employeur ne nous aura pas à l’usure. Le plus sage serait donc de reprendre les négociations », de lancer Denis Bolduc, président du syndicat des journalistes.

:sepb491